DREYFUS Arthur
BELLE FAMILLE, Gallimard, 2012, 238 pages
Roman très bien construit, intéressant, bien conduit et représentatif d’une famille possible. Sujet bien traité, style bien approprié aux personnages et aux circonstances de l’histoire. Une bonne réflexion sur la vie possible d’une famille normale européenne.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Pas de méprise, ce roman ne traite pas des rapports tendres et sournois de personnages avec leur Belle Famille. Ici, il faut prendre le terme dans un sens plus propre. Cette "Belle Famille" est tout ce qu'il y a de bien : un couple de cardiologues dans la petite quarantaine, trois enfants mâles, un 807, une belle maison à Granville, une éducation morale et religieuse parfaite, bref l'archétype de la famille bourgeoise sans histoire.
Mais, dès la troisième page, l'auteur commence à égratigner la belle façade, le couple ne va pas si bien. Laurence est un peu psycho-rigide, engoncée dans les bonnes manières de sa caste, délaissée par un mari qui a plus d'intérêt pour le cognac que pour la bagatelle et les pontages coronariens dont il tire ses revenus. Les enfants vivent leur vie d'enfant en knickers et Madec le deuxième, plus sensible, flirte avec la mort plus souvent qu'à son tour.
Rangeant serre-tête en velours et Paraboot, la famille part en vacances en Italie dans un complexe touristique au bord de la mer. Et là, c'est le drame.Un soir, seul dans le bungalow, Madec meurt accidentellement. Sa mère en découvrant son fils sans vie, dans un moment d'égarement, fait disparaître le corps du haut d'une falaise.
S'inscrivant dans la lignée d'un Balzac de La comédie humaine et d'un Emile Zola avec un naturalisme contemporain, Arthur Dreyfus nous livre ici un roman tout simplement jubilatoire.
Passée la première partie, un chef d'oeuvre de cynisme et d'humour noir, vrai dézingage de cette famille bien sous toutes les apparences, le roman prend une toute autre tonalité à la mort de l'enfant.
Inspiré de la célébre affaire de la petite Maddie disparue au Portugal il y a quelques étés, la deuxième partie se colore de sombre et du brillant des paillettes qui scintillent sous les projecteurs des médias qui ne tardent pas à s'intéresser à cette disparition.
www.babelio.com
« Depuis deux ans, Arthur Dreyfus est sur tous les fronts, littéraires comme radiphoniques, et la suite est prometteuse. En tant qu'auteur, il propose ce mois-ci son troisième livre (et deuxième roman), après "La synthèse du Camphre" et "Le livre qui rend heureux".
Cette fois, pas de correspondance ni de livre joyeux : "Belle famille" est une fiction inspirée de faits rééls, et pas des moindres. L'affaire Maddie, cause médiatique des années 2000, où une petite fille disparaissait et dont la recherche inefficace avait fait la Une de tous les journaux dans le monde, sert d'inspiration à Arthur Dreyfus, qui donne ici sa vision de l'affaire, rebaptisant les protagonistes, exportant les lieux vers d'autres horizons, mais gardant cependant le fil des événements.
Ainsi, Maddie devient un petit garçon, Madec. Sa famille est française, et c'est lors de vacances en Italie qu'un tragique accident intervient. L'enfant meurt, dès le début du texte (et je ne relève pas ici la principale intrigue). La mère décide alors de faire disparaître le corps, et, de peur d'être accusée, monte avec l'aide de son frère et de son mari la plus grande arnaque à la disparition du siècle.
Le monde entier se retrouve ainsi à guetter, heure après heure, la recherche de l'enfant. Le Vatican, l'Etat, le minstère de l'Intérieur : les plus grande personnalités médiatiques et politique se lancent à corps perdu dans cette affaire. Pour ce récit, Dreyfus utilise une écriture presque blanche, dans laquelle il expose notamment des détails via une multitude de parenthèses. L'oeuvre en tant que telle est intéressante, et se niche idéalement dans le statut d'auteur qu'est en train de prendre ce jeune écrivain. Ce roman, moins dense mais non moins intense que "La synthèse du Camphre", peut être considéré comme une passerelle, une étape nouvelle à l'avenir de l'écriture dreyfusienne.
A la fois fiction, oeuvre sociale et politique, ce livre n'est pas sans rappeler la thématique du dernier livre de Jauffrey (au Seuil), et positionne l'Ecriture française vers une phase de réfléxion et de retour à la réalité, dans une stratégie proche du réalisme, et loin des contes de nos prédécesseurs. »
Wwww.actulitteraire.hautefort.com