IZZO, Jean-Claude
TOTAL KHÉOPS, Gallimard, Série noire, 1995, 284 pages, # 2370
Total Kheops est le premier volet des aventures de l’inspecteur Montale. Et on comprend le choc qu’ont du éprouver les lecteurs marseillais à la découverte de ce livre. Marseille, longtemps montré du doigt, détrônait la capitale et ses arrondissements si chers à Léo Malet. La cité phocéenne, dans toute sa réalité, sa diversité, sa complexité, est enfin dévoilée, loin des « pagnolades » et autre folklore… Du vieux port aux quartiers Nord, des maffieux à tendance nazie aux enfants perdus trop mal sortis du Panier, la ville est scrutée sans complaisance mais avec amour et respect.
Loin du whodunit, Total Kheops développe la logique du noir à tendance hard-boiled. Prenant comme prétexte une sombre histoire de succession maffieuse qui se conclut à coup de flingue, J C Izzo promène son héros dans la ville mais aussi, et surtout, dans ses souvenirs, ses déceptions et ses regrets. A chacun de ses pas, devant chaque façade délabrée ou en rénovation, au seuil de chaque ruelle, à l’ombre des platanes de la place des Sept Coins, Montale se souvient et les images de son passé assaillent son esprit et minent son moral.
Mais, ces souvenirs d’immigré italien, J.C. Izzo n’en vaut aucun de joyeux, ni même de léger. Il les choisit tous au rayon du malheur, marqués par le sceau de l’échec ou de la mort. Tant et si bien qu’au fil des pages, face à tant de malheur, la tristesse et avec elle l’humanisme ne peut qu’envahir le lecteur.
Certains reprochent à J.C. Izzo d’avoir développé, dans ses trois polars, une philosophie de cabanon, en référence au fait que Montale ne retrouve la quiétude qu’une fois regagné son cabanon du fond du Goulde.
Reproche fondé ou non? A chacun de juger. Toujours est-il, qu’il convient de remarquer qu’il attribue au bien et au mal des territoires géographiques résultant de l’évolution historique.
Le bien aurait été chassé de la ville et plus particulièrement de ses plus vieux quartiers, au fil du temps, au rythme où grandissait Montale, pour n’avoir plus comme refuge qu’un vieux cabanon en front de mer.
Simplification abusive d’une réalité beaucoup plus complexe? Peut-être, mais simplification qui fonctionne à merveille dans ce genre de littérature.
J’ai apprécié la lecture de ce roman genre polar-policier surtout pour son écriture et son contexte qui est la ville de Marseille. GiL
CHOURMO, Gallimard, Série noire, 1996, # 2422, 314 pages
Montale a eu une jeunesse de fils d'immigrés italiens. Il a grandi dans le « panier chez les chiens des quais » parmi les siens, parmi ceux qu'on appelait les nabos. Alors son entrée dans la vie, il l'a faite en compagnie de Manu et Ugo, avec en tête des idées du genre : « L'argent volé, c'est de l'argent gagné ». Seulement voilà, avec de telles idées c'était inévitable: un jour « Manu a tiré » et « une page s'était tournée brutalement ».
Montale s'engage dans la coloniale puis, à son retour, il devient flic… avant de démissionner et de partir se réfugier dans son cabanon.
Parce que « Le monde était devenu comme nous, sans destination »
Le monde est devenu opaque, quasiment indéchiffrable. La solidarité de classe, la lutte de classe, l'affrontement avec le patronat, autant de réalités qui se sont brouillées dans la conscience des hommes. La crise économique a eu raison des solidarités, des appartenances à une classe. Maintenant il n'existe plus que les Français et les autres. Et au cas où la réalité socio-économique marseillaise ne suffirait pas à brouiller les consciences, les événements mondiaux se chargent de parachever le travail. A l'Est, l'idéal s'est pitoyablement effondré pendant que sur l'autre rive de la méditerranée s'épanouit l'intégrisme religieux et que les idées fascistes gangrènent le monde ouvrie
Montale n'est plus dans la police, il n'a plus de raison de monter dans les quartiers Nord, de s'immerger dans la misère et le désespoir, il peut vivre paisiblement dans son cabanon, loin de tout mais près de ceux qu'il aime : Fonfon et Honorine. Il peut détacher sa barque et partir à la pêche….
Pourtant il devra revenir dans les quartiers Nord.
Gélou, sa cousine, qu'il n'a pas revue depuis une éternité, débarque chez lui un beau matin. Son fils a disparu. Il avait rencontré, pendant les vacances, une jeune fille dont il était très amoureux. Peut-être l'a-t-il rejoint ?… Elle s'appelle Naïma, elle habite Marseille, les quartiers Nord.
Après une brève hésitation, Montale accepte de partir à la recherche de Guitou. A peine met-il les pieds dans les quartiers Nord qu'il assiste à l'exécution d'une ancienne connaissance, un éducateur de rue
Et les cadavres s'accumulent autour de lui.
La recherche de Guitou l'entraîne aux marges de la cité, aussi bien celles qui jaillissent de la misère et du désœuvrement que celles qui descendent de la « finance ». Il se heurte à des militants islamistes plus ou moins manipulés, des flics véreux travaillant, en sous-main, pour le compte de l'extrême droite et à la maffia, organisation invisible dont on ne devine l'existence que par la présence de ses tueurs à gages.
SOLEA, Gallimard, Série noire, #2500, 1998, 250 pages
Montale a eu une jeunesse de fils d'immigrés italiens. Il a grandi dans le « panier chez les chiens des quais » parmi les siens, parmi ceux qu'on appelait les nabos. Alors son entrée dans la vie, il l'a faite en compagnie de Manu et Ugo, avec en tête des idées du genre : « L'argent volé, c'est de l'argent gagné ». Seulement voilà, avec de telles idées c'était inévitable: un jour « Manu a tiré » et « une page s'était tournée brutalement ».
Montale s'engage dans la coloniale puis, à son retour, il devient flic… avant de démissionner et de partir se réfugier dans son cabanon.
Parce que « Le monde était devenu comme nous, sans destination »
Le monde est devenu opaque, quasiment indéchiffrable. La solidarité de classe, la lutte de classe, l'affrontement avec le patronat, autant de réalités qui se sont brouillées dans la conscience des hommes. La crise économique a eu raison des solidarités, des appartenances à une classe. Maintenant il n'existe plus que les Français et les autres. Et au cas où la réalité socio-économique marseillaise ne suffirait pas à brouiller les consciences, les événements mondiaux se chargent de parachever le travail. A l'Est, l'idéal s'est pitoyablement effondré pendant que sur l'autre rive de la méditerranée s'épanouit l'intégrisme religieux et que les idées fascistes gangrènent le monde ouvrier
Voilà deux ans que Babette Bellini vit à Rome et enquête sur les activités de la maffia et plus précisément sur ces activités dans le Sud de la France. Mais un jour les cadavres de ses amis s'amoncellent autour d'elle. Avec cette dédicace : « cadeau pour mademoiselle Bellini. A plus tard. »
Sa traque avait commencé.
Alors elle n'a pas d'autre choix que de fuir et de se réfugier dans un hameau des Cévennes.
Les tueurs savent que la journaliste est une amie de Montale et en déduisent qu'elle a fait appel à son aide. Alors ils décident de faire pression sur cet ancien flic pour qu'il collabore avec eux.
Seulement voilà, Montale n'est pas homme à trahir ses amis et à prêter main forte à la Maffia.
Un soir il rencontre une jeune femme dans un bar. Ils passent la nuit ensemble et décident de se revoir le lendemain.
Lorsque Montale arrive au domicile de la jeune femme, la police est là. La femme a été sauvagement assassinée.
Montale reçoit un coup de fil : soit, il livre Babette, soit tous ses amis connaîtront le même sort que son amante.