BOUCHARD Serge et Mare-Christine Lévesque
LE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographes, sources et références
Un livre qui assume,endosse, relate l'histoire du peuple INNU depuis mille ans. Mais dont les origines de leur présence en Amérique remontent à huit milles ans. Une amitié profonde et vécue relie l'auteur au peuple INNU. Il a vécu parmi eux, les a accompagnés dans leur histoire et leurs pérégrinations, leur histoire de peuple nordique, leur confrontation à la civilisation des hommes blancs vainqueurs.Eux les vaincus.
Un livre révélateur et touchant d'un anthropologue de terrain.
Un grand livre, un livre magistral, un historien acharné à trouver les sources de l'histoire d'un grand peuple autochtone du Québec, les INNUS.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com, À visiter
« En réalité, rien n'est moins neuf que le « Nouveau Monde ». Le NITASSINAN, le pays des INNUS. Car l'Amérique n'a pas émergé en 1492..elle n'a pas attendue Christophe Colomb pour être découverte. Ce continent a un passé riche, beaucoup plus ancien que ne l'établit couramment L'Occident.
À l'époque précolombienne, déjà , l'Amérique avait ses vieux mythes, ses ruines, ses antiquités. »
« L'Indien ne participe pas la marche de la civilisation, le progrès, même moral, ne le concerne pas.
On l'a écarté des grands desseins nationaux. »
« Apparentés à la grande famille algonquienne, les INNUS sont présents dans la péninsule Québec-Labrador depuis plusieurs millénaires. »
« Je rêvassais et voyageais dans le temps, nous glissions sur l'eau calme comme une nef sur la surface d'un indéfinissable vide... »
« MICHEL.il ne parle pas beaucoup, en tout cas pas en français, mais il va beaucoup t'apprendre. Tu n'as qu'`observer. »
« MICHEL. Voilà l' Innu par excellence...celui qui donnerait tout pour rire un bon coup, l' Innu moqueur, le joueur de tours, »
« Son rire était bienveillant, c'était le rire d,un homme bon...il avait confiance en ma candeur. »
« Les Indiens n'avaient pas demandé ces maisons, comme ils n'avaient pas demandé le programme des pensionnats. »
« Les peuples du caribou et des grandes chasses voyaient tout s'écrouler autour d'eux et on leur proposait en retour le désœuvrement et l'indignité de la réserve indienne. Ils vivaient des temps tragiques. »
« La mer, les bateaux, c'est ainsi qu'un « Nouveau Monde » est apparu aux yeux des anciens INNUS. »
« INNUS. FRANÇAIS... parce que les Blancs, avec leur farine et leurs fusils, devaient les aider pour toujours...on finirait par les déloger et qu'on leur enlèverait leur terre. »
:Les Amérindiens ...avaient une vision du monde qui comblait parfaitement leurs besoins spirituels. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
http://www.luxediteur.com/peuple-rieur-lettre-damour-signee-serge-bouchard/
DESCRIPTION
« Le livre que vous vous apprêtez à lire raconte la très grande marche d’un tout petit peuple, il refait à la fois le chemin de sa joie et son chemin de croix. Présente aux premières lignes du journal de voyage de Champlain, aujourd’hui aussi familière que mystérieuse, la nation innue vit et survit depuis au moins deux mille ans dans cette partie de l’Amérique du Nord qu’elle a nommée dans sa langue Nitassinan : notre terre.
Au fil des chapitres, vous allez accompagner le jeune anthropologue que j’étais au début des années 1970, arrivé à Ekuanitshit (Mingan). Vous le devinez, ces petites histoiLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
res sont prétextes à en raconter de plus grandes. Cellres sont prétextes à en raconter de plus grandes. Celles d’un peuple résilient, une société traditionnelle de chasseurs nomades qui s’est maintenue pendant des siècles, une société dont les fondements ont été ébranlés et brisés entre 1850 et 1950, alors que le gouvernement orchestrait la sédentarisation des adultes et l’éducation forcée des enfants. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d'aujourd'hui — Serge Bouchard
LE PEUPLE RIEUR: UNE LETTRE D’AMOUR SIGNÉE SERGE BOUCHARD
La lecture du livre Le peuple rieur, c’est un peu comme s’asseoir autour du feu avec Serge Bouchard. Pendant ces quelques 300 pages, sa grosse voix réconfortante nous berce et nous amène sur les terres innues, le Nitassinan. Au fil du récit, la forêt boréale enveloppe autant celui qui écoute que celui qui raconte. Et peu à peu, l’intimité des bois fait son effet : Bouchard nous livre ses expériences de vie sur le ton de celui qui se confie à un ami.
Bouchard nous raconte l’humour innu
Ce livre parle d’une histoire d’amour : celle entre Serge Bouchard et ses amis rieurs de la Côte-Nord. D’ailleurs, il écrit cet ouvrage avec sa compagne, Marie-Christine Lévesque. Leur couple partage cet amour commun, qu’ils traduisent par un livre dédié aux Innus. Avec cet essai à la fois historique, personnel et anthropologique, Bouchard revisite ses souvenirs et souhaite redonner à ce peuple auprès duquel il a tant appris.
Et pour ce qui est de redonner, il le fait de différentes façons. Mais la plus significative, selon moi, est de répandre la vision que le peuple innu est rieur. C’est un discours que l’on entend peu dans les médias, et c’est pourquoi Serge Bouchard corrige le tir : c’est un élément essentiel de cette culture ! Portés par leur fort intérêt pour la culture innue, Bouchard et Lévesque écrivent un livre à milles lieues des stéréotypes. Et il y a quelque chose de beau et d’absolument réjouissant d’entendre parler d’une nation autochtone de cette façon.que Serge Bouchard débarque à MinLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.
Cette quiétude sera d’ailleurs intermittente : le rire occupera une place toute spéciale dans le quotidien de Mingan. C’est donc par ses maladresses et ses incompréhensions que Bouchard saisira l’un des aspects cruciaux pour être accepté et vivre dans la communauté : l’autodérision. Il adhérera à son surnom donné par les Innus, « le barbu », tout comme il se permettra de rire de lui-même lorsqu’il échappera son porte-feuille dans la rivière.
Même si Le peuple rieur aborde plutôt un ton sérieux dans l’ensemble, il est parsemé de blagues innues et d’anecdotes qui agrémentent la lecture et viennent s’allier au vécu de Serge Bouchard. À mon avis, le propos du livre aurait toutefois bénéficié d’une présence plus accrue de ces incursions humoristiques.
Bouchard nous raconte l’Histoire des Innus
Pour faire un pied de nez aux effacements historiques subis par les Innus, l’auteur relate leur Histoire avec moult détails. Il fait ainsi ce que les gouvernements canadiens ont refusé de faire jusqu’à ce jour : retracer l’histoire de cette nation pour lui reconnaître ses droits ancestraux sur le territoire.
Au passage, Serge Bouchard critique l’utilisation des termes génériques tels qu’« autochtone » ou « Premières Nations » : il faut apprendre à nommer les nations par leurs noms et non par des mots qui sont vides de signification. Les noms sont magnifiques et portent le poids de la mémoire, alors pourquoi refuser de s’en servir?
En plus de l’importance des mots et des récits historiques, Bouchard nous apprend qu’il n’y a pas qu’une façon de voir les choses. À Mingan, il a appris que c’est un tout autre ordre du monde qui règne. Par exemple, on ne tue pas l’ours qui rôde autour d’une maison, car l’aîné l’a reconnu : c’est l’esprit de Mathias, villageois désormais décédé, qui vient visiter son ancienne demeure. En nous racontant ces bribes, on se sent vite habité par ces fragments de la vie innue. On comprend également que le point de vue autochtone a été brutalement écarté de l’ensemble de la société et de l’Histoire du pays telle qu’on la connaît. Ce livre se veut ainsi un acte de résistance, un acte d’amour.
Bouchard passe le flambeau
Autrefois, c’était lui, le jeune Serge Bouchard, qui a appris des aînés autochtones. Maintenant âgé de 70 ans, c’est à son tour de transmettre son vécu par l’entremise de ce livre. Et pas besoin d’avoir un bac en anthropologie pour apprécier son récit, il suffit d’être curieux. Car avant tout, c’est ce que Bouchard souhaite faire : intéresser les lecteurs au peuple innu. Par ses mots, il a également réussi à me donner le goût de Mingan, celui de visiter le territoire. Difficile de rester de glace devant ses descriptions amoureuses et dévouées de la forêt boréale.
Et pour la suite des choses, l’auteur est confiant :
Les Innus du futur seront ce qu’ils et elles voudront être, sans avoir à sacrifier leur culture, mais en la valorisant plutôt, en l’affirmant, en l’exprimant sur la scène internationale. (p. 290)
Bouchard se tourne ainsi vers l’avenir, souhaitant avoir créé dans son sillage des futurs lecteurs/anthropologues/historiens qui se pencheront sur la culture innue et écouteront les récits futurs. Car, à la suite d’An Antane Kapesh qui publiait Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu en 1976 et qui lançait un cri de résistance innu, ce sont désormais les Naomi Fontaine et Natasha Kanapé Fontaine qui portent cette voix. Et à travers leurs œuvres, c’est la fierté d’être autochtone, la fierté d’être Innue, qui peut jaillir.
Connaissez-vous la culture innue? Avez-vous lu des écrivains et écrivaines de cette nation?
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Lancement du «Manifeste des parvenus»
Florence Morin-Martel, Le Fil rouge, 27 mars 2018
BOUCHARD Serge
LE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographes, sources et références
Un livre qui assume,endosse, relate l'histoire du peuple INNU depuis mille ans. Mais dont les origines de leur présence en Amérique remontent à huit milles ans. Une amitié profonde et vécue relie l'auteur au peuple INNU. Il a vécu parmi eux, les a accompagnés dans leur histoire et leurs pérégrinations, leur histoire de peuple nordique, leur confrontation à la civilisation des hommes blancs vainqueurs.Eux les vaincus.
Un livre révélateur et touchant d'un anthropologue de terrain.
Un grand livre, un livre magistral, un historien acharné à trouver les sources de l'histoire d'un grand peuple autochtone du Québec, les INNUS.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com, À visiter
« En réalité, rien n'est moins neuf que le « Nouveau Monde ». Le NITASSINAN, le pays des INNUS. Car l'Amérique n'a pas émergé en 1492..elle n'a pas attendue Christophe Colomb pour être découverte. Ce continent a un passé riche, beaucoup plus ancien que ne l'établit couramment L'Occident.
À l'époque précolombienne, déjà , l'Amérique avait ses vieux mythes, ses ruines, ses antiquités. »
« L'Indien ne participe pas la marche de la civilisation, le progrès, même moral, ne le concerne pas.
On l'a écarté des grands desseins nationaux. »
« Apparentés à la grande famille algonquienne, les INNUS sont présents dans la péninsule Québec-Labrador depuis plusieurs millénaires. »
« Je rêvassais et voyageais dans le temps, nous glissions sur l'eau calme comme une nef sur la surface d'un indéfinissable vide... »
« MICHEL.il ne parle pas beaucoup, en tout cas pas en français, mais il va beaucoup t'apprendre. Tu n'as qu'`observer. »
« MICHEL. Voilà l' Innu par excellence...celui qui donnerait tout pour rire un bon coup, l' Innu moqueur, le joueur de tours, »
« Son rire était bienveillant, c'était le rire d,un homme bon...il avait confiance en ma candeur. »
« Les Indiens n'avaient pas demandé ces maisons, comme ils n'avaient pas demandé le programme des pensionnats. »
« Les peuples du caribou et des grandes chasses voyaient tout s'écrouler autour d'eux et on leur proposait en retour le désœuvrement et l'indignité de la réserve indienne. Ils vivaient des temps tragiques. »
« La mer, les bateaux, c'est ainsi qu'un « Nouveau Monde » est apparu aux yeux des anciens INNUS. »
« INNUS. FRANÇAIS... parce que les Blancs, avec leur farine et leurs fusils, devaient les aider pour toujours...on finirait par les déloger et qu'on leur enlèverait leur terre. »
:Les Amérindiens ...avaient une vision du monde qui comblait parfaitement leurs besoins spirituels. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
http://www.luxediteur.com/peuple-rieur-lettre-damour-signee-serge-bouchard/
DESCRIPTION
« Le livre que vous vous apprêtez à lire raconte la très grande marche d’un tout petit peuple, il refait à la fois le chemin de sa joie et son chemin de croix. Présente aux premières lignes du journal de voyage de Champlain, aujourd’hui aussi familière que mystérieuse, la nation innue vit et survit depuis au moins deux mille ans dans cette partie de l’Amérique du Nord qu’elle a nommée dans sa langue Nitassinan : notre terre.
Au fil des chapitres, vous allez accompagner le jeune anthropologue que j’étais au début des années 1970, arrivé à Ekuanitshit (Mingan). Vous le devinez, ces petites histoiLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
res sont prétextes à en raconter de plus grandes. Cellres sont prétextes à en raconter de plus grandes. Celles d’un peuple résilient, une société traditionnelle de chasseurs nomades qui s’est maintenue pendant des siècles, une société dont les fondements ont été ébranlés et brisés entre 1850 et 1950, alors que le gouvernement orchestrait la sédentarisation des adultes et l’éducation forcée des enfants. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d'aujourd'hui — Serge Bouchard
LE PEUPLE RIEUR: UNE LETTRE D’AMOUR SIGNÉE SERGE BOUCHARD
La lecture du livre Le peuple rieur, c’est un peu comme s’asseoir autour du feu avec Serge Bouchard. Pendant ces quelques 300 pages, sa grosse voix réconfortante nous berce et nous amène sur les terres innues, le Nitassinan. Au fil du récit, la forêt boréale enveloppe autant celui qui écoute que celui qui raconte. Et peu à peu, l’intimité des bois fait son effet : Bouchard nous livre ses expériences de vie sur le ton de celui qui se confie à un ami.
Bouchard nous raconte l’humour innu
Ce livre parle d’une histoire d’amour : celle entre Serge Bouchard et ses amis rieurs de la Côte-Nord. D’ailleurs, il écrit cet ouvrage avec sa compagne, Marie-Christine Lévesque. Leur couple partage cet amour commun, qu’ils traduisent par un livre dédié aux Innus. Avec cet essai à la fois historique, personnel et anthropologique, Bouchard revisite ses souvenirs et souhaite redonner à ce peuple auprès duquel il a tant appris.
Et pour ce qui est de redonner, il le fait de différentes façons. Mais la plus significative, selon moi, est de répandre la vision que le peuple innu est rieur. C’est un discours que l’on entend peu dans les médias, et c’est pourquoi Serge Bouchard corrige le tir : c’est un élément essentiel de cette culture ! Portés par leur fort intérêt pour la culture innue, Bouchard et Lévesque écrivent un livre à milles lieues des stéréotypes. Et il y a quelque chose de beau et d’absolument réjouissant d’entendre parler d’une nation autochtone de cette façon.que Serge Bouchard débarque à MinLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.
Cette quiétude sera d’ailleurs intermittente : le rire occupera une place toute spéciale dans le quotidien de Mingan. C’est donc par ses maladresses et ses incompréhensions que Bouchard saisira l’un des aspects cruciaux pour être accepté et vivre dans la communauté : l’autodérision. Il adhérera à son surnom donné par les Innus, « le barbu », tout comme il se permettra de rire de lui-même lorsqu’il échappera son porte-feuille dans la rivière.
Même si Le peuple rieur aborde plutôt un ton sérieux dans l’ensemble, il est parsemé de blagues innues et d’anecdotes qui agrémentent la lecture et viennent s’allier au vécu de Serge Bouchard. À mon avis, le propos du livre aurait toutefois bénéficié d’une présence plus accrue de ces incursions humoristiques.
Bouchard nous raconte l’Histoire des Innus
Pour faire un pied de nez aux effacements historiques subis par les Innus, l’auteur relate leur Histoire avec moult détails. Il fait ainsi ce que les gouvernements canadiens ont refusé de faire jusqu’à ce jour : retracer l’histoire de cette nation pour lui reconnaître ses droits ancestraux sur le territoire.
Au passage, Serge Bouchard critique l’utilisation des termes génériques tels qu’« autochtone » ou « Premières Nations » : il faut apprendre à nommer les nations par leurs noms et non par des mots qui sont vides de signification. Les noms sont magnifiques et portent le poids de la mémoire, alors pourquoi refuser de s’en servir?
En plus de l’importance des mots et des récits historiques, Bouchard nous apprend qu’il n’y a pas qu’une façon de voir les choses. À Mingan, il a appris que c’est un tout autre ordre du monde qui règne. Par exemple, on ne tue pas l’ours qui rôde autour d’une maison, car l’aîné l’a reconnu : c’est l’esprit de Mathias, villageois désormais décédé, qui vient visiter son ancienne demeure. En nous racontant ces bribes, on se sent vite habité par ces fragments de la vie innue. On comprend également que le point de vue autochtone a été brutalement écarté de l’ensemble de la société et de l’Histoire du pays telle qu’on la connaît. Ce livre se veut ainsi un acte de résistance, un acte d’amour.
Bouchard passe le flambeau
Autrefois, c’était lui, le jeune Serge Bouchard, qui a appris des aînés autochtones. Maintenant âgé de 70 ans, c’est à son tour de transmettre son vécu par l’entremise de ce livre. Et pas besoin d’avoir un bac en anthropologie pour apprécier son récit, il suffit d’être curieux. Car avant tout, c’est ce que Bouchard souhaite faire : intéresser les lecteurs au peuple innu. Par ses mots, il a également réussi à me donner le goût de Mingan, celui de visiter le territoire. Difficile de rester de glace devant ses descriptions amoureuses et dévouées de la forêt boréale.
Et pour la suite des choses, l’auteur est confiant :
Les Innus du futur seront ce qu’ils et elles voudront être, sans avoir à sacrifier leur culture, mais en la valorisant plutôt, en l’affirmant, en l’exprimant sur la scène internationale. (p. 290)
Bouchard se tourne ainsi vers l’avenir, souhaitant avoir créé dans son sillage des futurs lecteurs/anthropologues/historiens qui se pencheront sur la culture innue et écouteront les récits futurs. Car, à la suite d’An Antane Kapesh qui publiait Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu en 1976 et qui lançait un cri de résistance innu, ce sont désormais les Naomi Fontaine et Natasha Kanapé Fontaine qui portent cette voix. Et à travers leurs œuvres, c’est la fierté d’être autochtone, la fierté d’être Innue, qui peut jaillir.
Connaissez-vous la culture innue? Avez-vous lu des écrivains et écrivaines de cette nation?