OLMI Véronique
LA NUIT EN VÉRITÉ, roman, Albin Michel. 2013, 308 pages
Roman traînant mais intense, d'une écriture fébrile adaptée au sujet. Une analyse sociologique d'un adolescent de douze ans avec un nom prédestiné à la moquerie, Enzo Popov, fils d'une jeune femme de dix-sept ans d'origine Russe, de père inconnu.
Comment résister, survivre en FRANCE, à Paris avec un nom qui se prête facilement à la raillerie surtout quand en plus Enzo vivait avec un surpoids malgré son jeune âge.
Un rejet naturel. Insécurité, moquerie, mère bonne chez un couple français bourgeois bien nanti. Tout en faisait des marginaux sociaux dans un pays de liberté, d'égalité, de fraternité.
Une mère qui vit dans une dimension de survie quotidienne, un ado harassé, brisé, opprimé, excédé par les moqueries et surtout les agressions des étudiants de son collège. Un roman émouvant par son sujet, l'isolement forcé d'humains hors normes. Un roman et une auteure à découvrir pour la qualité de sa vison sociale et son écriture.
Un roman magnifique, touchant par son réalisme, son actualité mondiale, planétaire.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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" ... tout le monde se contente de ce que tu peux donner, la vie est un grand troc."
" C'était son combat à lui."
" ...ce n'était pas le noir qui était chic, c'était l'indifférence."
" Une salle de classe dans laquelle il y avait trop de monde et pas assez de passion, trop d'ennui et aucune joie. C'était le pays de l'apprentissage et de la bêtise, avec ses satisfactions de groupe, avec ses convictions faciles, ses amitées de caste...car la marge était le lieu effrayant entre tous, le lieu redouté et banni de la différence."
" Il était plongé au coeur d'un désarroi dont il ne s'était jamais affranchi et il voulait crier à l'aide."
" C'était de ça qu'il avait peur: du silence de sa mère, du grand mystère qu'elle trimbalait et dont il faisait partie."
" ,,,il voulait des souvenirs, des explications et des photos, il voulait le roman d'une famille."
Pour en savoir davantage:
" Enzo et Liouba Popov vivent dans un grand appartement dont ils ont la jouissance près du jardin du Palais Royal. Les propriétaires ne sont jamais là, Liouba y est femme de ménage.
Enzo est en 6e au collège où il est le bouc émissaire de ses camarades. Trop différent, trop gros, trop silencieux. Il a la hantise du lundi matin et son refuge ce sont les livres qu'il dévore et, la nuit, les histoires
qu'il s'invente.
Quand le harcèlement scolaire devient lynchage, la vie d'Enzo bascule, la fièvre et le délire lui font entrevoir ses origines russes, des Russes blancs venus combattre en 14 avec les soldats français puis envoyés en Creuse dans un camp militaire.
Un roman magnifique, ample, ondulant, qui évoque une relation forte et fragile entre une mère très jeune et un gamin sensible, victime de la méchanceté scolaire. Leur vie à deux, leurs non-dits, leur délicatesse, leur indignation, leur solitude sont évoqués avec une grâce, une émotion et une justesse rares." www.libfly.com