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****MURONG XUECUN---OUBLIER CHENGDU
31/10/2011 14:32
XUECUN Murong
OUBLIER CHENGDU, Éd. De l’Olivier, 2006, 381 pages
Roman réaliste sur la Chine moderne. Le thème central est le travail, l’argent et la réussite personnelle. Chen Zhong est directeur commercial, joueur de mah-jong, est amoureux de sa femme mais dragueur invétéré. Pour accéder à la réussite il doit utiliser des moyens non moralement acceptables : la corruption, l’intimidation, le chantage, les influences efficaces de son ami Wang Lin, commissaire de police corrompu. Le sexe joue un rôle important dans le monde des affaires et de la réussite personnelle. Chen Zhong devient un salaud car il veut gravir l’échelle sociale et obtenir la direction générale de son entreprise mais il n’est pas seul à jouer ce jeu, la concurrence est féroce, ça joue dur dans le monde des affaires car on peut y laisser sa réputation, ses gains et même risquer sa vie. La Chine rejoint les règles du jeu de l’Occident pour accéder à la richesse, la reconnaissance d’un monde sans foi ni loi. Un bon roman écrit dans un style efficace, direct, intense. Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Murong Xuecun fait partie des chefs de file d'une nouvelle littérature chinoise dont on peut résumer ainsi les deux caractéristiques majeures : ses thématiques sont résolument urbaines, contemporaines et sociales, et ses auteurs ont une façon bien spécifique d'accéder à la notoriété, celle du web, la plus simple et efficace sans doute dans un pays qui pratique encore la censure. La cyber-littérature en Chine a de l'avenir. Oublier Chengdu, publié en 2002 sur l'un des sites littéraires les plus importants du pays, a immédiatement connu un succès impressionnant et engendré nombre de discussions sur le nihilisme des grandes villes, la désincarnation des foules ou les ambitions monétaires vides de sens des nouveaux travailleurs chinois.
Oublier Chengdu raconte tout ça à la fois. Avec le développement du pays, son entrée dans le cercle des pays développés et la croissance subite de ses cités, la Chine se découvre de nouveaux horizons. Et s'adapte. Chez Chen Zong, 28 ans, directeur commercial d'une boîte modeste et personnage principal du roman, la promotion sociale, comme chez beaucoup, passe par l'argent. Pour en gagner toujours plus, tout est bon : trahisons, magouilles et autres compromis avec soi-même. Ce qui n'arrange pas les choses dans son cas, c'est sa femme : une tendre épouse qu'il aime mais dont il ne se contente pas et qu'il trompe dès que l'occasion s'en présente. Argent et femmes sont les seules ambitions de Chen Zong. Rien à côté pour contrebalancer ces envies dévorantes : pas d'idéaux, pas d'avenir. La modernité expose ses limites. Le réveil risque d'être brutal. Devenu veule, opportuniste, égoïste et prêt à tout pour se satisfaire, Chen Zong va finalement se trouver confronté à ses pires cauchemars. L'auteur, Murong Xuecun n'est pas un optimiste. Il se décrit comme un pessimiste sans ambitions. On peut sans doute chercher chez son personnage ses propres facettes de bon vivant. Il se présente aussi comme un touche à tout, dilettante qui écrit avant tout pour s'amuser, sans s'attendre à entrer dans la famille des belles lettres chinoises. Il n'empêche qu'il restitue parfaitement le climat étouffant qu'il veut décrire, mêlant dans une même ville des gens de tous horizons, sans histoire, sans passé, sans repères ni perspectives. La perte de sens fait le vide de leurs existences. Murong Xuecun témoigne en romançant les évolutions de la société à laquelle il appartient. Son succès est sans doute la meilleure preuve, s'il en fallait une, de la vérité de son texte. Internet, le meilleur vecteur de la pub littéraire aujourd'hui ? En tous cas, un bon moyen pour faire émerger ces nouvelles plumes qui viennent chatouiller là où la Chine s'égare. Julie Coutu, source : www.chronicart.com
« Chen Zhong, vingt-huit ans, marié, cadre supérieur. Il dépense des sommes folles au jeu de mah-jong, séduit à tour de bras, rêve de devenir directeur général, profite de dessous-de-table. Il est un de ces enfants-rois, cynique, égoïste, insouciant, fruit du capitalisme chinois. Mais sa vie va basculer : sa femme, son entreprise, ses amis vont lui demander des comptes. Il va petit-à-petit perdre pied et finira par perdre la vie, au fond d’une ruelle sombre, comme un chien. Chengdu sert de toile de fond : par petites touches, l’auteur évoque les changements, négatifs, qui l’ont affecté. C’est un roman très sombre, même si le héros est attachant : malgré sa prise de conscience tardive, je n’ai pu m’empêcher d’espérer qu’il allait s’en sortir. Il représente bien une certaine réalité chinoise : la course effrénée à l’argent a détruit les relations entre individus, la jeune génération ne semble qu’avoir pour seul repère la réussite à tout prix. Elle m’évoque un fait divers récent (Marianne du 6 août 2011) : un jeune étudiant d’un conservatoire chinois a renversé par inattention une jeune paysanne avec son véhicule. Voyant qu’elle relevait son numéro d’immatriculation, il est descendu de voiture et l’a tuée. Il n’a pas exprimé le moindre remord et a été soutenu par nombre de ces camarades. Cette histoire pourrait se dérouler dans n’importe quel pays occidental, mais elle est d’autant plus violente ici que les changements de comportements en Chine sont récents, très rapides (après 1980) et multiples : enfants uniques, ouverture au capitalisme, industrialisation, développement des grandes agglomérations… La société chinoise ne semble pas savoir quelle place donner à ces jeunes gens. Et ça fait froid dans le dos… »source : www.passion-bouquins.com L’auteur :Murong Xuecun, est un écrivain chinois né en 1974.
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