MICHAEL CONNELLY
LA BLONDE EN BÉTON, roman. SEUIL, 1996, 463 pages.
« L'inspecteur Harry Bosch se dit certain que Norman Church, l'homme qu'il a tué un soir dans une chambre de Los Angeles, était bien le Dollmaker, autrement dit "le faiseur de poupées", meurtrier en série qui assassinait des jeunes prostituées, et les maquillait outrageusement avant d'abandonner leurs cadavres dans des lieux publics. La veuve de Church, pourtant, a décidé de poursuivre le policier en civil : rien, à ses yeux, ne justifiait un tel recours à la force.
Bosch se tait, et se sent, en sécurité. Malgré ses méthodes toujours peu orthodoxes, ses supérieurs hiérarchiques ne lui ont pas retiré leur confiance. L'avocate de la partie civile, la très brillante Honey "Money" Chandler, n'obtiendra tout au plus, en cas de succès, qu'une réparation symbolique.
Jusqu'à ce que Bosch en vienne peu à peu, avant que quiconque ne l'accuse, à douter de l'identité du principal - et unique - suspect, aujourd'hui défunt...
Norman Church était-il vraiment le "Dollmaker" ? Au cours du procès, le cadavre d'une nouvelle jeune femme est découvert sous la dalle en béton d'un immeuble. Et tout indique que ce meurtre ne peut être attribué qu'au Dollmaker.
Inquiet, Harry Bosch rouvre le dossier du mort et reprend l'enquête à son point de départ.
Où, et quand, a-t-il fait fausse route ? Et que peut-il faire pour arrêter l'assassin avant que celui-ci ne mette à exécution ses menaces de mort ?
Les dix premières lignes :
La maison de Silverlake était plongée dans l'obscurité, ses fenêtres aussi éteintes que les yeux d'un mort. C'était une vieille construction "California Craftsman", avec une véranda vitrée et deux lucarnes encastrées dans la longue descente du toit. Mais aucune lumière ne brillait derrière les vitres, pas même au-dessus de la porte d'entrée. En revanche, la bâtisse projetait autour d'elle une obscurité inquiétante que même la lueur du lampadaire dans la rue ne parvenait pas à percer. Un homme pouvait fort bien se trouver dans la véranda sans qu'il soit possible de le voir, et ça, Bosch le savait.
- Vous êtes sûre que c'est ici ? demanda-t-il.
- C'est pas cette maison, répondit-elle. C'est derrière (...).
Un avis personnel :
par Patrick Galmel, le 24 janvier 2005
Prix Calibre 38 en 1996.
L'inspecteur Harry en plein doute... Le dur, le vrai, le tatoué, qui va devoir affronter une terrible avocate dans un procès qui nous laisse entrevoir le fonctionnement de la justice américaine. Se serait-il trompé en abattant celui qu'il pensait être coupable ? C'est justement ce doute qui le poussera à reprendre cette enquête, le doute et cette avocate arriviste autant que teigneuse, qui le harcèle et le pousse dans ses retranchements ; Bosch va encore devoir affronter son passé.
Michael Connelly signe là un de ses meilleurs romans où son personnage récurrent, l'inspecteur solitaire Harry Bosch, prend une épaisseur toute particulière. Une intrigue à rebondissements multiples comme il sait si bien les construire, et une critique sévère du système judiciaire des États-Unis (allusions aux procès de Rodney King et OJ Simpson) qui tend à privilégier l'épanouissement des ténors du barreau plutôt que le rendu de verdicts fiables et impartiaux.
À lire sans hésiter
Source :www.polarnoir.fr
Peut être le meilleur Connelly !
« Après avoir commencé par lire Le Poète, j'ai enchainé sur l'oeuvre de Connelly en lisant ses livres dans l'ordre. J'ai donc suivi l'évolution de son personnage récurrent Harry Bosch. Au fil des intrigues, on apprend à le connaitre, et il devient vraiment attachant et intéressant.
L'inspecteur Bosch travaillait au sein d'une brigade spéciale enquêtant sur les meurtres du "Doll-maker", tueur en série. L'enquête s'était achevée avec la mort du principal suspect, Norman Church.
Dans la blonde en béton, 4 ans plus tard, une redoutable avocate de L.A., accuse Bosch d'avoir abattu un innocent. Et malgré le soutien que lui apportent ses supérieurs, l'inspecteur ne tarde pas à douter de la légitimité de son geste...
Tandis que les audiences, de plus en plus tendues, se succèdent, l'inspecteur reprend l'enquête à son point de départ.
C'est un des meilleurs romans de Connelly avec Bosch car le personnage doute, s'interroge sur la justice ... Son face à face avec l'avocate est très intéressant également. L'histoire est comme à l'habitude très prenante. Si parfois, on devine les évènements à venir dans certains de ses romans, ce n'est pas le cas ici ou l'intrigue est pleine de rebondissements, tout en ne perdant rien de sa solidité.
Bref, pour les amateurs de polars, c'est à mon avis un must ! Cependant pour mieux l'apprécier, il est certainement mieux de commencer la série des H.Bosch dans l'ordre chronologique. (Le premier est aussi le premier Connelly : les égouts de Los Angeles - également très bien » ) source :www.critiqueslibres.com
3ème opus de la série Harry Bosch.
Harry Bosch, l’inspecteur de la police de Los Angeles. Un tueur en série un peu pervers. Une situation judiciaire compliquée pour Harry Bosch qui se greffe là-dessus. L’occasion pour Michael Connelly de donner la pleine mesure de sa virtuosité à monter des intrigues originales, crédibles et cohérentes. A nous parler de l’humain également ; relations hiérarchiques compliquées pour Bosch, relations amoureuses, fascination professionnelle d’un flic pour une avocate, … rien de simple. Et pourtant Michael Connelly gère tout ceci à merveille et nous tient scotché aux 463 pages ; nuits blanches assurées !
C’est que ça s’emmanche mal pour Harry Bosch qui, quatre ans auparavant a mis fin à la série de meurtres abominables commis par un tueur psychopathe, « Dollmaker », en le tuant lors de la tentative d’interpellation. C’était il y a quatre ans. Et là, c’est le procès qui lui est intenté et qui devrait n’être, somme toute, qu’une formalité. Sauf que. Sauf que les crimes semblent reprendre selon le même modus operandi ; « Dollmaker » vivant ou sinistre imitateur ? Sauf que l’avocate de la famille de celui qu’on croit être le « Dollmaker » jure de son innocence et s’appuie bien entendu sur la recrudescence des meurtres. Quelqu’un veut accrocher le scalp de Bosch à sa ceinture et la hiérarchie dudit Bosch étant ce qu’elle est … malaise.
L’intrigue va donc osciller entre le procès lui-même et la reprise de l’enquête par Bosch pour tenter de sauver son honneur et sa fonction. C’est réellement bien mené et assez étouffant, ne laissant aucun répit au lecteur. Le doute est là, qui vous taraude. Le doute quant à la culpabilité de Bosch – a-t-il tué le « Dollmaker » – et le doute vis-à-vis de cette justice américaine, ou, disons, de la la justice en général.
« Affaire de la perruque : le procès de la police débute aujourd’hui
Par Joel Bremmer, correspondant du Times
C’est un procès inhabituel, dans une affaire de droits civiques, qui s’ouvre aujourd’hui, puisqu’un membre de la police de Los Angeles est accusé d’avoir fait un usage abusif de la force, il y a quatre ans, en tuant par balle un prétendu serial killer qui, c’est du moins ce qu’avait cru le policier, tentait de s’emparer d’une arme. En réalité, le suspect voulait seulement récupérer sa perruque glissée sous l’oreiller.
L’inspecteur de la police Harry Bosch, 43 ans, a été traduit en justice sur plainte de la veuve de Norman Church, un employé de l’industrie aérospatiale abattu par Bosch à l’issue d’une enquête sur les meurtres du fameux « Dollmaker ». »
On rajoutera à tout ceci une relation naissante et encore hésitante entre Harry Bosch et Sylvia, la veuve d’un collègue qui peut naturellement appréhender s’engager avec quelqu’un qui aura des problèmes similaires à ceux qu’avait son ex-mari, et on comprendra que le quotidien de Bosch dans cet épisode est tissé d’incertitudes, de doutes et de craintes.
Difficile de s’extirper de ce bouquin tant qu’il n’est pas achevé !
Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 54 ans) - 20 janvier 2010…..source :www.critiqueslibres.com
Excellent roman du genre polar-thriller. Pas surprenant que Michael Connelly ait été lauréat de l’Edgar, du prix « Calibre 38 » pour ce roman qui est d’une écriture explosive, haletante, soutenue par un rythme endiablé, à couper le souffle.
Les personanges sont complexes, d’une grande intensité par leur rôle, leur profil, leur diversité humaine et sociale. Les qualités d’écriture de ce roman dénotent des connaissances de spécialiste de la loi américaine, de la justice dans ses moindres méandres.
Ce roman est brillant, intelligent mené comme une course contre la montre. Tout amateur de polar sera comblé par ce roman d’une grande qualité d’écriture; une réussite remarquable.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec