DIEU, MA MÈRE ET MOI, Gallimard 2012, 187 pages
Peu importe si on croit, ce livre nous décrit Dieu sous ses formes les plus connues, ses prophètes, ses Saints, ses défenseurs les plus nobles. L’auteur analyse chacun en particulier et les compare selon leurs influences les uns sur les autres. À lire sans faute pour faire de belles découvertes sur la foi et les religions.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Citations :
« Ne nous racontons pas d’histoires. Moïse, c’est Gengis Khan. Mais il fallait peut-être un psychorigide de cette trempe pour sauver Israël. Mahomet, c’est un chef de guerre de la même espèce, du moins si on en croit le Coran. Mieux vaut ne pas trop lire leur littérature. Sinon, on risque de perdre la foi. » p. 24
« Il y a des LES CONFESSIONS une force qui emporte le lecteur très loin et très haut, comme si le Berbère d’Algérie avait écrit ce livre face à Dieu lui-même. » p. 26
« Son grand malheur est sans doute d’être arrivé au christianisme par saint Paul. Du stratège génial, moitié prophète, moitié chef de guerre, qui a inventé l’Église, Augustin a hérité d’une haine de la fornication et du désir qui prête à sourire. » p. 27
« Voilà où mène la conception du Dieu Créateur barbu et autoritaire, celui que ma mère appelait le Dieu de tableau. Elle rabaisse le Seigneur, elle le rapetisse, jusqu’à en faire un vieillard irritable, voire acariâtre, qui ne souffre pas la contradiction. » p. 36
« La bible, c’est le dernier endroit où vous pourrez trouver Dieu. Il est dehors, dans la vie, dans la nature, il suffit d’ouvrir les yeux pour tomber dessus. »
« Les preuves de l’existence de Dieu, il suffit de se baisser pour les ramasser. Ou bien de lever les yeux et de regarder le ciel » p. 40
« Saint Augustin a dit que Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu.
Et l’homme s’est pris au jeu. Il a créé le plastique, le néon, le goudron, les gratte-ciel et j’en passe. » p. 42
« Dans l’ancien Testament, Yahvé ne cesse de maudire ceux qui lui résistent. Dans le Coran, Allah répète tout le temps, en écho : »Crains Dieu! »
Les deux sèment la terreur pour récolter la foi. » p. 47
« Il m’a toujours semblé logique que Yahvé ou Allah fussent des hommes. Ils en ont toutes les particularités. L’égo, la colère et, surtout, l’organe : le Dieu Créateur aime donner de la voix, qu’il a forte et grave. C’est un machiste ramenard, toujours monté sur ses grands chevaux, à faire son quelqu’un. D’où ses imprécations, le sang versé, les guerres de religion. »/ p. 54
-
« Franz-Olivier Giesbert se souvient avec émotion des échanges avec sa mère, sur Dieu et la philosophie.

Franz-Olivier Giesbert ne croit ni au Dieu créateur ni en la divinité de Jésus ; il se dit bouddhiste, musulman, taoïste, giordaniste, manichéen, etc. Et pourtant, écrit-il, «je suis chrétien par toutes mes fibres et heureux de l'être».
C'est paradoxal, comme tous les mystères, mais c'est ainsi. C'est sa mère, tendrement aimée, qui lui a transmis sa foi. Dans son livre, il se rappelle avec émotion leurs dialogues piquants sur Dieu et la philosophie. Elle était cartésienne et lui spinoziste! Giesbert préfère les saints aux philosophes. Pour lui, saint François d'Assise qui prêche aux oiseaux est le plus grand. Saint Augustin l'exaspère mais il l'admire. Les Confessions sont sur sa table de nuit, à côté des textes autobiographiques des saintes Marguerite-Marie et Thérèse de Lisieux, du Pamphlet contre les catholiques de France de Julien Green, des Pensées de Pascal, de La Pesanteur et la Grâce de sa chère Simone Weil, qu'il cite avec émerveillement: «En toute chose, seul ce qui nous vient du dehors, gratuitement, par surprise, comme un don du sort, sans que nous l'ayons cherché, est joie pure.»
Ce texte dessine un bel autoportrait de l'auteur. À certaines pages, il ressemble à ces figures d'Innocents propres à la littérature russe, avec sa foi naïve et grave comme l'enfance, son humilité, son profond sentiment d'intimité avec la nature. À d'autres, il se métamorphose en une sorte de Neveu de Rameau, libertin et railleur. Lequel de ses deux personnages écrit: «Je suis bête et je me sens bête et j'en suis fier parce que c'est la meilleure façon de recevoir pour mieux donner»? Quoi qu'il en soit, c'est tout lui. »www.lefigaro.fr