DONALD WESTLAKE
MORT DE TROUILLE, Rivages/Noir Poche, 2010, 316 pages
« Barry et Lola se sont tout de suite aimés. Lui, l’Américain anonyme de vingt ans et elle, la Sud-américaine anonyme de vingt ans, se disaient qu’ensemble l’avenir leur appartenait. Et puis ils ont tout essayé et ne sont arrivés à rien, à part à continuer à s’aimer, mais sans un sou. Pauvres, mais avec trois cent mille dollars d’assurance-vie, qui seraient versés au survivant à la mort d’un des conjoints, voire doublés en cas de mort accidentelle.
La solution était alors évidente : retourner au Guerrera, le pays de Lola, et y simuler la mort de Barry. Ensuite celui-ci n’avait plus qu’à prendre l’identité de Felicio, un frère de sa femme mort très jeune, et rentrer aux États-Unis avec sa nouvelle " sœur ", riche de six cent mille dollars. Le plan était complexe mais tout s’était très bien déroulé, et Barry n’avait plus qu’à attendre tranquillement que Lola reçoive le chèque salutaire.
Hélas, au Guerrera les choses tournent au vinaigre en moins de temps qu’il n’en faut pour dire pour " Felicio Tobon de Lozano ". Ce sont d’abord les cousins pas très fins de sa femme qui, persuadés que le stratagème va rapporter un pactole de plusieurs millions de dollars que la famille pourra se partager, décident de rendre effective la mort du mari. Et quand Barry/Felicio réussit à se mettre à couvert, ce sont les assurances qui décident d’examiner d’un peu plus près ce dossier un peu trop parfait. Barry doit alors fuir et se cacher en changeant sans cesse d’identité.
Perdu entre tous ceux qu’il est censé être et celui qu’il est vraiment mais qui est mort, avec l’impression que la moitié du pays lui en veut, (un pays dont il ne parle même pas la langue) Barry/Felicio va se voir tour à tour perdu, puis sauvé, puis perdu à nouveau, jusqu’à un formidable dénouement comme Westlake sait les concocter.
Mort de trouille, ce serait plutôt " mort de rire ". C’est un livre prenant, drôle et léger, qui plonge le lecteur dans une intrigue complexe et aux rebondissements continuels, avec toute la science habituelle de Westlake. »
source : www.payot-rivages.net
En pays latino
« Je ne suis pas sûr que le titre soit très joli, ni très adapté. Ce qui est certain par contre, c’est que l’écriture de Donald Westlake reste d’une finesse rafraîchissante et précieuse.
L’histoire est, comme de coutume avec Westlake, d’une dinguerie prometteuse.
Barry, l’américain, et Lola, la sud-américaine débarquée d’un pays fictif, filent le parfait amour ensemble, mais les contingences de la vie sont là. Pour s’aimer, il faut vivre. Pour vivre, il faut des moyens. C’est là que ça coincerait un peu.
« Je n’ai pas d’explications. Peut-être attendait-on trop de la vie, Lola et moi, et elle nous avait donné bien peu ; ou plutôt, elle ne nous avait jamais menés bien loin. Rien n’avait vraiment marché, ni les plans pour se faire du fric, ni les opportunités saisies à bras-le-corps, ni aucune de nos combines pour décrocher le gros lot. »
Et c’est ainsi que s’échafaude une belle arnaque, somme toute assez classique (dans les romans ?) ; l’arnaque à l’assurance-vie qui peut leur rapporter six cent mille dollars. Dans les grandes lignes, Barry et Lola s’imaginent partir tous deux à Guerrera (le pays fictif qu’on situerait bien vers le Vénézuéla, la Guyane) et Barry pourrait bien y rencontrer une mort accidentelle pour revenir aux Etats-Unis sous l’identité d’un frère disparu de Lola, une fois le pactole touché.
Ca parait simple comme ça mais c’est Westlake et il s’en donne à coeur-joie avec un américain officiellement disparu, en réalité en cavale, confié à la famille de Lola, famille qui se dit que … finalement …, eux aussi pourraient être concernés par le pactole, et que, finalement, quel est l’intérêt que Barry reste vivant … !
La fin me parait un peu faible. Plutôt happy-end et très brutale, mais la substance du polar reste délectable. »
Par Tistou : lecteur …www.critiqueslibres.com
Rire fait du bien. Roman du genre polar-humour très amusant, disons, hilarant. Un bon moment de détente pour oublier les tracas du quotidien.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec