EVERETT Percival……….. GLYPHE, Actes Sud, 2008, 300 pages
"Dans une atmosphère délirante, le nouveau roman de Percival Everett relève d'un exercice de style brillant. A travers 'Glyphe', l'auteur prête sa voix à un bébé, mais pas n'importe lequel : un bébé dont le QI est tellement élevé qu'il en vient à filer des complexes à tout le monde. Alors, quoi de plus effrayant pour l'intelligentsia de constater qu'un poupon de quelques mois peut mettre en péril son autorité intellectuelle ancestrale. Avec une jubilation non dissimulée, Percival Everett s'amuse à mettre à mal le système élitiste et prétentiard d'un certain milieu universitaire, réussissant subtilement la confrontation du comique à l'érudition. Chacun en prend pour son grade : les psychiatres passent pour des fous à lier, les philosophes pour des illuminés - avec une mention spéciale au personnage de Roland Barthes qui, noyé dans un narcissisme poussé à son paroxysme, transpire le ridicule et la bouffonnerie. 'Glyphe' est aussi un roman protéiforme qui conjugue avec brio les genres les plus improbables. Polar décalé, essai philosophique sur le langage et l'écriture, le livre se présente sous la forme d'un manuel de bébé-écrivain de génie, à l'aube de sa création. Page après page, au rythme des multiples kidnappings, on suit la pensée de cet être muet qui se refuse à se corrompre par la parole. Dans un monde où les personnes dignes d'intérêt se limitent à un singe cobaye rencontré dans un laboratoire scientifique et à une mère aimante, seule à comprendre qu'au-delà du monstre d'intelligence, existe tout simplement un petit être humain. Jouissif.
Résumé du livre
L'autobiographie d'un bébé surdoué qui décide de renoncer au langage articulé pour écrire, sidère et manipule ses parents avant de devenir l'objet de la convoitise générale et de passer de mains en mains, victime d'enlèvements successifs orchestrés par des scientifiques, des agents du Pentagone ou des prêtres en mal d'exorcismes ."
Quelle belle découverte !!! L’auteur analyse notre société moderne à travers les yeux d’un bébé de dix-huit mois qui déjà sait lire et écrire mais ne parle pas. Il refuse de parler.
C’est un roman d’une grande qualité d’écriture. Les spécialistes américains veulent évidemment s’approprier ce bébé exceptionnel qui a un regard philosophique sur les gens et leurs névroses. Ce roman dénote une grande culture linguistique, littéraire, philosophique. C’est le miroir de nos possibilités et de nos limites. C’est un « must » pour moi. GiL