DESPENTES Virginie
APOCALYPSE BÉBÉ, Grasset, 2010, 342 pages
Un roman inclassable, mais fort...
« Lucie est une jeune détective privée qui doit surveiller Valentine une ado fragile en rupture de lycée que son père et sa grand-mère soupçonnent de mener une double vie. Mais un jour elle la perd dans le métro, provoquant la colère de ses commanditaires qui exigent qu'elle la retrouve illico. Lucie, aidée de La Hyène, une privée lesbienne aussi étrange que violente, se lance sur ses traces en cherchant des indices auprès de tous ceux qui l'ont fréquentée, ses amis, ses rencontres d'un soir, mais aussi sa mère qui l'a laissée à son père alors qu'elle n'était qu'un bébé. Les deux femmes vont faire bien des découvertes au cours d'une enquête qui les mènera de Paris à Barcelone. Retrouveront-elles vivante la petite fille riche égarée ?
« Apocalypse bébé » est un roman assez inclassable, à la limite de plusieurs genres. A la fois polar noir et thriller, il fait également la part belle à la satire sociale et à la romance sentimentale homosexuelle. Despentes s'étend assez lourdement sur les bonheurs incomparables du sexe entre lesbiennes ce qui peut finir par lasser.
Au niveau de l'intrigue, c'est assez léger et le lecteur sent bien que le côté policier est plus un prétexte qu'autre chose d'autant plus que la fin, qui explicite le titre du bouquin, est plus qu'improbable. Si l'on ajoute un style approximatif assez proche du premier jet (coquilles, erreur dans les noms de personnages, phrases mal équilibrées et utilisation de la première puis de la troisième personne du singulier aux moments les plus incongrus ce qui ne peut en aucun cas passer pour un effet de style), l'ensemble pourrait sembler assez faible s'il n'y avait l'humour, l'ironie, le regard intelligent et plein de finesse d'une auteure qui est d'abord et avant tout une observatrice impitoyable des travers d'une société qu'elle passe au vitriol et au scalpel de sa plume véhémente. Et rien que pour ça, il faut lire ce bouquin car il recèle des fulgurances remarquables de justesse. (Un exemple: « Les gens bien nés se reconnaissent à l'odeur, et repèrent les intrus de la même façon. ») » source : www.critiqueslibres.com
Roman moderne
"Apocalypse bébé, c’est le déroulement de l’enquête d’une détective et de son acolyte parties à la recherche d’une ado disparue. Leurs recherches les amènent sur la piste d’une foule de personnages, que l’auteure place tour à tour sous ses projecteurs pour l’espace d’un chapitre. Le récit alterne donc entre le déroulement de l’enquête de Lucie et la Hyène et les histoires de ces multiples personnages, qui sont plus originales les unes que les autres. C’est ainsi que l’histoire de Valentine est graduellement reconstituée à travers les récits des gens qui l'ont côtoyée.
La formule n’est peut-être pas nouvelle, mais elle est efficace et je trouve que l'auteure a très bien su en tirer profit. Un nouveau personnage à mettre en scène, c’est une nouvelle histoire à raconter à l’intérieur de celle qui court déjà le roman et loin de créer un effet "nouvelles", j’ai trouvé que le résultat était prenant. J’ai aussi beaucoup aimé le style de Virginie Despentes. Les images qu’elle prend pour illustrer ses idées, les remarques pleines de vérité placées juste au bon endroit, sa façon de décrire les personnages et de parler pour eux sans que ça ne sonne jamais faux… C’est aussi un roman moderne; des romances lesbiennes sont décrites sans tabous, Facebook, Twitter et Myspace font tous partie de l’enquête, etc. C’est un peu le portrait de notre époque, avec tout ce qui la caractérise.
Il y a par contre ces petites coquilles qui rendent certaines phrases plus difficiles à comprendre, et l’abondance d’expressions françaises m’a aussi un peu agacée parce que je ne les saisis pas toujours. Et puis, moi non plus je n’ai pas vraiment aimé la fin. Dommage, parce que tout me semblait mis en place pour boucler la boucle... »
Gabri, lecteur, source :www.critiqueslibres.com
Par l’éditeur : » Valentine disparue… »Qui la cherche vraiment? Entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne, le nouveau roman de Virginie DESPENTES est un road-book qui promène le lecteur entre Paris et Barcelone, sur les traces de tous ceux qui ont connu Valentine, l’adolescente égarée…Les différents personnages se croisent sans forcément se rencontrer, et finissent par composer, sur un ton tendre et puissant, le portrait d’une époque. »
Un roman spécial avec un style spécial avec des héroïnes spéciales. On n’aime pas ou on craque. Ce roman frappe par sa modernité, sa marginalité, son style puncheur.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec