CARRISI Donato
LE CHUCHOTEUR, Calmann-Lévy, 2010, 432 pages
Un très bon roman du genre thriller-grands frissons. Le sujet est touchant, bouleversant et courageux : le meurtre de petites filles. Qui ne serait pas ému à la nouvelle du meurtre de fillettes de six à treize ans ?
Le sujet s’échaîne, se complique, se dévoile, s’accélère, garde la route jusqu’à la fin; à couper le souffle. Les personnages correspondent à une société moyenne voire normale : des bons, des méchants, des tordus, des génies, des parents avec des problèmes de parents, des spécialistes au service des enquêteurs et de la police, des enfants qui subissent des sévices et en meurent.
Un grand roman dans la veine de Millenium je dirais…mais rien n’est comparable en littérature, chaque roman est unique. Si le genre roman thriller t’intéresse de nombreuses heures de plaisir et d’angoisse t’attendent.
MODUS OPÉRENTI :
« Un tueur en série évolue dans un univers de symboles. Il suit un chemin ésotérique, démarré des années plus tôt dans l’intimité de son coeur, et qu’il continue maintenant dans le monde réel.Les filletttes enlevées ne sont qu’un moyen pour atteindre un objectif, un but. » p. 138
« On part de l’hypothèse que la personne ne naît tueur en série, mais qu’on accumule passivement des expériences et des stimuli, comme une sorte d’incubation de la personnalité meurtrière, qui débouche ensuite sur la violence. »p. 138
« Le premier stade de ce procédé est celui de l’imagination » « Avant de le chercher dans la réalité, l’objet du désir est longtemps fantasmé… »p. 138
« Le deuxième stade est l’ »organisation », ou la « planification ». L’imagination mûrit et passe à la phase exécutive, qui débute immanquablement par le choix de la victime. »
p. 139
« La troisième phase était celle de la « tromperie ». Comment les victimess ont-elles été approchées? » p. 140
« Le quatrième stade. Celui du meurtre. Le tueur en série répète chaque fois un « rituel » pour donner la mort. Il peut le perfectionner avec le temps, mais il ne change pas dans les grandes lignes. C’est sa marque de fabrique.Et chaque rituel est accompagné d’un symbolisme particulier. »p.142
« Le dernier stade était celui de la « disposition des restes. p.142
« Dans le cas des tueurs en série, le lieu où les victimes sont retrouvées prime sur celui où elles ont été tuées. En effet, alors que l’homicide est un acte que le meurtrier se réserve à lui-même, tout ce qui suit devient un moyen pour partager l’expérience. À travers le cadavre de la victime, l’assasin instaure une sorte de communication avec les enquêteurs. » p. 154
« Il est vrai qu’être arrêté est souvent l’aspiration ultime d’un tueur en série. Pas parce qu’il n’arrive pas à se contrôler, mais plutôt parce qu’avec la capture il peut enfin sortir à découvert. Souvent, s’il a une personnalité narcissique, il veut être reconnu pour la grandeur de son œuvre. Et tant que son identité reste mystérieuse, il n’atteint pas son but. »p. 155
« Ce sont souvent des gens qui ont subi une discipline sévère dans leur enfance. Pour cette raison, de nombreux criminologues soutiennent qu’ils tendent à infliger à leurs victimes la même quantité de douleur et de souffrance qu’ils ont endurée. Ils nourrissement un sentiment de rage et d’hostilité qui n’est pas forcément visible aux yeux des gens qui les fréquentent habituellement. »p.156
« Les enfants sont souvent parmi nous. Parfois, il suffit de les chercher dans les adultes qu’ils sont devenus. »p.287
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Présentation de l'éditeur
« Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Depuis qu'ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d'agents spéciaux ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte convainc d'appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d'enlèvement. Dans un huis clos d'un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs.
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure...
On suit le déroulement de l'enquête façon "les experts" auprès de Mila et de ses compagnons. Haletante avec de nombreux évènements rajoutant du suspense (même si certains tirés par les cheveux). Mise en garde : Préparez-vous à recevoir quelques claques sur la fin. But recherché pour un thriller, contrat rempli. »www.critiqueslibres.com
J'ai aimé ce livre malgré sa noirceur (meurtres de petites filles), l'intrigue est bien ficelée, le suspense maintenu d'un bout à l'autre. L'auteur nous tient et ne nous lâche pas. Très bon polar à mon avis. Les personnages surtout l'héroïne sont attachants. A lire
Source :www.critiqueslibres.com
»Roulements de tambour : attention, il arrive. « Le thriller le plus attendu de l’année », comme le proclame le bandeau rouge qui emballe le livre. 200 000 exemplaires écoulés en Italie, nous informe la quatrième de couverture. Mazette ! Marketing efficace : quelques semaines après sa sortie en France, Le Chuchoteur pointe dans les dix meilleures ventes de romans dans l’Hexagone.
Alors du bruit pour quoi ? Pour une histoire assez savante, qui explore une voie plutôt originale au royaume surpeuplé du thriller avec tueur en série. Soit : la découverte d’un cimetière de bras découpés. Appartenant à six très jeunes filles enlevées. Début d’un jeu de piste macabre pour l’équipe en charge de l’affaire. Une poignée de flics spécialistes, aidés par un brillant criminologue (Goran Gavila) et une inspectrice experte en libération d’enfants kidnappés (Mila Vasquez). Après les bras, les corps entiers des fillettes distillés. Chaque découverte sert de révélateur et met en évidence les pratiques immondes d’un tueur différent à chaque fois. Quel cerveau malade se cache donc derrière ce projet incroyable ?
Comment peut-il manipuler à la fois ces tueurs-relais et ces chasseurs policiers ? S’inspirant d’un assassin réel – le monstre de Foligno qui tua deux enfants au début des années 1990 – auquel il consacra une thèse, Donato Carrisi s’applique à un récit suffisamment malin pour accrocher le lecteur et le pousser au bout de ses 400 pages. On peut applaudir, même si comme souvent l’abus de rebondissements, plus ou moins crédibles, finit par épuiser. Avant ce premier roman, Carrisi donnait dans l’écriture de scénarios. Son intrigue est effectivement correctement charpentée. Ce qui ne suffit pas à faire un bon roman. Ses personnages sont aussi fouillés que ceux d’une piètre série télévisée. Disons que son équipe de traqueurs de méchants est aussi « passionnante » que celle de The Mentalist ou de Lie to me. On peut être client, ou trouver bien maigre l’épaisseur psychologique de tels personnages.
L’écriture de Carrisi est un autre problème. Juriste de formation et criminologue, il ne peut s’empêcher de ramener sa science, et à plusieurs reprises, on est convié à la lecture d’un cours magistral, du style : « Il existe quatre catégorie de tueurs en série : a) le visionnaire, b) le missionnaire, etc. ». Le reste est à l’avenant. Terriblement scolaire et plat. Rien à voir par exemple avec Giancarlo de Cataldo, ancien juriste italien lui aussi, mais auteur majeur avec notamment Romanzo criminale. Un écrivain, un vrai. Donato Carrisi pour l’instant n’est qu’un gentil faiseur. Et son Chuchoteur reste assez anecdotique » source :www:sympatico.ca/à l’ombre du polar