DELISLE Michael
LE FEU DE MON PÈRE, récit, Boréal, 2014, 122 pages
Récit touchant de l'auteur, poète et écrivain qui a vécu une enfance terrible, traumatisante auprès de parents atypiques: une mère alcoolique, déséquilibrée et insouciante du bien-être de ses enfants, un père autoritaire, violent ayant une carrière de malfaiteur. Le feu ici représente une arme et non un sentiment d'amour paternel.
" Je ne me souviens pas du soir de l'hiver 1959 quand mon père a visé ma mère avec son feu, mais les relations successives de cette scène ont figé l'événement en icône et je m'y réfère désormais pour repenser ma place entre les deux.
Un corridor obscur.
À l'ouest, mon père armé.
À l'est, ma mère éméchée.
Nu, je la protège du canon paternel. Elle m'offre en sacrifice. Il est sur le point de nous tuer tous les deux. Il a le tempérament pour le faire. Soudain, un éclair déchire tout. C'est l'intervention divine, le revirement de dernière seconde.
Ou était-ce seulement la violence de mon cri? J'ai pris ma place et le crime n'a pas eu lieu.
J'ai tant annoté la question du père que j'étouffe sous le poids des pages. Je vois tous les aspects, je les repasse et j'arrive au point où je ne peux plus bouger. On ne traverse pas quand tous les signaux s'allument en même temps. Si j'avance, c'est parce que, dans un élan de colère , j restreins ma vision à un seul plan. Je prélève un point et le place plus haut que les autres. "
Un RÉCIT écrit dans un style spontané, éclatant, illuminé qui nous émeut, nous donne la chair de poule, un récit de grands frissons et d'émotions manifestes.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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Pour en savoir davantage:
" Quand Michael Delisle était enfant, ses « oncles », c’est-à-dire les amis de son père, ne disaient pas « arme » mais morceau ou de façon plus métonymique,feu. « J’avais mis mon feu dans le coffre à gant. » « Il s’est débarrassé de son feu. » « Oublie pas ton feu. » Dans ce poignant récit, le poète se remémore son père, le bandit devenu chrétien charismatique, l’homme violent qui ne parlait plus que de Jésus, l’homme détesté qu’on ne peut faire autrement qu’aimer, en dépit de tout.
La question qui revient éternellement est celle-ci : où va le feu ?
Et la question me revient au chevet de mon père. Je passe mon doigt sur son vieux tatouage de marin (une ancre avec les lettres MN pour merchant navy) qui n’est plus qu’une pastille noire et floue. Ces cellules sont aussi les miennes. Je reconnais la parenté organique et l’odeur qui monte de son corps : un parfum de vieux drap gorgé de phéromones. Cet encens sébacé est mon seul lien avec cet homme, le seul que je reconnaisse."
Cet animal m’a donné la vie.
Michael Delisle est poète, romancier et nouvelliste. Il est lauréat du prix Émile-Nelligan (Fontainebleau, 1987) et du prix Adrienne-Choquette (Le sort de Fille, 2005).
Ce que la presse en dit
« Un livre sombre, mais beau et grand. [..] Il y a là une grande et infinie douleur, des phrases évocatrices. J’ai été profondément touchée par ce livre-là. »
Patricia Powers - Chez nous le matin / Radio-Canada
« Avec son écriture percutante, le poète, romancier et nouvelliste parle de son père et de la relation amour-haine qu'il a entretenue avec lui. »
Josée Lapointe - La Presse
« Un écrivain remarquable. C’est magnifique. »
Marie-Louise Arseneault - Plus on est de fous plus on lit / Radio-Canada
« Voici une œuvre à marquer d’une croix, un ouvrage clé. Certainement un livre unique… »
Danielle Laurin, Le Devoir