PINGEOT Mazarine
MARA, Julliard, 2010, 506 pages
Présentation de l'éditeur
« La surprise vient de la liberté et de l’inventivité avec lesquelles Mazarine Pingeot s’empare
une fois de plus - d’un sujet tabou, pour en faire une épopée moderne et romanesque.
Tanger la Blanche. Un mausolée sur un toit. Deux corps nus, enlacés, entre la vie et la mort. Mara et Manuel, le mannequin vedette et l’homme d’affaires brillant, sont étendus sur le lit, gisants tragiques d’une mise en scène suicidaire. Eux, qu’une beauté et une fortune trop arrogantes rendaient intouchables, ont choisi de se laisser mourir. Hicham, l’associé et l’ami de Manuel, qui les découvre et les sauve, veut comprendre comment ces deux êtres qu’il admire tant ont pu en arriver là.
Ainsi s’ouvre l’histoire de Mara, cette jeune femme étrange, inaccessible à elle-même autant qu’aux autres, qui va se révéler au cours d’une longue et éprouvante quête des origines. Sortis de leur coma, Mara et Manuel sont séparés dans deux hôpitaux différents. Mara reste seule, incapable de surmonter la douleur qui la broie. Quand et où le désespoir a-t-il commencé ? À seize ans, le jour où elle a retrouvé Manuel, le frère dont elle avait été séparée après sa naissance ? Ce même jour où les deux jeunes gens sont tombés immédiatement amoureux l’un de l’autre, enfreignant un des tabous les plus terribles ? Ou bien son mal de vivre vient-il de plus loin : du jour où leur père les a abandonnés, à peine âgés de dix-huit mois ? Subjugué par la jeune femme, Hicham veut l’arracher à sa mélancolie et à Manuel. Avec lui, elle échafaude le rêve d’accomplir son désir d’enfant. Mais d’abord, elle doit partir à la recherche de ses origines dont elle ignore tout. Il lui promet de la soutenir durant cette quête.
Pour elle, il abandonne sa famille et l’entraîne dans ce voyage halluciné qui les conduira jusqu’en Algérie d’où la mère de Mara était originaire. Dans cette Alger déchirée par les affres de la guerre civile, où plane l’ombre menaçante et désirée de l’amant, de l’ami, du frère. Après l’immense succès commercial de Bouche cousue, suivant la voie du Cimetière des poupées, Mazarine Pingeot s’aventure encore plus loin dans l’écriture romanesque, sans déroger à sa manière audacieuse d’explorer l’amour qui fait mal.
Le secret, le trio, la filiation..., la romancière retrouve les obsessions qui lui sont propres pour tisser un nouveau portrait de femme. Mais cette fois, d’une rive à l’autre de la Méditerrannée, les générations s’affrontent et les voix se répondent sur fond d’une page noire de l’Histoire. Les récits s’entremêlent, lumières et décors prennent vie pour participer à l’invention d’un destin surprenant et délivrer à chacun, par des détours inattendus, une partie de l’énigme. C’est l’intrusion du cinéma qui se fait voir dans les mots de Mazarine Pingeot, son plaisir du suspense et sa fascination pour les amours tragiques et flamboyantes.
Normalienne, agrégée et professeure de philosophie, Mazarine Pingeot a déjà publié, chez Julliard, Premier roman, Zeyn ou la Reconquête, Ils m’ont dit qui j’étais, Bouche cousue et Le Cimetière des poupées. »source :www.bibliosurf.com
Que dire de ce roman bouleversant par son sujet tabou, l’inceste, vécu dans des pays arabes de croyance musulmane et en situation de guerre continue. Le style est poignant, réaliste à l’extrême, plongeant dans l’intimité de trois êtres liés par l’amour, l’amitié, le pouvoir social de l’homme sur la femme. Ce roman est une fresque détaillée de la vie intime de la vie de trois êtres par une description détaillée de leur vie intérieure, psychologique et sociale sans honte, sans gêne voire dramatique. Ces êtres sont à la fois fragiles, forts mais déséquilibrés par les événements souvent incrontrôlables qui les poursuivent. Un livre magistral et une auteure dévoilant un immense talent d’écriture. GiL