THUY Kim
RU, Libre expression, 2009, 144 pages
« Sobre et pudique, Kim Thúy raconte l'exode de sa famille.
Elle est venue au monde pendant l'offensive du Têt, "aux premiers jours de la nouvelle année du Singe". Dix ans après, la voici dans un ventre moins protecteur : celui d'un bateau fuyant le Vietnam. Kim Thúy est une boat people. Elle réside au Canada depuis trente ans et vient de publier Ru, un premier "roman" aux airs de récit autobiographique - un exercice de mémoire réussi, empli de poésie.
En français, ru désigne un petit ruisseau. On le sait moins, en vietnamien ce mot veut dire "berceuse"... Ainsi, Kim Thúy berce le lecteur de ses mots, dans un beau français dépouillé, mâtiné d'expressions vietnamiennes et d'images fortes. Sur le bateau, une étoile polaire donne de l'espoir : une ampoule suspendue à un clou rouillé. Dans le camp de réfugiés, la cabane sur pilotis est recouverte d'une toile "bleu jouet".
Nguyen An Thin, la narratrice, reste attachée au souvenir de sa mère : " Mon nom est une simple variation du sien puisque seul un point sous le i me différencie d'elle." Cette mère, fille de préfet, était une habituée des réceptions mondaines. Mais, en prévision de la chute, elle enseignait à ses enfants à s'agenouiller "comme les domestiques".
Courageuse, comme le sont les femmes de son pays, la narratrice ne se plaint jamais de son sort. Elle compare les biscottes imbibées d'huile de moteur à du pain beurré. Elle retient, de l'amoncellement d'excréments dans le camp, la vision de sa babouche d'enfant. Elle constate, se souvient, avec toujours aux lèvres le sourire de la politesse : "Ma langue maternelle était devenue non pas dérisoire, mais inutile." Elle apprend l'anglais mais ne retient qu'une seule phrase ("my boat number is KGO338") et conclut, avec l'humour acidulé qui fait tout le charme de son récit, souvent burlesque : "Je n'ai jamais eu la chance de l'employer."
En racontant l'histoire de sa famille, An Thin - ou Kim - nous rappelle aussi celle d'un pays "divisé en deux", l'entrée des communistes à Saigon, le chant des mouches, l'humiliation, les camps de rééducation. En comparaison de la guerre, le Canada français, terre d'exil, apparaît un paradis terrestre. La première image aperçue, à travers les hublots d'un avion, est celle d'un paysage "virginal".
Le joli roman de Kim Thúy n'est jamais triste. Sa mère lui récitait souvent ce proverbe vietnamien : "La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite." Elle a livré ses combats sans tristesse. Et sa fille nous livre un récit apaisant. »
Source : www.lexpress.fr
Présentation de l'éditeur
« Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain. » source : www.bibliosurf.com
• « Récit bouleversant d’une vie miraculeusement arrachée à la mort, le livre de Kim Thuy se lit sereinement parce que dénué de ressentiment, de rancœurs .Une écriture fluide et accrocheuse tant sur le plan de la langue qui « croise » les mots du français avec des expressions vietnamiennes que sur le plan des descriptions très imagées. Cette mémoire semble se repérer à la lueur des souvenirs les plus vivaces et Kim les évoque avec beaucoup de délicatesse pour mieux nous communiquer la sensibilité qui les transporte. Kim, c’est aussi ce « ruisseau » dont le murmure de l’eau « berce » notre lecture de sentiments qui exaltent la pudeur, le respect, ne laissant aucune place à la haine. Un récit en somme dédié à tous ceux dont l’exil a contraint à un perpétuel recommencement … Un livre pour apaiser la souffrance de ceux qui ne sont de nulle part … Kamel Kies »
Livre vivement conseillé par kamel kies, une lectrice.
Source : www.bibliosurf.com
J’ai aimé ce roman genre récit par son réalisme, son objectivité, son humour. Ce texte nous touche car il est authentique, nous fait vivre toutes les émotions et les étapes que doit vivre une immigrante qui quitte son pays en détresse. Une belle qualité d’écriture, une façon bien particulière de nous faire comprendre son vécu et son adaptation dans un pays nouveau qu’est le Québec pour elle. Une belle révélation. À lire sans faute. Gilles Lagrois