Février, de Lisa Moore — Une oeuvre majeure
« L’Ocean Ranger, la plus grande plateforme de forage semi-submersible du monde, était secouée par une violente tempête sur les grands bancs de Terre-Neuve. Le lendemain de cette Saint-Valentin maudite, 84 membres de l’équipe, dont 56 Terre-Neuviens, mouraient, engloutis par les flots.
L’enquête concluait plus tard que le renversement et les pertes de vie avaient été causés par un enchaînement d’événements provoqués par la coïncidence d’une violente tempête, d’une conception inadéquate et de l’absence d’intervention humaine expérimentée…
« Ces hommes ont risqué leur vie, on leur avait dit qu’ils ne couraient pas de risque. Ce fut choquant et éprouvant pour leurs proches. Les gens sont encore bouleversés par cet événement. Quand j’ai commencé mes recherches, j’ai vu qu’il y avait très peu de matière sur le sujet. J’ai voulu écrire cette histoire pour cette raison, pour que jamais on n’oublie», explique l’auteure, de passage à Montréal le 15 février dernier, vingt-huit ans après la tragédie.
L’événement qui sert de toile de fond à Février, son quatrième ouvrage, publié au Boréal dans une brillante traduction de Dominique Fortier, s’est produit le 14 février 1982.
Comme dans Alligator, son précédent livre, paru en 2006, les sens entremêlés atteignent leur apogée à chacune des pages, à travers l’infime détail des choses. Février fait frissonner parce que les bourrasques du vent et l’odeur de l’eau de l’Atlantique y sont perceptibles, au même titre que le cri des victimes et le désespoir des survivants s’y font entendre.
Moore écrit comme elle aurait peint un tableau. La couleur des objets ou celle de la lumière paraît évidente dans ses descriptions. D’abord pour cette qualité d’écriture, puis pour le rappel historique de la tragédie de l’Ocean Ranger, cette œuvre maritime créée en partie dans la maison de campagne de l’auteure est un œuvre majeure, de celles qui restent longtemps suspendues aux pensées existentielles des plus fins lecteurs.
Source :www.ruefrontenac.com, Claudia Larochelle
Un roman fondamental, imposant par son écriture intense, ses personnages plus que réels disons touchants et authentiques et un style à couper le souffle comme une rafale. Un roman à lire, à ne pas manquer. GiL