BÉDARD Jacinthe
CE QUI NOUS LIE,roman, Les Éditions SÉMAPHORE, 2014, 99 pages
Un premier roman réussi, touchant tantôt fragile par le sujet et le style d'écriture, aux phrases parfois longues, des fois courtes comme un dialogue, un échange oral.
Un roman qui se lit comme une nouvelle, une confidence, un journal intime. Nous devenons spectateurs, témoins des secrets de la fille et de son père inconnu, de soixante et quatorze ans, qu'elle n'a jamais rencontré.
La jeune fille écrit de façon régulière une lettre à son père inconnu mais ne les lui envoie pas. Elle les conserve comme on écrit un journal intime, personnel, avec des phrases commençant par "je", un monologue, une réflexion intime.
Un roman en trois chapitres: Ce qui devait être dit---Ce qui a été dit---Ce qui peut se dire.
Un livre sur un sujet intéressant, retrouver son père, un père misanthrope, une jeune auteure de talent à découvrir.
blogue: Approches de l'idéal... http://approchesdelideal.blogspot.ca/
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livreentete.vip-blog.com
"Pourquoi une mère met-elle quelqu'un au monde si c'est pour le garder dans la noirceur,dans un mystère superflu qui montre comme malveillantes les choses toujours presque immobiles qui pèsent déjà beaucoup"
" Pour être un arc tendu, pour être humain, en somme, on doit avoir une tige solide."
"Une mère qui force son enfant à ne jamais pouvoir regarder sans craindre est une mère dangereuse."
"La chance. Je la laisserais me gagner si et seulement si cet être, cet homme, mon père, méritait mon amour."
Alain, père." Va falloir que j'arrive à rester assis à rien faire en oubliant que ma fille est peut-être assis à rien faire en pensant peut-être à moi...est-ce que ma fille va m'aimer? Est-ce que quelqu'un peut encore m'aimer."
"Que je n'avais qu'une nuit pour trouver les mots que j'avais toujours voulu m'entendre dire "
Louise, compagne de son père." Louise, elle s'embarquait avec un gars qui avait peur de croiser quelqu'un sur le trottoir."
"Comment les gens font pour garder leur joie en-dedans."
" Alain, père." Ça fait quatre jours que je te connais pis ça fait quatre jours que je dégèle."
" Le temps donne aux mots une épaisseur singulière. Même, ou surtout, lorsqu'ils sont tus."
Pour en savoir davantage:
Ce qui nous lie
Jacinthe Bédard
« J’ai écrit à mon père toute ma vie. Je garde même toutes les lettres que je continue de lui écrire et qu’il continue de ne pas lire. Je les relis très rarement, parce qu’il me faut la force des bons jours pour supporter le défilé des petits deuils qui au fond résument ma vie, mais je les garde. Je les garde dans la boîte de mon grand-père — tu sais, la boîte ouvragée avec les papillons ? — parce que les lettres à mon père inconnu dans la boîte faite par mon grand-père que je n’ai pas connu et qui datent, la boîte, le grand-père, et un peu le père aussi, d’une époque que je n’ai pas connue non plus, c’est presque trop parfait. »
Après la mort de sa mère, une jeune femme, Judith, part à la rencontre de son père inconnu et apprend, sur son chemin, à mieux aimer. Son amoureux, surtout, qui est partout parce qu’absent, mais sa mère aussi, comme à rebours, et son père, petit à petit. Prose poétique à laquelle se mêlent l’épistolaire et la narration, Ce qui nous lie utilise la voix, toutes les voix, pour raconter une histoire de filiation, d’accueil et d’amour.
Jacinthe BÉDARD est originaire de Montréal. Elle a étudié la littérature et la philosophie à l'Université de Montréal, et enseigne aujourd'hui la littérature ou Collège Maisonneuve. L'auteure, aussi conceptrice du blogue "Approches de l'idéal" , signe ici son premier roman.