INDRIDASON Arnaldur
HYPOTHERMIE, Éd. À vue d’œil, 2010, 457 pages
Un remarquable polar d’Indridason….pas de sang, pas de scène d’horreur, seulement une bonne enquête de police menée avec brio. Le ryhme est lent mais l’enquête avance avec nous à mesure que les doutes de l’inspecteur Erlendur se concrétisent. Un roman d’une grande intelligence, d’une psychologie attentive et raffinée. Un être troublé dans sa vie personnelle mais tellement concentré sur son enquête par une attention et une attitude totalement dévouées à sa recherche de la vérité. Il n’accepte pas le doute, il vérifie tout et démystifie le coupable.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
"Maria, une femme d’une cinquantaine d’années, est retrouvée pendue dans la salle à manger de sa maison d’été sur les bords du lac du Thingvellir. Karen, sa meilleure amie, venue passer le week end loin de ses soucis professionnels, va faire cette macabre découverte et appeler la police. Finalement, c’est le commissaire Erlendur qui va hériter de l’affaire et suite à l’autopsie, conclure au suicide.
Mais Karen, qui ne croit pas une seule seconde à cette thèse, va lui donner une cassette audio contenant l’enregistrement d’une séance chez un médium que Maria avait consulté à cause du message qu’elle pensait avoir reçu de sa mère décédée deux ans plus tôt d’un cancer et dans le but si possible entrer en contact avec elle. Erlendur l’ayant promis, l’écoute et dubitatif, décide de poursuivre l’enquête à son propre compte, sans doute par empathie pour la victime avec qui il s’est trouvé des points communs.
Bien évidemment, je ne vous dirai pas comment fini l’histoire ou plutôt les histoires car en plus de son enquête secrète, Erlendur mène une enquête officielle tout en se démenant avec ses interrogations existentielles et les différents membres de sa famille, principalement sa fille Eva Lind. Comme à son habitude, Arnaldur Indridason pose toujours, en même temps qu’une énigme policière, une question sur un thème sérieux, ici celle de la validité des histoires de fantômes dont les Islandais, souvent, n’excluent pas l’existence, ainsi que celle du deuil, sujet récurrent dans son œuvre.
Hypothermie, 6ème enquête du commissaire, est à la hauteur des précédentes. C’est avec délice que l’on se plonge dans ce polar à l’atmosphère particulière dont le héros principal est presque comme un ami, quelqu’un que l’on a plaisir à retrouver et à écouter nous raconter ses questionnements, ses doutes et ses problèmes. Lui qui a un esprit cartésien se fait des cheveux blancs face aux penchants ésotériques de la « suicidée » et à sa volonté sans faille de croire en la vie après la mort.
Arnaldur Indridason fait partie de cette vague d’écrivains incontournables, venus du Nord. Auteur de best-sellers internationaux comme "La Cité des Jarres", "La Femme en vert", "L’homme du lac" ou encore "Hiver arctique", il a été nommé à maintes reprises écrivain le plus populaire d’Islande et ses livres font partie du Top 10 des livres les plus empruntés à la Bibliothèque municipale de Reykjavik. "
« critiques & avis
LA CRITIQUE EVENE
par Mikaël Demets
« On connaissait l'entêtement du commissaire Erlendur, le personnage récurrent d'Arnaldur Indridason, tourmenté par la disparition de son petit frère alors qu'il n'était qu'un enfant. Cette fois, le policier semble totalement lâcher prise avec la réalité. Sans ses habituels collègues, au mépris du règlement, il s'embarque dans une enquête que rien ne justifie, juste guidé par une lubie insaisissable, et quelques présomptions injustifiables.
La découverte d'une femme pendue sert de déclencheur à un voyage étrange, autant centré sur la victime que sur le commissaire lui-même, obnubilé par les disparitions, tiraillé par son besoin de réponses. Terre hostile, aride et cruelle, l'Islande sert de décor à cette quête vaporeuse ; la beauté de ses paysages et de ses lacs glacés semble dissimuler une menace indéfinissable, impossible à cerner. Arnaldur Indridason construit une fois encore son intrigue comme un retour dans le passé, et joue sur l'atmosphère fantastique de l'île nordique pour mieux brouiller le récit : la prégnance des croyances ancestrales perdure encore dans l'Islande moderne ; la vie et la mort paraissent cohabiter étroitement.
En construisant sa trame autour des rencontres de son personnage, l'auteur de 'La Cité des jarres' laisse la part belle aux dialogues, donnant à son roman un rythme chancelant. Plus que les indices, ce sont les hommes et les femmes que croise Erlendur qui s'avèrent essentiels, l'aidant à nourrir ses obsessions, ses peurs, ses traumatismes, et à progresser dans la pénombre, en espérant, un jour, arriver à la lumière. «