Jérôme GARCIN
BLEUS HORIZONS, roman, Gallimard, 2013, 213 pages
Roman intéressant, écriture raffinée et profonde, sujet d'une amitié lors de la Première Guerre Mondiale. Deux jeunes soldats deviennent amis au début de la guerre de 1914-18. L'un, Jean, est impétueux, emballé, complètement dévoué à son rôle de soldat. L'autre , Louis, est davantage réservé mais heureux de vivre cette amitié même dans des condition difficiles. Jean est écrivain et poète complètement dévoué à son art. Louis est fort impressionné par le dynamisme de son ami et établit un fort lien d'amitié avec Jean.
Après la mort précoce de Jean, Louis tente de faire connaître le talent et l'oeuvre de son ami. Une amitié solide à découvrir dévouée à la reconnaissance de l'oeuvre et du talent d'un jeune ami écrivain. Une amitié inconditionnelle exclusive.
" Allons! Faisons les fous, car c'est notre sagesse." L'horizon chimérique
" Je relus d'une traite LES DEMANDES de Jean Dézart. Mais un adieu sec, chuchoté, dépourvu de tout romantisme" p. 119
" Le plus terrible, voyez-vous, c'était, ajoutée aux effluves d'acide carbonique et de souffre, l'odeur putride des cadavres. Celles des hommes et des chevaux. LA GUERRE PUAIT." p. 21
"On nous ordonne d'assister ... à l'exécution martiale d'un soldat qui avait tenté de déserter....le rouge des rideaux est celui du sang."
"Il nous appartient pas de pleurer. Nous devons tous rester gais et confiants."
"Très tôt, Jean chercha par quelles voies seccrètes échapper à son milieu, à sa famille. à son confort et à son bonheur précaire..." p.137
"Maman, je voudrais mourir avant toi." p. 140
" Un poète, voyez-vous c'est un enfant éternel." p. 170
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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Pour en savoir davantage:
" Jean de La Ville de Mirmont est mort à 27 ans, en laissant derrière lui un roman et un recueil de poèmes posthume. Jérome Garcin le fait revivre à travers un roman qui explore la douleur d'un camarade de tranchée fictif. "
"Il rêvait de faire le tour du monde puis de devenir un grand écrivain; il fut rédacteur à la préfecture de Paris puis mourut, tué à l'ennemi en novembre 1914, à l'âge de 27 ans. Jean de La Ville de Mirmont est resté à quai. Son unique et mince roman, Les Dimanches de Jean Dézert, publié à compte d'auteur, se vendit à une vingtaine d'exemplaires et ses poèmes de jeunesse -magnifiques- ne furent réunis qu'après sa mort. "Allons! Faisons les fous, car c'est notre sagesse", lit-on dans ce recueil hélas méconnu, L'Horizon chimérique. Jérôme Garcin fait revivre
La Ville de Mirmont à travers un roman qui explore la douleur du jumeau survivant. C'est son camarade de tranchée fictif, Louis Gémon, qui évoque le poète disparu. Gémon, le vrai faux jumeau, mutilé de la Grande Guerre, sacrifie sa carrière et ses amours pour faire exister La Ville de Mirmont. On retrouve là l'une des obsessions de Jérôme Garcin, comme une ligne d'horizon qui se dérobe à la vue du cavalier, quand bien même il lancerait sa monture au grand galop.
"Car j'ai de grands départs inassouvis en moi", écrivait le jeune poète avant de marcher vers le front. Né à Bordeaux, la même année qu'Alain-Fournier, Jean de La Ville de Mirmont arpentait les quais et regardait partir les steamers. Il appartient à cette génération de jeunes gens qui voulaient être Rimbaud en Abyssinie mais qui, à 20 ans, étaient déjà rentrés dans le rang. Sa myopie lui interdit les voyages au bout du monde. Le voici à Paris, gratte-papier à la préfecture. Le soir, il rentre sur son île (l'île Saint-Louis), retrouve le singe qu'il a acheté quai de la Mégisserie et qui ne passera pas l'hiver, écrit des poèmes dans lesquels il brocarde les honnêtes gens, les prudents, les hommes de loi...
Revanche de l'écrivain sur le rond-de-cuir!
Son désenchantement se traduit par une forme de cynisme qui le rend banal: "Je me méfiais de ma tendresse naturelle, j'avais peur qu'on me juge trop candide, trop sentimental. Je croyais que, pour mériter le titre d'écrivain, il convient d'être un peu méprisant et cassant", confie-t-il dans la tranchée à son ami Gémon. On comprend qu'un tel destin fascine Jérôme Garcin, journaliste implacable et écrivain sensible. Nous ne saurons jamais quel homme aurait pu devenir La Ville de Mirmont. Il est enseveli par un obus le 28 novembre 1914. Garcin rappelle les mots de Mauriac, dans la préface qu'il offrit aux Dimanches de Jean Dézert: "La mort détruit, mais la vie dégrade." Qui dit mieux ? " www.lexpress.fr