LAPEYRE Patrick
LA VIE EST BRÈVE ET LE DÉSIR SANS FIN, P.O.L. Éditeur, 2010, 344 pages
« La vie est brève et le désir sans fin est un livre sur les affres de l’amour, vues du point de vue masculin. Il met en scène deux hommes, l’un marié, à Paris, l’autre pas, à Londres, tous les deux amoureux de la même femme, assez énigmatique, et qui va de l’un à l’autre. Il y a celui qui hésite, et celui qui attend, tous les deux souffrent.
Comment choisir ? Qui choisir ? Ce roman est l’histoire d’une inépuisable et inéluctable souffrance amoureuse plus forte que tout. Et elle est racontée de l’inimitable manière qu’à Patrick Lapeyre de raconter le monde comme il ne va pas. Petites touches d’une acuité et d’une intelligence qui laissent confondu. Événements apparemment anodins qui ne le sont en fait pas du tout. Poétique de la métaphore, métaphores tellement inattendues et qui sont en réalité rien moins, une à une et peu à peu, qu’une pensée du monde. Humour profondément lucide et humain, généreux. D’où vient, lisant ce livre d’une insondable mélancolie que l’on ne puisse faire autrement que sourire, constamment sourire. Peut-être du bonheur d’avoir été reconnu ? »source : www.p.o.l.editeur.com
Fenêtres sur cœurs
« À l'écart du monde, les jeux de l'amour et du désamour éclosent dans le subtil roman de Patrick Lapeyre.
Lorsque le cours des événements se fait trop menaçant, Blériot sait comment ouvrir la fenêtre et s'échapper, s'absenter en pensées, il lui suffit pour cela de trouver dans l'air un son sur lequel concentrer son attention, dans son champ de vision un point à fixer, « et de bloquer ses poumons à la manière d'un plongeur en apnée ». Ainsi Blériot se place-t-il quand il le faut hors du temps, se préserve-t-il du désarroi, du vertige, des trop grandes douleurs – ainsi demeure-t-il, à 40 ans ou presque, un jeune homme aux enthousiasmes, à l'innocence, au cynisme, aux égoïsmes adolescents.
L'unique objet de ses pensées, de ses désirs, de ses tourments, a, elle aussi, une beauté, une insouciance, une pente fantasque toutes juvéniles. Elle s'appelle Nora, dans la vie de Blériot elle apparaît et disparaît, adorable et cruellement indécise, aimantée par un autre pôle, un autre homme – le raisonnable Murphy. C'est à Londres que vit Murphy, à Paris qu'est Louis Blériot (oui, c'est ainsi qu'il se nomme...), et le roman de Patrick Lapeyre circule savamment, et avec une merveilleuse fluidité, entre tous ces éléments : Nora, Louis, Murphy, quelques personnages secondaires satellites, l'Angleterre et la France – l'Italie un peu, aussi –, la passion et le désamour, les instants de bonheur solaire et ceux de complet dénuement.
Derrière ce beau titre qui résonne comme un manifeste tao, La vie est brève et le désir sans fin est un pur et subtil roman d'amour, tout ensemble très contemporain et intemporel – contemporains sont le décor et le ton, intemporel est l'amour obsédant, électrique, trop démesuré pour n'être pas fatal, qui lie Louis et Nora. Et guide, évidemment, leurs destins, l'un à l'autre noués, vers la tragédie. Patrick Lapeyre n'en fait pourtant pas un drame, loin de là.
Plutôt une comédie, également teintée de gravité et de grâce, où l'humour, la douceur, le refus de la pesanteur ont autant leur place que la souffrance et le chagrin. L'écriture limpide, vive et précise de Patrick Lapeyre n'offre pas de prise au pathos. Elle scrute et expose les situations, s'attache de façon singulière aux perceptions et émotions des personnages – ainsi, par exemple, de Louis et de Nora, s'embrassant « mais très, très légèrement, comme des gens soucieux de ne pas toucher à l'équilibre de la planète- » –, ironise avec délicatesse sur les beautés et les complexités du difficile métier de vivre et d'aimer. »
Roman touchant par ses personnages, par son réalisme. Un homme, deux femmes, une femme, deux hommes, ainsi va la vie. L’auteur par son style décapant nous présente une réalité de la vie amoureuse. Sommes-nous bien assortis ? Sommes-nous heureux et sincères? Le désir est parfois plus grand que la possession….selon moi.
Dans la vie, chaque chose a son prix. Quel est le prix de la duplicité ?
Un grand roman d’amour ou une grande réalité sociale? À chacun sa réalité, à chacun ses plaisirs. Le tourbillon de la vie c’est la carrière, c’est la beauté, c’est le plaisir…mais à quel prix? Le couple change de partenaire comme on prend l’avion….
« ... même s’il sait que ce n’est la faute de personne. Puisque l’amour est sans solution. » page 96
« .. si le sexe dans certains cas peut être une forme de pesanteur, la solitude …est certainement encore plus grande « page 202
« J’ai souvent l’impression d’être un homme très ancien et très déphasé. Je crois qu’en fait je n’aime pas tellement notre époque. » page 214
« On n’est peut-être doués que pour le sexe.Ce qui n’est pas si mal! Page 215
« …une personne qui nous aime possède automatiquement des droits imprescriptibles sur nous … » page 224
Un roman qui peut nous concerner car dans notre entourge qui est vrai, qui peut être sûr de l’autre ? Sommes-nous à l’abri d’une escapade ?
Gilles Lagrois, Auclair, Québec.