Julie Mazzieri, Le Discours sur la tombe de l'idiot, éditions Corti, 2009.
« Scandalisés par l’idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l’enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l’idiot se remet à crier du fond de sa fosse. « Un village comme ici c’est pas une place pour les intrigues », mettent en garde les habitants de Chester. Dès les premières pages du Discours sur la tombe de l’idiot, le lecteur connaît tous les éléments du crime qui vient troubler ce village sans histoire. L’intrigue policière ainsi jugulée, le ro-man repose principalement sur le génie de l’accusation et du leurre, c’est-à-dire sur les efforts dé-ployés par le maire afin de désigner un coupable et ce, tout en s’assurant le silence de son compli-ce qui menace de s’effondrer sous le poids du remords. Parmi les divers lièvres lancés afin de faire diversion se trouve le coupable idéal — Paul Barabé, un nouvel ouvrier venu se refaire à la campa-gne dont l’arrivée à la ferme des Fouquet coïncide avec la disparition de l’idiot et une autre sinistre découverte. Si le roman possède une « essence policière » incontestable, il s’agit d’abord et avant tout d’un ro-man de la culpabilité. Tout en s’attachant au sort de Paul Barabé, le récit présente l’histoire de Chester « saisie du dedans » : une histoire commune non pas appréhendée dans la perspective rassurante des intentions et des actes, mais une histoire se rapportant plutôt aux faits principaux qui accablent ce village sans idiot. Ses tableaux consécutifs adoptent le mode vertigineux de la ru-meur : leur cohérence surgit du désordre et de la fulgurance des images, leur logique interne place les villageois de Chester sous une lumière inquiétante. Comme si le narrateur lui-même ne pouvait se résoudre à faire du maire et de son adjoint les seuls coupables de leur crime. »
Ce roman décrit surtout toutes les magouilles qui peuvent se faire, au détriment de la population, par inté-rêts personnels dans un petit village où le maire a beaucoup de pouvoir. Mais la vie et ses événements sont parfois aléatoires, incontrôlables et nous réservent des surprises d’une certaine ampleur. J’ai aimé ce chari-vari où la vie c’est elle qui mène le jeu. GiL