BIZ (FRÉCHETTE) DE LOCO LOCASS
thriller abitibien Mort-Terrain.
Dérives, Les Incollables et le roman jeunesse La chute de Sparte, lauréat du Prix des bibliothèques de Montréal.
NAUFRAGE, Leméac, 2016, 131 pages
Roman touchant, un style d'écriture bien maîtrisé avec une bonne culture de base, en histoire du Québec, en grec et latin, en politique historique et un humour incisif. Il dit les choses directement, il dit ce qu'il pense et pense ce qu'il dit.
FRÉDÉRIK travaille comme fonctionnaire, mène une vie simple et heureuse avec sa femme MARIEKE et son fils NESTOR jusqu'au jour où il oublie son fils dans son auto et celui-ci meurt à l'âge d'un an environ.
Une étude policito-sociale, psychologique qui nous dévoile les blessures familiales, sociales, intimes, interpersonnelles que laissent le décês accidentel d'un enfant dû à la négligence d'un parent.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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"Dans l'ascenseur,la préposée souriait dans son costume ridicule. Un vrai cochon d'Inde: enfermée dans sa cage et toujours joviale."
"La vie est une somme de choix."
"En fait, le Service des Archives au complet était un trou noir de gaspillage gouvernemental."
"Je serais le détecteur de fumée dans l'incendie, la gorge profonde d'où rugirait la vérité."
"Un consultant, c'est quelqu'un qui emprunte votre montre pour vous donner l'heure."
"La folie,ce n'est pas de hurler durant un incendie, mais d'agir normalement alors que la maison brûle."
"Le droit m'apparaît comme une affaire de stratégie plus que de justice."
"La nature aura toujours le dernier mot sur la vanité de l'homo sapiens."
"L'adversité révèle des alliés inattendus."
Pour en savoir davantage:
"Premiers pas vers le drame…
Dans Naufrage, Biz explore la culpabilité, la compassion, le pardon et, surtout, le jugement. D’abord celui dont il fera preuve à l’égard de ses collègues, qu’il n’hésite pas à comparer aux soldats allemands durant la Deuxième Guerre mondiale et à des animaux qui meuglent sans rien contester. Des bêtes de « non-travail » qu’il cherchera à exposer sur la place publique.
« Quand Fred arrive aux Archives, il porte des jugements sévères sur ses compagnons. Mais à la fin, il réalise qu’ils ont peut-être été eux aussi menacés du goulag de la chambre à fournaise et qu’il est lui-même devenu l’un des types qu’il dénonçait au début. En suivant son histoire, on réalise qu’on ne connait pas réellement la vie de nos collègues et ce par quoi ils ont passé. Je trouve qu’on a la gâchette du jugement très facile et que ça ne fait pas avancer l’humanité. »
Si le fonctionnaire a l’impression d’avoir posé le pied en enfer en travaillant aux Archives, il peut toutefois se consoler auprès de sa copine Marieke et de son bébé Nestor. Ce dernier, fort de son emprise grandissante sur le monde, le renvoie à son désarroi et le pousse vers une forme de révolte.
« Quand on a un enfant, on veut qu’ils soient heureux et qu’ils nous dépassent. Ce que Fred veut pour son fils est illustré dans son prénom : Nestor est un héros de la Guerre de Troie. Sa vie a été remplie d’aventures, et sa retraite de peintures. Il est l’un des seuls héros grecs à être revenu de la guerre et à cultiver des salades paisiblement. Au fond, Fred souhaite une vie palpitante et une retraite paisible à son enfant. C’est tout un contraste avec son emploi aux Archives. Il a donc un sursaut de dignité qui le pousse à révéler ce qui se passe là-bas. Il ne veut pas que son fils le voie comme un être amorphe qui n’a pas le contrôle sur sa vie. »
Le drame qui survient à la moitié du roman (dont on ne révélera rien pour ne pas priver les lecteurs des émotions qui doivent jaillir en pleine lecture) est donc d’autant plus puissant, entraînant dans son sillage une suite d’événements dramatiques et permettant à l’auteur d’explorer le phénomène de la perte et ses effets collatéraux.
« Tout est parti d’un fait divers terrible survenu à Montréal il y a quelques années. Pendant que tout le monde jugeait le responsable, je m’imaginais le prendre dans mes bras et lui dire que j’avais de la compassion pour lui. À partir de là, je me suis demandé quelle serait la réaction des gens aux gestes de Fred. Je trouvais qu’il y avait beaucoup à dire et à faire ressentir. »
Par ailleurs, la thématique ouvre la porte à quantité de réflexions sur les médias sociaux et les radios poubelles. « En ce moment, il existe une grande violence que je trouve malsaine. De plus en plus de personnes décident de se débrancher, parce qu’ils sont tannés de la haine, de la gratuité, de la bêtise et de la méchanceté qu’on lit et qu’on entend. Je me demande souvent que ça donne aux gens de croasser leur fiel sur le net en 140 caractères. Et je trouve qu’on manque de compassion, d’empathie, d’analyse et de recul. Je préfère réfléchir pendant deux ans sur un sujet plutôt que de nourrir quotidiennement mon indignation dans un blogue.
http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/01/20/biz-publie-naufrage-entrevue