UN PIED AU PARADIS, Éd. DU MASQUE, 2009, 261 PAGES
« Une vraie belle découverte que Ron Rash et son roman Un pied au paradis. Étrange titre d’ailleurs pour un roman noir, très noir, en forme de polar, mais dans lequel la résolution du crime n’est pas le pivot central.
Nous sommes dans les Appalaches, dans les années 50. Les paysans travaillent dur une terre aride, et sont en sursis. Une compagnie électrique rachète une à une toutes les terres pour construire un barrage et inonder à terme le comté. Chacun s’accommode comme il peut de cette perspective.
L’histoire, racontée de différents points de vue, s’ouvre avec Alexander, le shérif, un des rares habitants à avoir fait des études. Holland Winchester, un héros de la Seconde Guerre mondiale, un peu déboussolé depuis son retour disparaît sans laisser de traces. Sa mère est persuadée qu’il a été tué. Alexander va mener l’enquête, à sa manière, désabusée mais tenace. Ses soupçons se portent rapidement sur les voisins d’Holland, Amy et surtout son mari Billy. Il a l'intuition qu'un lien msytérieux unit ces trois-là...
Les éléments sont en place pour une véritable tragédie familiale et rurale : un drame de l’amour, de la jalousie et de la filiation chez des gens simples que Ron Rash décrit à merveille, tout comme la nature âpre et rude qui les entoure.
L’histoire est racontée en 5 chapitres, du point de vue des personnages principaux, le shérif et son adjoint ou-vrant et clôturant le récit. Seul Holland n’a pas la parole… Chaque récit adopte le langage et le phrasé de ses personnages.
C’est un roman vraiment formidable, ancré dans une époque et un lieu, l’Amérique rurale, mais qui a une por-tée véritablement universelle dans les sentiments qui animent les personnages. Un beau fleuron de la littératu-re sudiste, à qui la traduction semble faire honneur. »
Source :www.bibliobs.com
Roman très intéressant par son contenu mais aussi par son contexte : les Appalaches. C’est intéressant de s’ap-proprier la vie de ces gens vivant dans les montagnes, dépendant des rivières, parmi les grands arbres et une nature à dominer ou à apprivoiser. Les personnages ont un passé, un présent et très peu d’avenir sauf leur as-cendance et leur descendance. Les relations entre les gens sont discrètes, occasionnelles, commodes, sociales ou religieuses, rien de plus. Chacun se mêle de ses affaires et en espère autant des autres.
Nous sommes témoins du drame et presque complices car nous savons. À chaque chapitre un personnage se dévoile, se met à nu en toute familiarité. J’ai trouvé étrange le titre UN PIED AU PARADIS car nous cô-toyons la solitude et parfois la misère. Une belle écriture et une histoire touchante bien que noire. GiL