Gabrielle FILTEAU-CHIBA
SAUVAGINES,roman, 2019, 312 pages, Québec
Un roman étonnant, remarquable, une auteure Québécoise à découvrir pour la qualité de son écriture novatrice et mordante.
Un roman , un tourne-pages qui nous plaque à son histoire des animaux et des forêts,à l'importance de l'écologie.
Le personnage principal est agente de protection de la faune et dévouée à la nature ,à la qualité de vie de tous les animaux de la forêt..
Un roman du tonnerre qui frappe, qui réveille. Il faut réagir pour sauver nos forêts menacés par les industries, les braconniers et le gouvernement qui donne des
permis chasse à la volée mais cependant manque de personnel compétent.+
Gilles LAGROIS,Auclait, Québec+
www.livresentete.vip-blog.com
Gabrielle Filteau-Chiba est traductrice et auteure.
Elle a quitté Montréal en 2013 alors qu’elle recherchait un rythme de vie plus lent et plus près de la nature.
Elle a acheté une terre près de la rivière Kamouraska à Saint-Bruno, avec un petit chalet qui devait être habitable quatre saisons. Elle y vivait sans électricité et sans eau courante.
Une vague de froid l’empêchait de chauffer suffisamment son refuge et elle s’apprêtait à abandonner le lieux. Mais sa voiture n’a jamais voulu démarrer.
Les 10 jours qu’a dû passer Gabrielle Filteau-Chiba encabanée dans son petit refuge du Bas-Saint-Laurent l’ont inspirée à écrire son premier livre, "Encabanée" (2018), qui s’approche de ce qu’elle a vécu, avec une part de fiction.
Elle a amélioré son sort depuis en construisant une maison faite de bois entourée de jardins et de serres, alimentée en électricité par un panneau solaire. Elle y vit avec son compagnon et sa petite fille
Résumé:
Sur les terres de la Couronne du Haut-Kamouraska, là où plane le silence des coupes à blanc, des disparus, les braconniers dominent la chaîne alimentaire.
Mais dans leurs pattes, il y Raphaëlle, Lionel et Anouk, qui partagent le territoire des coyotes, ours, lynx et orignaux, qui veillent sur les eaux claires de la rivière aux Perles. Et qui ne se laisseront pas prendre en chasse sans montrer les dents.
Extrait
J’inspire les yeux fermés pour me remémorer le nid que j’ai dû quitter, ma roulotte où j’étais si bien, ma corde à linge au vent, l’odeur de rouille des feuilles d’érable, mon petit coin de paradis perdu. Puis me reviennent les traces de bottes et la boue sur mon tapis d’entrée. Et la peau du coyote que je n’aurais peut-être pas dû garder.
On en parle
Parsemé de jolies envolées poétiques et porté par un souffle romanesque tout en féminité [...] Sauvagines est une ode sentie, assumée, éblouissante même, à la préservation du territoire et de la nature en cette ère de dévastation écologique.
– Iris Gagnon-Paradis, La Presse, 17 octobre 2019
L’imaginaire foisonnant de Gabrielle Filteau-Chiba s’incarne dans les pages et dans sa langue furieuse avec une telle intensité qu’on pourrait presque toucher la forêt et ses habitants nocturnes, reflets de l’imprévisibilité, des craintes et de la tension qui animent la construction narrative.
– Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Le Devoir, 19 octobre 2019
L’écriture de Gabrielle Filteau-Chiba est directe et profonde, de bois et de lettres. Elle résonne avec la justesse mélomane de la rivière Kamouraska (...).
– Élise Argouarc'h, Le Mouton noir, 26 janvier 2020
Sauvagines : à la défense du territoire
Après Encabanée, l’autrice Gabrielle Fliteau-Chiba remet ça avec Sauvagines, un récit engagé, parfois enragé, où la défense du territoire, de ses fruits et de ses animaux devient quête absolue, infléchissable.
Le roman suit Raphaëlle, une garde-chasse quelque peu désabusée qui travaille dans la région du Kamouraska pour la protection de la faune. Son rôle : empêcher les braconniers et les autres chasseurs en manque d’éthique de piller sans foi ni loi le territoire et de tuer sans vergogne ses animaux.
Vivant en solitaire de façon frugale dans une roulotte stationnée sur les terres de la Couronne du Haut-Kamouraska, amoureuse de la nature, protectrice des animaux, elle espère malgré tout couler des jours heureux dans son petit havre de paix alors qu’elle revient de Charlevoix, où elle est allée chercher Coyote, son nouveau chiot, et qu’elle célèbre son 40e anniversaire.
Malheureusement, une suite d’événements lui fera comprendre qu’elle est moins en sécurité qu’elle ne le croit, dans sa forêt bien-aimée, alors qu’elle est épiée et narguée par un mystérieux braconnier qui se croit tout permis.
Peu à peu, alors que l’étau se resserre autour d’elle, que la chasse à l’homme (et à la femme) commence et que l’héroïne se sent gagnée par une impuissance qui la répugne, elle devra faire un choix entre les lois humaines et celle, souveraine, de la nature. Peut-on se faire justice lorsque le territoire est en jeu ?
Parsemé de jolies envolées poétiques et porté par un souffle romanesque tout en féminité qui rend hommage à la beauté et à la grandeur de la forêt, Sauvagines est aussi à bien des égards un pamphlet politique qui montre du doigt les nombreux coupables qui font que notre territoire est laissé aux mains de ceux qui ne sont pas là pour l’honorer, mais le dévaster : la société capitaliste, le gouvernement qui ferme les yeux et n’a que faire de la vérité, les fermiers éhontés qui déversent leur purin dans les rivières, les fonctionnaires indifférents ou carrément corrompus…
Tout y passe, ou presque. Le jupon de l’autrice dépasse dans cette charge à fond de train, cette révolte qui se redit, encore et encore, et qui alourdit par moments le récit, somme toute prenant, de cette guerre de tranchées qui transforme la forêt en huis clos inquiétant.
Cela dit, Sauvagines est une ode sentie, assumée, éblouissante même, à la préservation du territoire et de la nature en cette ère de dévastation écologique. C’est aussi, en filigrane, l’histoire d’une femme minée par une colère sourde, et portant des blessures qu’on devine profondes, qui apprendra à se reconstruire doucement au contact d’une autre, semblable à elle, une dénommée Anouk. Plongeant dans la métafiction, Filteau-Chiba établit ainsi des ponts entre ses deux œuvres, en amenant un peu d’Encabanée au cœur de Sauvagines. Un beau clin d’œil.