STEFÁNSSON Jón Hallur
BROUILLARDS, ÉD. GAÏIA
Résumé du livre
"Un architecte apparemment bien sous tous rapports est retrouvé inanimé au bord du lac de sa maison d'été. Qui lui a fracassé le crâne ? Sa femme ? Son fils ? Sa jeune maîtresse ? Son ancien associé, viré pour alcoolisme ? Ou ce mercenaire japonais qui disserte volontiers sur l'art de tuer, et qui trouve en l'Islande un décor idyllique pour mettre en scène ses meurtres ?"
La critique par Mikaël Demets
Profitant de la brèche ouverte par Arnaldur Indridason avec sa ‘Cité des Jarres’ il y a quelques années déjà, les auteurs islandais commencent peu à peu à faire parler d’eux. Et le moins que l’on puisse dire à la lecture de ce premier roman de Jòn Hallur Stefànsson, c’est que les insulaires ont du talent. Si l’“islandité” de l’intrigue est moins marquée que chez ses aînés Indridason et Thorarinsson, notamment au niveau du rythme de l’intrigue, ici ramassé, beaucoup plus classique, ‘Brouillages’ parvient tout de même à se démarquer du flot de parutions estampillées “polar”.
" Plus qu’une enquête, Stefànsson met en scène les dessous d’une société paisible - en apparence seulement. Une faille, et c’est tous les personnages qui s’embourbent dans le mensonge, la trahison, le stupre, la violence, le meurtre. Parfaitement construite, l’intrigue tortueuse fonctionne sur des chapitres courts qui ne cessent d’alterner les points de vue entre les quatre ou cinq principaux personnages. Du flic à l’assassin, tous sont traités de la même manière, exhibant au lecteur les faiblesses et les vices de chacun. Jusqu’à ce que tous ces pantins s’entrechoquent, commandés par un Stefànsson qui semble s’amuser comme un petit fou dans cette ambiance très noire, stigmatisant le cynisme de ses personnages en le confrontant au sien, pire encore. Certaines scènes sont si terribles qu’elles en deviennent drôles. Mine de rien, en semblant se limiter à raconter quelques histoires de couple, le jeune auteur parvient à installer une tension qui explose dans les 50 dernières pages haletantes. ‘Brouillages’ se lit comme un polar très humain, qui semble se jouer aux dépens des protagonistes… et du lecteur. Très malin. "