UN AUTEUR DE GRANDS SUJETS… DE SUJETS AUDACIEUX À CONNAÎTRE…
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TEULÉ Jean
DARLING
Darling (Pocket, 2007, 242 pages)
« Catherine, fille de paysans vit dans une ferme avec son père, sa mère et ses deux frères. Ambiance glauque dès le début, "ça gueule", ça s'insulte, les enfants bossent à la ferme comme des esclaves. La violence est à la fois verbale et physique. Catherine aspire pourtant au bonheur : pour elle, cela restera une quête impossible si elle devient "paysanne". Un jour, elle quittera cet enfer à domicile.
En attendant, par la fenêtre de sa chambre, elle voit la nationale, elle entend les ca-mions qui la transportent loin de son quotidien. Un jour, elle partira d'ici : elle grim-pera dans le camion d'un de ces routiers et se mariera avec l'un d'eux. Elle se procure une CB et commence à côtoyer les routiers via la radio. Mais Catherine comme prénom ça craint, elle choisit un prénom plus accrocheur pour entrer "en scène" : Darling est née (inspiré par une chanson de Roch Voisine). Ensuite, on l'accompagne vers son nouveau des-tin. Elle rencontre Roméo, un routier avec qui elle va se marier (elle est enceinte!). Et là l'enfer de la ferme fait place à l'enfer conjugal. La maltraitance, la déchéance, la violence, la cruauté au delà de ce qu'on peut imaginer. Et pourtant n'oubliez pas la quê-te de Darling, elle veut le bonheur. Elle tombe mais se relève à chaque fois car elle veut réussir à être heureuse. Même si la route pour y parvenir est incroyablement féroce, rien ne pourra l'arrêter.
Assez dur de lire ce récit. Je l'ai lu en deux fois (abandonné et repris ces derniers jours dans une sorte de mini challenge personnel : je tente de reprendre mes lectures abandonnées et leur donne une dernière chance. Drôle d'idée et de remède pour une panne de lecture mais j'en ai terminé un déjà).
Il s'agit je crois d'une histoire vraie : "Darling" a raconté son histoire à Jean Teulé, qui l'a retranscrite . Je ne sais pas si c'est romancé ou arrangé.
J'ai vu également le film avec Marina Foïs (touchante et malheureusement crédible) et Guillaume Canet (méconnaissable en crapule infâme). »
JE, FRANÇOIS VILLON
Je, François Villon (Julliard, 2006, 415 pages)
"Je, François Villon" est une biographie historique de ce poète français du XVè siècle, qui nous a laissé des vers qui chantent quelque part dans nos têtes. (Entre autres, "La ballade des dames du temps jadis", reprise et chantée par Brassens).
Né le jour de la mort de Jeanne d'Arc sur le bûcher, de la mort de son père, pendu, il va très vite perdre également sa mère, accusée de vol, et enterrée vivante. Il sera alors recueilli et élevé par un chanoine plein de bonté Guillaume de Villon.
François sera poète, voleur, débauché, assassin, il sacrifiera horriblement l'amour de sa vie pour intégrer la terrible bande des Coquillards (surnommée aussi "Les écorcheurs), il survivra à l'emprisonnement et à la torture, avant finalement d'être banni de la ville de
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Paris, et de disparaître mystérieusement et à tout jamais sur une route de campagne.
Avec un style s'approchant du parlé moyenâgeux, avec des textes souvent très violents, très crus mais non dénués d'humour ou d'ironie, entrecoupés de ballades en vieux français (qui font "respirer" le lecteur), j'ai vécu intensément dans la peau de cet homme (tout est écrit à la première personne) cette période où on tue les voleuses en les enterrant vivantes pieds et poings liés, où d'autres sont emmurées, où on coupe les mains, les oreilles pour un rien, où on écartèle, on écorche... où les corps des morts du jour sont déterrés la nuit pour en faire du pâté...(!)... »
Roman très fort, très puissant, captivant, unique. GiL
LE MAGASIN DES SUICIDES
Le magasin des suicides (Julliard, 2007, 157 pages)
« Vous avez envie de vous suicider mais ne savez comment faire? Ou il vous manque quelque chose pour y arriver? Pas de soucis, le magasin de Jean Teulé a tout ce qu'il vous faut!
Bon, dit comme ça, c'est un peu dur, voire morbide... humour noir, quand tu nous tiens. Mais passé le premier effet pas très moral de l'idée, on se laisse vite bercer par l'hu-mour délirant qui se dégage à chaque page et on apprécie les ingénieuses trouvailles de l'auteur et de sa boutique bizarre.
Mishima et Lucrèce Tuvache sont les heureux gestionnaires de cet échoppe de la mort, et les fiers parents de Vincent, Marylin et Alan, bien que ce dernier leur cause des soucis parce que bon, il se sent bien et aime la vie, ça fait tache au milieu d'un magasin du suicide. Plein d'outils à la disposition du futur mort, des conseils personnalisés, des petites astuces pour réussir son coup... Jean Teulé s'est lâché et ce qu'il propose est tout simplement hilarant (à condition bien sûr de pouvoir entrer dans le jeu d'un mar-chand de suicides, j'en conviens). On sent qu'il s'est offert un énorme plaisir à écrire ce livre, il se lâche complètement et ça part dans tous les sens. A lire pour rire et juste pour rire! »
LE MONTESPAN
Le Montespan (Pocket, 2009, 309 pages)
« Au temps du Roi Soleil, la vie de Louis-Henri de Montespan depuis sa rencontre avec celle qui sera l'amour de sa vie : la belle Athénaïs jusqu'à la mort de cette dernière.
"Il faut avoir une marque du sang échauffé, le cerveau modelé d'une autre manière que le commun des hommes, pour oser, dans cette universelle ruée vers la servitude la plus ram-pante, élever la tête au-dessus des dos courbés et accuser l'idole en face."
Louis XIV a détruit son ménage en jetant son dévolu sur son épouse : Françoise, le mar-quis de Montespan explose : Il s'est fait voler l'amour de sa vie! Envers et contre tous, il crie sa révolte, il est le symbole de l'homme qui s'oppose au despotisme. Une langue crue (mais qui fleure l'authenticité) au service d'un "roman-biographie-historique". Teu-lé nous montre ici sa maîtrise de la langue et son admiration pour cet homme qui ose se rebeller contre l'ordre établi, contre le "politiquement correct". En filigrane, la vie quotidienne de l'époque (bien renseignée), une histoire d'amour absolu mais avez-vous en-core besoin d'arguments pour vous jeter sur ce livre? »
Note : 5/5 (Doriane)
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« Vous connaissez certainement Mme de Montespan mais que savez-vous réellement de M.? Nous faire découvrir cet homme, le plus grand cocu de l'histoire comme il se nomme lui même, c'est le pari réussi qu'a mené Jean Teulé. L'amour rend fou c'est bien connu, alors au diable le pouvoir absolu au diable Louis XIV, lui qui lui a volé sa femme!
Il se rebelle, il assiège, il observe, il dérange et... provocant fait mettre des cornes de cerfs à son carrosse et le repeint en noir... etc.
La langue est imagée, vivante. C'est vraiment une excellente biographie romancé.
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Roman d’une grande qualité d’écriture. Le personnage est nature, le style est à la hauteur du personnage outré, l’auteur se surpasse par sa finesse et son audace. À lire sans faute. GiL
MANGEZ-LE SI VOUS VOULEZ, Julliard, 2009,129 pages
Mangez-le si vous voulez
« Alors là accrochez vous pour lire les 131 pages de barbarie, c'est une horreur je n'ai jamais lu de livre pareil. J'ai été écoeurée par ce linchage, c'est un livre horrible. Cet homme on l'a ferré comme un cheval à en faire éclater ses talons, on l'a écartelé, cuit et mangé. Ce livre est indescriptible sur les horreurs que les gens peuvent commet-tre, cette foule m'a fait peur et le genre humain et tout à fait capable de recommen-cer. »
Note : 4/5 (Lisalor)
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« Ce livre est le récit d'un fait divers ayant réellement eu lieu. J'ai un avis un peu plus mitigé que Lisalor sur ce livre. Certes ce qui y est écrit et décrit est tout sim-plement horrible et révoltant par contre je ne suis jamais réellement rentrée dans ce li-vre. Je n'ai pas eu le temps de m'attacher à Alain, le drame arrive trop vite. Du coup et au risque de vous paraître insensible, j'ose dire que je n'ai pas été touchée plus que cela par le crime collectif dont Alain de Moneys a été la victime.
Malgré ça il y a au-delà de ce fait divers dont la retranscription sous forme romanesque m'a laissé plutôt indifférente, une démonstration globalement complète des ressorts qui vont animer cette foule.
Pour moi, c'est un livre qui gagne à être lu au second degré. Bien que basé sur un fait divers historique, je rapprocherai plus ce livre de ses romans "Darling" ou "Le magasin des suicides" plutôt que de ses récits biographiques ("O Verlaine", "Je, François Vil-lon", "Raimbow pour Rimbaud", "Le Montespan").
C’est vrai que ce roman historique est dur et même épouvantable mais sait-on jusqu’où la race humaine peut aller dans sa déchéance. GiL