WHITE Kenneth
LA ROUTE BLEUE ,récit, Grasset, 1983, 218 pages
Quelle belle surprise que d'avoir trouvé ce récit d'un voyageur étranger venu explorer le Nord-Est du Québec jusqu'au Labrador en 1983 !
Ce voyageur venu de France et grand explorateur à la quête d'un endroit presque inexploré, vierge ou sauvage, a choisi d'explorer le Nord-Est du Québec à la recherche d'une région avec une âme authentique habitée par un peuple avec des racines, un mode de vie en harmonie avec la nature, sa faune, sa géographie.
Cet explorateur fait l'éloge d'une nature admirable, grandiose: une nature à contempler, à s'imprégner, à faire sienne en méditant sur sa beauté, sa réalité, sa population d'origine.
Son but est d'entreprendre un voyage qui le mènera jusqu'au Labrador qui est une région nordique rude, austère habitée par des Amérindiens, des Innus, des Esquimaux-Inuits, des travailleurs pour des compagnières forestières et minières multi nationales attirées et surtout intéressées par ses ressources naturelles.
Ken White rencontre des autochtones dans les régions de Mingan, du Lac-Saint-Jean, du Saguenay, Havre-Saint-Pierre, de Sept-Iles, de Schefferville, Ungava, Labrador et bien d'autres. Il sait que les premiers Européens qui se présentèrent au Labrodor furent les Vikings venus du Groenland puis les farouches baleiniers Basques de Bayonne suivi par les Bretons. Ces explorations ont commencé en l'an mil et se sont intensifiées aux seizième et dix-septième siècles.
Un récit INITIATIQUE qui nous met en communion avec une nature vierge presque inacccesible aux dimensions transcendantes.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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Pour en savoir davantage:
" Dans La Route Bleue, récit de voyage, journal de bord, livre d’une aventure intérieure, le Labrador existe d’abord dans le souvenir de Kenneth White, par les images d’un livre d’enfance. Puis, et peut-être depuis toujours : l’envie d’aller voir.
« C’est un endroit, non ? Et si c’est un endroit, ça veut dire qu’on peut y aller, il me semble. » Soit. Partons.
« Je quitte la ville de Québec. Route 175 Nord. J’aime cette pure notation mathématique placée entre deux mots lourds de sens. Le calculable et l’incalculable. » Partons pour découvrir qu’ici comme ailleurs, la civilisation, avec ses Livres et ses codes, est capable de changer le nom d’un lac. Peut-être ce lac avait-il été nommé le lac des Vagues bleues par des gens qui le connaissaient bien. Et puis des missionnaires sont passés par là. Le lac est devenu le lac Saint Jean. « Rien à voir avec la réalité perçue dans toute sa beauté. »
Les missionnaires ont toujours été les ennemis des nomades, rappelle K. White. Qui poursuit sa route avec ses compagnons fantômes : Coleridge, Thoreau, Melville, Bashô, Jacques Cartier et les explorateurs du XVIème siècle. Avec également les indiens et ceux qui se donnent le nom algonkin d’Innut, les êtres humains.
Kenneth White s’immerge facilement dans la vie locale. Il rencontre beaucoup de gens, discute, est invité à un mariage. Autant d’occasions de comparer les écarts entre civilisations, et les ravages de la modernité : « Chaque fois qu’un espace vide se présente quelque part, au lieu d’y voir une occasion d’approfondir notre sens de la vie, nous nous empressons de le remplir de bruit, de jouet, de culture. » Et de décrire aussi « le soleil blanc du Labrador qui brille maintenant à travers les nuages gris. »
Et la route bleue. Mais qu’est-ce qu’une route bleue ? Pour Kenneth White, c’est le bleu du grand ciel, le bleu du fleuve (le Saint Laurent), le bleu de la glace. Les silences bleus du Labrador. Mais « la route bleue, c’est peut-être tout simplement le chemin du possible. » Aller aussi loin que possible, « jusqu’au bout de soi-même, jusqu’à un territoire où le temps se convertit en espace, où les choses apparaissent dans toute leur nudité et où le vent souffle, anonyme. »
De toute façon un seul adage : « quand tu arrives au bout de la route, continue à marcher. » Pour « s’ouvrir à l’univers », pour « écouter le monde. » Un vrai livre de voyage, une vraie littérature du dehors."
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