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KORAKI
05/07/2010 13:41
C’est souvent dans les moments de douleur et d’épreuves Que l’on découvre que la vie est belle. GiL
KORAKI
J’ai rencontré un ami Sur le bord du fossé. Je l’ai ramassé, compris, Quelques jours ont passé.
Je nous voyais ensemble pour la vie. Je ne savais pas que la nuit passée Était la dernière car il est parti. Il me reste à l’oublier.
J’ai rencontré un petit ami noir, Il a partagé ma couche quelques soirs. Quelques jours ensemble, Quelques moments tendres. La douleur n’est que tristesse, Déception. Il me manque sa tendresse. Sa douceur, son poil lisse, noir; Il me caressait chaque soir De la tête aux pieds, sans gêne. Sa présence, le plus beau des poèmes.
Où est-il passé Mon ami Koraki ? Pou iné Korakimou ? Il est grec mon ami.
Je l’ai rencontré en Kriti. Jeune, beau, noir comme un koraki. Affamé, abandonné, seul dans la vie, Un sourire, une caresse, il m’a suivi.
Sans argent, mangeant le jour ou le soir, Marchant ensemble comme deux corbeaux noirs. De village en village, je cherche à travailler, De quoi pour survivre, à peine pour s’aimer. p.14
Dans nos yeux douceur, joie de vivre, D’être heureux, de respirer ensemble, je suis ivre. Un seul regard, un seul sourire, Tout est désormais changé Même si par tous je suis jugé.
Ma raison déraisonne, mon cœur agité Par sa seule présence, ses bonds agiles, Sa voix, ses cris de joie, sa démarche féline. Tout me ravit en ce nouvel ami, Je me souviens avec joie de Koraki.
Koraki, je te rencontrerai encore, Il était trop tôt mais jamais trop tard Pour croire que la vie nous réunira, Peu importe quand, ici ou là.
Je crois en la vie, je t’aime libre, Tu me manques, dans ma vie un vide. Je dois apprendre à aimer pour l’autre Sans exiger de se suivre comme apôtres.
Sans contrainte, sans chaîne, sans promesse, Être unique et multiple dans l’ivresse. D’être, de tout partagé sauf sa liberté. Tout t’appartient, la terre comme tes pensées.
Où es-tu allé mon petit ami noir ? Rendre un autre heureux il me faut croire. Il est si gai, sa voix une boîte à musique. Son corps doux et chaud, une toile d’artiste.
Sa démarche souple, un véritable félin. Ses yeux perçants, le geste rapide; quel magicien ! Mon cœur a rajeuni quand j’ai rencontré Koraki.
Koraki, bel ami, bel animal, Quelles différences nous séparent ? Quelques ressemblances, le bien et le mal Pour nous sans importance; nul part Et partout la joie de vivre en harmonie De tout quitter même les amis Pour goûter à l’univers.
Peu importe par terre ou par mer, S’il le faut par les airs; p.15 Rien ne nous fait peur pour être heureux. Ni les moyens, ni les besoins, Tout est à notre portée quand on est amoureux.
Ton âme est dans ton regard, Tes yeux ton seul trésor. J’ai connu une joie, je l’ai appelé Koraki. Sans nom, sans bagage, il est reparti. Libre comme au premier jour, je l’ai compris. Dans sa course vers la vie, il ne veut être suivi Ou limité; c’est pourquoi je l’aime Koraki.
Koraki, ce que tu m’as apporté Est plus grand que de te posséder Car j’ai appris de ne rien exiger, De vivre, il me suffit pour continuer à aimer.
Tu n’es pas le premier ni le dernier Que j’aime et l’amour ne peut se conjuguer À aucun temps car le présent est déjà passé. Demain me semble loin aujourd’hui Mais moins quand je fermerai les yeux pour la nuit.
La vie n’a pas de temps Car tout est en mouvement. Rien n’est stable en ce moment, Tout peut changer en un seul instant.
Tout est, tout recommence, Tout est sans âge, même l’enfance. Tout passe, tout est dans la mémoire, Tout se cache au fond de l’Histoire.
Mon cerveau cherche en vain son âme Mon cœur bat comme une mécanique infâme. Seul mon esprit coordonne désormais ma Vie.
Je ne pourrai t’oublier, cher ami, Koraki Car ce poème que j’écris en Kriti En me servant de toi comme alibi En demandant qu’on me serve un raki Me permet de me situer dans ma vie Avec les autres, avec toi, avec l’ennui.
L’ennui me quitte quand je suis seul Mais revient quand j’aime comme un aveugle p.16 Qui n’a pas encore appris à marcher, Qui craint sans cesse de trébucher.
Tu me rappelles avec délices, Ti-pisou, Éloïse, Raquam, Boîte à malices. Tous les noms sont permis je crois Mais le tien, Koraki, le plus beau pour moi Car tu es plus un ami qu’un CHAT..
Gilles Lagrois
Kriti, Kalessa, Grèce, mi-août 1978
Commentaire de cristalinette13 (12/06/2013 12:31) :
" ...C’est souvent dans les moments de douleur et d’épreuves
Que l’on découvre que la vie est belle. GiL ..." : l'homme heureux est
rarement conscient de son bonheur
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