VÀSQUEZ Juan Gabriel
LE BRUIT DES CHOSES QUI TOMBENT, roman, Seuil, littérature étrangère, 2012, 292 pages
Un titre envoûtant pour un roman troublant autant par son contenu que par le style de l'auteur. Une histoire dont la réalité dépasse une fois de plus la fiction.
À Bogota en Colombie: deux amis de passage, deux destinés liées davantage par le futur que par leur présent anondin.
Antonio Yammara rencontre un aviateur, Ricardo Laverde et établit une relation d'amitié avec lui par des rencontres occasionnelles en partageant avec celui-ci une activité de loisir commune, le billard.
Antonio ne se doutait pas qu'après l'élimination de celui-ci par la mafia pour contrebande de drogue en Colombie, il serait contacté par la fille de ce dernier afin de connaître davantage, en profondeur la vie de son père qu'elle a peine connu car son père à quitté sa mère à l'âge de cinq ans et sa mère est décédée de façon dramatique lors d'un accident d'avion alors qu'elle se préparait à rencontrer son mari .
Un roman qui nous entraîne dans une réalité qui nous est inconnue mais qui nous touche par son réalisme, son drame humain provoqué par la pauvreté, la recherche du confort et d'un bonheur inaccessible.
Un auteur à découvrir, un roman à explorer, une réalité à assumer. Qui a dit que la vie était facile dans un pays chaud et chaleureux !
" Je pense que nous sommes mauvais juges du moment présent, sans doute parce que, en réalité, le présent n'existe pas: tout est mémoire, la phrase que je viens d'écrire est déjà un souvenir." " ...il n'y a plus moyen de redevenir celui qu'on était." " ...ce qui compte, c'est ce qui se passe maintenant." p. 25
" Maya m'avait appris tout ce que les papiers ne révélaient pas ou, pour le dire autrement, elle les avait ordonnés de manière à leur donner un sens, à remplir certains vides grâce aux histoires qu'elle tenait de sa mère et que celle-ci avait parfois inventées." Mon père est une invention de ma mère...un roman en chair et en os, écrit par ses soins. Elle l'a fait pour moi, bien sûr." Vous voulez dire que vous ne connaissiez pas la vérité, qu' Elaine ne vous avait rien dit ? p. 242
"Ricardo s'était perdu dans le ciel, cela arrivait parfois aux pilotes, car le ciel est immense, la mer aussi, et un avion , une toute petite chose." p. 246
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livesentette.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
Résumé :
" À quarante ans, Antonio Yammara dresse le bilan de sa vie et revient sur sa relation, brève mais lourde de conséquences, avec Ricardo Laverde, un homme laconique et secret qu’il a autrefois fréquenté dans une salle de billard du centre de Bogota. Un soir alors qu’ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio. Traumatisé, ce dernier voit son rapport au monde se détériorer chaque jour davantage malgré l’amour qu’il porte aux siens. Deux ans après l’attentat, il reçoit un appel téléphonique d’une femme qui dit s’appeler Maya et être la fille de Laverde. Comprenant alors que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse il doit affronter l’énigme de Laverde et de sa mort, il va trouver Maya. Ensemble, ils remontent le fil du passé et de la mémoire, jusqu’aux années 1970 où l’un et l’autre ont grandi dans l’ombre du commerce mortifère de la drogue et la violence des cartels qui ont mené la Colombie au bord de l’abîme.
La prose lumineuse et sereine de Juan Gabriel Vásquez aborde le problème des traces laissées par l’Histoire dans la psyché d’une génération contrainte de payer pour les crimes de celle qui l’a précédée." L'éditeur
" Un grand plaisir de lecture pour un roman tout en nuance.
Le récit se situe en Colombie et fait revivre le passé d'enfants dont les parents on été mêlés au trafic de drogue.
Ce n'est pas un roman style reportage qui permet d'apprendre tout sur le quartel de Medellin ou la personnalité d'Escobar, mais à travers les questions que se pose le personnage principal on comprend peu à peu les différents drames de ce pays.
Antonio Yammara rencontre un homme qui a fait 20 ans de prison, celui-ci est victime d'un attentat au cours duquel il est lui-même grièvement blessé.
Sa vie en est totalement bouleversée et, pour s'en sortir, il veut comprendre qui était Ricardo Laverde.
Cette quête permettra à l'écrivain de nous décrire les années sombres de Colombie .
J ai apprécié toutes les réflexions sur la mémoire et les souvenirs.
La frontière entre le bien et le mal est assez difficile à tracer , à la fin du roman on ne sait toujours pas qui était vraiment Ricardo Laverde ni pourquoi exactement, il a été tué . Au fil des pages on se trouve pris dans une ambiance assez lourde et triste que je pense assez proche de la la réalité.
Le titre est très bien trouvé et à lui seul résume le roman,mais je vous laisse découvrir pourquoi.
Plusieurs fois je me suis dit que si j'avais vécu sur place , je n 'aurais pas mieux compris les différents enjeux de ce pays que les personnages du roman." www.babelio.com