YASMINA KHADRA
L’ÉCRIVAIN, Pocket, Julliard, 2001, 286 pages
L’enfance, la vie militaire de cadet, la vie intime de Mohammed Moulessehoul dit Yasmina Khadra. Son père, militaire de carrière le confie à l’armée dès ses huit ans afin de poursuivre ses études et d’entreprendre une carrière de militaire comme son père le désire. Il est Algérien et l’Algérie est aussi troublée qu’il l’est par sa situation politique et économique, c’est un pays de pensée islamiste et intégriste.
Le style de ce roman autobiographique est riche par ses mots, ses pensées intimes et profondes. Pour connaître l’écrivain, il faut d’abord connaître l’enfant, l’adolescent, le révolté qu’il est contre l’oppression, le manque de liberté de pensée, l’intégrisme religieux, le pouvoir paternel. Un grand roman.
GILLES LAGROIS, AUCLAIR, QUÉBEC
Extraits :
« La haine est la plus scélérate des concubines : elle drape ton lit d’orties, bourre tes oreillers d’insomnies, profite de ta somnolence pour s’emparer de ton esprit; le temps de te ressaisir, et déjà tu es au purgatoire. Si Dieu a créé l’homme à son image, c’est pour que l’homme apprenne à pardonner. »
« Les petites mauviettes de ton espèce, je les noie dans mon urine, moi.Si tes moniteurs n’ont pas réussi à te raisonner, je m’en vais te macérer une fois pour toutes. Je te jure que tu marcheras droit, la nuque basse et les mains collées à ton visage comme des oeillères. » Je proteste….
« Tu veux savoir pourquoi tu es aux arrêts? C’est à cause de ton talent. Nous sommes allergiques au talent, dans notre pays, en particulier celui des écrivains. Personne ne blaire les écrivains, chez nous. »
« L’esprit, c’est ce que l’armée considère comme la plus grave atteinte à son équilibre et à sa longévité. »
« Les intellos, c’est de la mauvaise herbe, des fouille-merde. »
« …le Système n’a que foutre de leurs potentialités. Ce qu’il veut, c’est des types qui obéissent au doigt et à l’œil. Indépendance ou pas, la bleuite règne encore chez nous, et malheur aux suspects. »
« Pour assujettir une communauté, on doit domestiquer ses notables. J’étais écoeuré.»
« Oui, je suis écrivain. C’est quoi votre problème? Savez-vous seulement ce qu’est un écrivain ? Je suis le roi des mages; l’exergue est ma couronne, la métaphore mon panache; je fais d’un laideron une beauté, d’une page blanche une houri. Sous ma plume, les crapauds deviennent princes et les gueux sultans. Je suis le seul à pouvoir inventer l’amour à partir d’une virgule…Écrivain je suis, écrivain je reste, et à mort la bêtise!... »
« J’étais fou de rage. On ne me comprenait pas. Ils ignoraient que j’avais tout perdu, qu’il ne me restait que la littérature pour échapper à l’engrenage qui me broyait, aux hideurs qui s’escrimaient à me faire admettre qu’en dehors des avatars je n’étais bon à rien. Je m’interdisais d’ête laid, de ressembler à ma vie. »
« Mon statut de cadet primait sur mon individualité, l’annulait. En dehors du cantonnement, du réfectoire, du dortoir, du rassemblement; en dehors de l’appel, du peloton, du brouhaha et de la promescuité, je n’étais rien. »
Résumé de l’éditeur
« En 1964, un jeune adolescent algérien entre dans une école militaire oranaise.
Son père, officier lui-même, a pour lui les plus hautes ambitions. Excellente recrue, le futur soldat se découvre néanmoins des dons inattendus. On se méfie d'un cadet passionné par le théâtre et la littérature. Comment le métier des armes peut-il s'accorder avec celui, si étrange, d'écrivain ? Trente ans plus tard, le nom de Yasmina Khadra apparaît dans les librairies. Au plus fort de la tragédie algérienne, ses romans policiers témoignent de l'horreur.
Qui massacre des innocents par milliers ? Pourquoi ne veut-on pas entendre la vérité ? Dès lors, l'auteur masqué se devait de révéler sa véritable identité. Voici le récit de la plus singulière des aventures, celle d'un enfant de troupe qui allait devenir ce témoin gênant, cet accusateur, ce grand écrivain. « www.decitre.fr
L’écrivain, Yasmina Khadra
« Caché « quelque part en Algérie », Yasmina Khadra a signé trois romans policiers, ce qui lui a valu d’être « le pseudonyme le plus recherché » par les islamistes de son pays. Depuis, il n’a cessé de susciter des interrogations en France, en Europe et dans le monde arabe. Dans son pays, notamment, la presse unanime a loué son authenticité de romancier et de témoin de la tragédie algérienne.
Aujourd’hui, il a le pouvoir de décliner son identité, de lever le voile sur un mystère qu’il n’a pas voulu, et de raconter enfin comment il fut embrigadé dans une carrière militaire, lui qui s’est toujours voué à devenir poète. « J’ai été éjecté de ma famille, c’est un fait : une initiative malheureuse de mon père. Et j’ai été adopté par l’armée, que je quitte sans rancune ; elle m’a élevé, je l’ai servie, je crois, avec dignité et courage. Je n’ai jamais cherché à dévier de la voie qu’on m’avait tracée. Je ne me suis jamais rebellé. Mais je n’ai jamais renoncé à ce que j’estime être plus fort qu’un destin : ma vocation d’écrivain. J’ai continué à écrire dans un monde qui me refusait cette liberté-là, et j’ai réalisé mon rêve, peut-être grâce à lui : les interdits forgent les volontés inflexibles. »
Mon avis : Une autobiographie de l’enfance de Mohammed Moulessehoul, soit Yasmina Khadra qui m’a beaucoup ému, il est confronté devant un choix soit devenir écrivain et ne plus avoir de père soit continuer dans l’armée et avoir un père à côté.
Au début du récit, Mohammed n’est pas seul, car il est emmené à l’école militaire avec son cousin Kader qui est davantage sentimental que lui. A la suite, il y aura Houari qui viendra. Mais quand Mohammed va au lycée, il est seule et se trouve de nombreux amis avec lesquels ils parleront de la littérature.
On comprend que Mohammed (ou Yasmina) est devenu écrivain par pure vocation, c’est donc pour cela qu’il écrit d’une manière fluide et compréhensible pour tous le monde.
Résumés : Mohammed et son cousin sont emmenés à l’école militaire, une école des plus stricte et sévère où ils iront à l’école et recevront un minimum d’éducation militaire. Le père de Mohammed ne vient pas toujours les voir, il est très distant.
Spoiler (moment intense de l’intrigue) :
Mohammed quittera cette école pour l’école de Koléa où il se trouvera de nombreux ami avec qui il parlera de littérature et d’écriture. En même temps, ces parents se divorcent et se mère se retrouve dans un quartier malfamé avec ses enfants. Son père ne s’occupe presque plus de ses enfants et de sa femme.
Au lycée, Mohammed est toujours accusé de tous les méfaits, alors qu’il ne fait rien de mal à part écrire que tous ses supérieurs sous-estiment. Ses années de lycée seront l'occasion d’écrire de nombreuses nouvelles.
Quand il passe le bac, il doit faire un choix : continuer dans l’armée ou faire de l’écriture. Son père le menace de le destituer s’il ne continue pas dans l’armée, c’est donc pour cette raison qu’il continuera. »www.litteraire-en-herbe.blogspot.com