Jean TEULÉ
FLEUR DE TONNERRE, roman, Julliard, 2013, 282 pages
Roman réussi et impressionnant de Jean TEULÉ. Une écriture fluide, pathétique, précise. L'écriture est directe, sans état d'âme superflu, sans émotion spontanée, sans règles sociales, sans morale religieuse.
Ce qui pourrait nous sembler être une légende bretonne de 1804 est de fait une cause célèbre de l'empoisonneuse bretonne Hélène JÉGADO.
L'auteur décrit un personnage du passé insaisissable, phénoménal, dénué de morale avec une véritable carrière criminelle.
Chaque fois, après un méfait, elle quitte spontanément sa victime: elle part rapidement pour une autre ville, ne revient jamais au même endroit.
Tout drame humain prend souvent sa source dans une expérience vécue de vie personnelle, de son passé, de son enfance: un être témoin d'un drame.
Un roman de grands frissons. Nul n'y verse une larme. Drame ou rituel ?
" Les religions se succèdent en se pénétrant. La nouvelle prend le dessus en avalant l'ancienne qu'elle digère avec le temps."
" Malheur à ceux qui ouvriront leur porte à sa carrière de mort."
" Malgré son état trébuchant, bissac sur l'épaule, elle va au crime d'un pas résolu tout en chialant son chagrin d'amour"
" Elle, tout le jour, pudeur, calme, respect, silence et vigilance, fait avec simplicité son humble devoir de pauvre âme à tout faire mais la nuit ..."
"Un mauvais ange t'a mise sur mon chemin. À quelle force irrésistible aura-t-elle cédée?"
" Fleur de tonnerrre apaise ses sourcils crispés, lui ferme les yeux du souvenir."
" Mon ouvrage est fait. Je crains d'être accusée par la rumeur publique de ces cadavres. Partout où je vais, la mort me suit."
" En général, je suis surtout exposée à me dégoûter de moi-même. Les cadavres marquent ma route. J'ai si peu de goût pour le monde vivant. "
"Elle tue qui elle croise. C'est un fléau. Elle est insaisissable."
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE: résumé
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Hélène Jégado a tué des dizaines de ses contemporains sans aucune raison apparente.
Quels secrets renfermait cette tête qui, le 26 février 1852, sur le Champ de mars de Rennes, roula dans la corbeille de la guillotine ?
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C'était au temps ou l'esprit des Lumières et le catéchisme n'avaient pas soumis l'imaginaire populaire aux lois de la raison et du Dieu unique. Partout en Bretagne, dans les forêts et les landes, sur les dunes fouettées par les vents fous de l'Atlantique, couraient les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait inlassablement les manigances des êtres surnaturels qu'on savait responsables de la misère et des maux qui frappaient sans relâche. De tous, l'Ankou, l'ouvrier de la mort, était le plus craint, et c'est cette terrible image qui frappa avec une violence inouïe l'esprit de la petite Hélène Jégado. Blottie contre le granit glacé des gigantesques menhirs, l'enfant minuscule se persuada qu'elle était l'incarnation de l'Ankou. Elle devait donc tuer tous ceux qui se trouveraient sur sa route et remplit sa mission avec une détermination et un sang-froid qui glacent le sang. Après avoir empoisonné sa propre mère qui l'avait surnommée « Fleur de tonnerre », elle sillonna la Bretagne, éliminant sans la moindre hésitation tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette cuisinière si parfaite. Elle tuait tout le monde, hommes, femmes, enfants, vieillards et nourrissons. Elle empoisonnait dans les maisons, dans les presbytères, dans les couvents, dans les bordels. Et elle était si bonne, si compatissante aux chevets des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. Au contraire, on plaignait cette personne si dévouée que la malchance conduisait toujours dans des familles victimes de la guigne. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre, le jour ou elle s'attaqua à un ancien juge, expert en affaires criminelles. Hélène Jégado reste la plus grande « serial killer » de France et, sans doute, du monde entier.
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