GOUDREAULT David
ABATTRE LA BÊTE, 2017, 226 pages, Québec
Roman québécois pour lecteur solide et averti. Le personnage principal est un jeune homme révolté, à la fois agressif et aimant mais ayant peu de contrôle sur son hypersensibilité et de sa sexualité débordante. Un personnage sympathique victime de la société mais surtout victime de ses attentes, de son inaction. Un indésirable qui veut combler ses besoins personnels en manipulant les autres et en particulier les femmes. Il s'est organisé avec son avocat juif pour échapper à la prison pour se ramasser à PINEL,un hôpital psychiatrique.
Personnage pourtant attachant, bourré de bonnes intentions mais jouant le mauvais rôle en manipulant les autres. Un homme instable et dangereux pour les autres dont il comptabilise les victimes.
LA BÊTE à abattre c'est lui. Il détruit tout sur son passage.
L'auteur est cultivé, son style d'écriture dénote une connaissance approfondie de l'humain, de la société capitaliste, de la psychologie, des déviations sociales et sexuelles.
Une image de la société, une étude de société marginale. Des profiteurs professionnels, vendeurs de drogues fortes, itinérants, SDF, squatteurs, fugueurs, jeunes et vieux, voleurs, drogués, arnaqueurs, punks, prostituées, taulards toutes catégories. Un univers à part, des marginaux, hommes et femmes.
Un roman touchant malgré sa brusquerie, ses écarts de comportement. Un auteur au talent authentique.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"À la fin de ce récit, je vais me tuer. Et puis mourir. C'est ainsi. Toute bonne chose a une fin, mais moi aussi. Vous ne devriez même pas tenir ces pages.Que vous puissiez me lire relève de la providence, du miracle ésotérique."
"Moi, je suis fou raide. Raide bandé aussi, ça indispose les infirmières."
"L'industrie pharmacologique produit d'excellents psychotropes."
"J'aime les contraintes, autant sexuelles que littéraires.Ça favorise la créativité, émoustille l'imaginaire."
"Je ne prends plus de risques, ce sont les risques qui me prennent."
SIMON."Il s'était shooté à la Bible trop longtemps...il voyait aussi SATAN à l'occasion."
"Rien n'écoeure plus le bon bourgeois pressé qu'un quêteux heureux."
"De toute façon, je ne suis pas sexiste ni raciste, moi, je méprise tout le monde égal."
"C'est toujours avec nos cordes sensibles qu'on finit par se pendre."
"La mort est un état d'esprit; l'esprit revenu à l'état d'âme libre..."
"Rien de grave, l'existence humaine est un soupir cosmique, une sympathique insignifiance... même la pensée s'étiole."
Pour en savoir davantage:
Trois romans écrits en trois ans. Trois œuvres aussi rafraîchissantes que percutantes. Une trilogie mettant en scène la Bête, le jeune homme épouvantablement attachant, qu’on retrouve à l’Institut de santé psychiatrique Pinel, où il attend son procès pour les horreurs qu’il a commises en prison dans La Bête et sa cage. Même si son avocat plaide la non-responsabilité pour cause d’aliénation mentale, l’accusé est assez allumé pour déjouer le système, les gardes et toutes les embûches sur sa route, afin de s’évader! S’en suivra une formidable cavale, pendant laquelle la Bête s’acoquinera avec une punkette gauchiste et une vieille prostituée ravagée pour éviter la police et tenter d’accomplir sa quête ultime : retrouver sa mère. Dans ce roman, David Goudreault offre une histoire aussi survoltée que sa plume.
http://quebec.huffingtonpost.ca/2017/04/11/abattre-la-bete-david-goudreault-trilogie
"...ce n’est pas seulement de la délirante cavale d’un cinglé presque sympathique, évadé de Pinel où il a été interné au terme d’un procès qui ne l’a pas reconnu criminellement responsable du crime odieux qu’il a commis — une agression sexuelle aggravée, pour être précis —, qu’il est question ici ? Ta Bête qui court pour retrouver sa mère, qui se vautre dans sa médiocrité, qui tient des propos naïvement dérangeants sur l’étranger, sur les femmes, sur les homos, comme un petit papy de Val-d’Or, comme un analphabète de la Côte-Nord, comme un animateur de radio de Québec, c’est le genre de monstre intérieur qui nous habite un peu tous. Celui que la raison cherche quotidiennement à incarcérer, mais que l’émotion, titillée par la bêtise humaine et le populisme ambiant, vient parfois libérer ?"
http://www.ledevoir.com/culture/livres/497494/fiction-quebecoise-la-langue-rugueuse-de-david-goudreault.