BEIGBEDER Frédéric
UN ROMAN FRANÇAIS, Grasset, 2009, 280 pages
AU LECTEUR
"L'idée de ce livre m'est venue le 20 janvier 2008, quand j'étais en garde à vue au commissariat du 8ème arrondissement de Paris. Pour oublier ma claustrophobie, je me suis réfugié dans le pays perdu de mon enfance. Je croyais avoir tout oublié, et puis…petit à petit, un monde m'est apparu. Je suis le fils d'une aristocrate limousine et d'un riche héritier américano-béarnais; mon enfance fut marquée par leur divorce en 1972. Mon paradis c'est la plage de Cénitz à Guethary, le parc de la Villa Navarre à Pau, la colline du château de Vaugoubert à Quinsac, les reflets verts des avenues de Neuilly et des allées du Bois de Boulogne : c'est un monde révolu. La France dans laquelle j'ai grandi n'avait rien à voir avec celle d'aujourd'hui, je la décris sans nostalgie, comme une contrée imaginaire, comme si mon passé était une fiction. Il m'a semblé redécouvrir quelque chose ou quelqu'un, une époque, une famille, un pays, mais je peux me tromper, je n'ai pas le recul nécessaire.
Après avoir écrit un roman qui se passait en Amérique et un autre qui se déroulait en Russie, je voulais sans doute rentrer chez moi ; c'est souvent le cas des gens qui sont enfermés dans une cellule.
Bizarrement, depuis vingt ans que je publie des livres, je n'avais jamais parlé de mon passé. J'attendais peut-être, pour écrire " Un roman français", de ne plus pouvoir faire autrement. Ou alors c'est plus grave : mon utopie est derrière moi."
Source :www.editions-grasset.fr
« Comme chacun sait car il en a beaucoup été question lors de sa sortie, ce roman a été inspiré à l'auteur par sa garde de vue très médiatisée suite à une consommation de stupéfiants sur la voie publique. Ainsi que Frédéric Beigbeder le dit, il a alors eu envie de remonter le temps et le fil de son histoire, pour ressusciter une mémoire profondément enfouie. A tel point qu'il se croyait amnésique et que ses proches le voyaient comme un dandy indifférent.
Je pense que ce livre, très agréable à lire, entrera particulièrement en résonance chez les lecteurs de la même génération que l'auteur. Grâce à lui, je me suis remémoré certaines choses que je croyais moi aussi effacées de ma mémoire, comme le fait de manger au goûter des tartines beurrées saupoudrées de Benco. Beaucoup de souvenirs télévisuels ont également refait surface, et je me suis surprise à fredonner tous les jingles publicitaires évoqués.
J'ai en revanche moins goûté les chapitres où il narre par le menu son interminable garde à vue, car j'ai eu l'impression que Frédéric Beigbeder revêtait alors l'armure qu'il s'efforçait de fendre dans l'évocation de ses souvenirs d'enfance.
En résumé, ce livre nostalgique au doux parfum de bonbons aujourd'hui disparus m'aura fait vivre un agréable moment. Et même s'il ne figurera sans doute pas dans une bibliothèque idéale, ce n'est déjà pas si mal. »
source : www.critiqueslibres.com
Aliénor - 11 mars 2011
« Moi aussi Beigbeder m'énerve, mais je trouve qu'il a du talent ! Ce livre prouve une fois de plus que quand il se met à écrire, Beigbeder efface totalement l'agaçant personnage bobo médiatique. J'ai bien aimé cette biographie sensible, honnête, qui fleure bon la France et surtout très bien écrite.
Mais comme je le disais, il y a toujours un truc qui m'énerve chez lui... Dans ce bouquin, c'est le fait qu'il ose s'insurger contre le fait d'avoir été mis en garde à vue pour consommation de cocaïne sur la voie publique et sur les conditions de sa garde à vue. Je trouve cela indécent... Mais je lui pardonne à moitié car ce fut le déclic pour se mettre à écrire ce joli livre. »
source :www.critiqueslibres.com
Gnome (Paris, 7 décembre 2010)
« Ce livre, contrairement à ce qui est annoncé, n’est pas un roman. Sauf si l’on se réfère à la phrase : « Ma vie est un roman «. Plutôt donc une autobiographie. Qui n’est pas sans intérêt, comme toute autobiographie, mais elle en reste là. Beigbeder nous dit qu’il est amnésique et pourtant que d’anecdotes, que de souvenirs. Il manque toutefois ici un peu de panache, de profondeur. Certains chapitres sont même assez insignifiants. L’auteur ratisse large et l’on reste (un peu) sur sa faim.
J’ai bien aimé le chapitre « inventaire parental«.
Mais sa " dénonciation " du système carcéral tombe à plat. Loupé !
Catinus (Liège,- 9 octobre 2010 » source : www.critiqueslibres.com
Ce roman autobiographique relate l’histoire d’un homme qui avoue avoir oublié son enfance c’est à dire tout ce qui s’est passé avant ses seize ans : il a un frère aîné qui est son modèle et son antithèse, des parents séparés, une vie avec différents beaux-pères. À travers ses confidences on retrace le véritable homme qui se cache sous son amnésie.
Ce roman demeure un roman touchant où tous et chacun pouvons nous reconnaître face à une vie de famille divisée et confuse qui nous est imposée face à des événements hors de notre contrôle et celui de nos parents. On ne peut jeter la pierre à qui que se soit car ainsi sont les turpitudes de la vie.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec.
« Il est difficile de se remettre d’une enfance malheureuse, mais il peut être impossible de se remettre d’une enfance protégée. »
« page121
« Chaque geste que nous faisons, chaque parole prononcée a des conséquences. Le silence de ma mère sur l’absence soudaine de mon père m’a fait vivre toute mon enfance dans une fiction, celle d’un papa en voyage et d’une maman délaissée qui finit par se consoler dans les bras d’un autre. » page130
« J’ai été un garçon assujetti à un nouveau matriarcat, idolâtrant sa mère, mais avec une revanche à prendre sous toutes les femmes. » page 249
« C’est l’histoire d’une Emma Bovary des seventies, qui a reproduit lors de son divorce le silence de la génération précédentes sur les malheurs des deux guerres.
C’est l’histoire d’un homme devenu un jouisseur pour se venger d’être quitté, d’un père cynique parce que son coeur était brisé.
C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère. » page256
« Un matin, je m’en souviens distinctement, je me suis rendu compte que j’avais grandi, que je faisais mes courses pour le soir, que j’étais adulte avant d’être majeur. Mon enfance s’arrête ce matin-là. J’ai été un adulte dans un corps d’enfant, puis un beau matin, je suis devenu un enfant dans un corps d’adulte. » page267