KÔTARÔ Isaka
PIERROT-LA-GRAVITÉ, Éd. Philippe Picquier, 01.2012, 465 pages
Roman japonais très touchant d’une lecture intense et agréable. Histoire de deux demis frères très liés l’un à l’autre, d’une famille unie, de parents dévoués et aimants. Ce roman nous fait connaître le Japon par le regard complice et fantastique de ces deux frères inséparables pouvant compter l’un sur l’autre peu importe les situations. L’importance de la famile domine la vie de chacun des personnages peu importe le puzzle ou casse-tête qui la constitue. Un grand roman, une révélation de la vie des jeunes dans un pays reconstitué et moderne comme le Japon.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Le Japon des éditions Philippe Picquier
Haru et Izumi sont deux frères très liés depuis l’enfance. Haru est issu d’un viol subi par sa mère, mais les parents n’ont jamais caché cette réalité aux enfants et la famille est restée soudée autour de ce drame.
Izumi travaille pour une société de tests génétiques, tandis que Haru passe ses journées à nettoyer les tags de la ville. Quand d’étranges incendies se mettent à éclater ici et là, annoncés par de mystérieux graffitis, les deux frères décident de mener l’enquête. Les signes mis bout à bout forment un rébus dont ils s’efforcent de percer le sens.
Au-delà de l’énigme policière aux péripéties étonnantes, c’est la personnalité attachante des deux frères qui captive, ainsi que le charme des dialogues entre humour et émotion, émaillés d’interrogations sur le bien et le mal, et les questions éthiques posées par les progrès de la science.
On reconnaît dans ce roman la «marque de fabrique» d’Isaka Kôtarô : création d’un univers original, à la croisée du roman policier, du fantastique et du manga, et mise en place d’un puzzle auquel on peut être assuré que pas une pièce ne manquera lors du dénouement surprenant. »
par Bernard Quiriny
« Y aurait-il une sorte d’« école Murakami » en train d’éclore parmi les écrivains japonais ? À lire ce deuxième roman traduit de Kôtarô Isaka (42 ans aujourd’hui, mais le livre date de 2003), on en a l’impression : univers volontiers étrange, livre en forme de quête initiatique, digressions existentielles et métaphysiques sur le bien et le mal, la science, l’art… Mais Isaka reste avant tout un amateur de polar, et c’est sa trame policière qui donne à ce ‘Pierrot-la-Gravité’ (titre français peu engageant : en anglais, c’est ‘Gravity-Clown’) son rythme et son efficacité. Les deux héros sont frères, ils s’appellent Haru et Izumi. Izumi, l’aîné, bosse dans une boîte de génomique, spécialisée dans les tests ADN. Haru, le cadet, vend ses services comme effaceur de graffitis (tout en étant un grand amateur de cet art).
Un jour apparaissent sur les murs de la ville des tags nouveaux, assez semblables entre eux, et immédiatement suivis d’un incendie dans un immeuble du voisinage. Pyromane en série ? Tagueur fou ? Les deux frères mènent l’enquête, et le romancier tire avec beaucoup d’habileté des fils qui, comme par magie, se rassemblent à la fin. Si l’on pense à Murakami, c’est à la fois pour le style et pour l’ambiance, avec une espèce d’étrangeté qui brouille le réalisme attendu (il y a une petite touche de manga dans l’univers d’Isaka, voire de fantastique, sans compter les autocitations avec la référence à son précédent roman, ‘La prière d’Audubon’), et aussi pour la quête initiatique qui court sous l’histoire policière (la naissance d’Haru, la recherche de ses origines, la vengeance contre son « mauvais » père).
La partie polar, elle, est menée rondement, avec un code secret à décrypter, basé sur les quatre lettres de l’ADN (G, C, A, T) et leurs combinaisons… Un roman prenant et attachant qui a connu un immense succès de l’auteur au Japon, où il a été porté à l’écran en 2009 par Junichi Mori »