GRISHAM John
LA DERNIÈRE RÉCOLTE, Robert Laffont, 2002, 362 pages
Le coton du désespoir
"John Grisham, l'auteur américain le plus au monde, maître incontesté du thriller juridique, change ici de registre en nous proposant un roman rural, inspiré de sa propre enfance, dont l'histoire se situe en Arkansas dans les années 50.
C'est l'histoire d'une famille de fermiers pauvres qui n'ont pour seule ressource que quelques champs pour cultiver le coton et survivre. Car c'est bien de survie qu'il s'agit : travail harassant, journées interminables, météo capricieuse, conflits entre saisonniers, l'inquiétude reste permanente chez les Chandler.
Grisham choisit comme narrateur un jeune garçon, Luke, qui décrit l'arrivée des saisonniers pour la récolte du coton, "ceux des collines" et une bande d'ouvriers mexicains en septembre 1952 et dont la vente permettra de rembourser les dettes familiales et préparer la saison suivante. Seules distractions de cette famille, l'office religieux du dimanche et leur passion pour leur équipe fétiche de base-ball des Cardinals de Saint-Louis, dont ils suivent les matches à la radio. On retiendra le drame quotidien de cette famille américaine qui use sa vie pour une récolte misérable, dont les parents du petit Luke se décideront quand même à quitter pour tenter de trouver un nouvel élan ailleurs et fuir cette pauvre destinée.
L'auteur, à travers cette oeuvre personnelle, inspirée de ses souvenirs d'enfance, livre un témoignage émouvant de la bataille quotidienne de cette famille pour rentrer la récolte, les difficultés à gérer l'indispensable participation de saisonniers, l'univers d'un petit monde de l'Amérique profonde des années 50 d'avant la télé, la rudesse de la vie de fermier en raison des conditions climatiques aléatoires, des lois du marché. Un livre très attachant et qui reste encore d'actualité. » source : www.critiqueslibres.com
Un récit touchant, maîtrisé et mesuré
« John Grisham nous livre un récit parfaitement maîtrisé, où les petites anecdotes alternent avec des évènements plus graves voir tragiques, mais sans jamais sombrer dans la surenchère.
L'auteur a eu l'intelligence de rester mesuré dans la proportion prise par les évènements (climatiques notamment) conférant à la narration un aspect tout à fait crédible et tout simplement réel. On peut certes reprocher la minceur de l'intrigue mais cela est tout simplement voulu dans un souci de cohérence et de conformité à la réalité historique.
Le choix d'un narrateur de 7 ans peut amener quelques critiques quant au style d'écriture, simple et léger mais il amène aussi son lot de moments de naïveté touchante et de rêves perpétuellement changeants.
C'est aussi un moyen pour l'auteur de relater une perception différente de ce monde d'adulte entourant le petit Chandler. Lui voit d'un œil extérieur la récolte du coton (bien qu'il y participe) car indirectement impliqué dans les aspects économiques. Et il voit aussi le désir d'un avenir différent dans le regard de sa mère.
Et puis il est expansif là où les adultes préfèrent se taire et cacher leurs émotions. Lui pleure, s'émeut, a peur et découvre (déjà) les premiers émois que peuvent procurer la gente féminine.
Il en reste un roman simple (dans un sens non péjoratif), touchant, d'un milieu qu'on se surprend parfois à vouloir mieux connaître malgré sa rudesse. Les valeurs, le mode de vie, l'époque... sont bien éloignés de nous et pourtant à certains moments on se prend à s'imaginer à travers champs, loin finalement de la civilisation.
Un instant fugace qui s'efface quelques secondes à peine après cette drôle d'idée... » source : ww.critiqueslibres.com
Très bon roman de Grisham dont la réalité des années 1950 nous rattrape par son réalisme, par ses personnages aussi authentiques qu’attachants. Il y a les bons, les méchants, les riches, les pauvres, les croyants Baptistes et Méthodistes, les fermiers, les commerçants, les travailleurs saisonniers Mexicains et les femmes de tous âges qui jouent un rôle important dans cette société rurale. Un grand roman social par la portée des événements et des drames auquels sont confrontés les personnages. Le regard apporté pour le narrateur de sept ans sur les événements dont il est le témoin et de tous les secrets dont il est le garant rend ce roman inattaquable, incontestable dans sa réalité. Trois générations partageant la même maison, la même passion qui est également leur seule source de survie, la récolte du coton.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec.