CAPUTO Philip
CLANDESTIN, le cherche midi, 2012, 732 pages
Bon roman d’action du genre polar comptant des policiers, des soldats, des détectives, des espions, des contrebandiers, des trafiquants, des députés, des avocats et …des clandestins. Une bonne brique qui nous tient en haleine pendant un certain temps car l’action ne manque pas : elle se déroule aux frontières du Mexique et de l’Arizona, États-Unis. Nous apprenons des mots espagnols courants et significatifs dans le secteur des passeurs et nous voyageons à travers ces deux pays voisins et convoités pour ses activitées économiques.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Gil Castle, homme d'affaires new-yorkais, ne se remet pas de la disparition brutale de sa femme. Après une longue dépression, il décide de tout abandonner pour s'installer seul avec son chien en Arizona, dans une petite bicoque perdue au milieu des terres familiales, près du ranch de son cousin. Là, à quelques encablures de la frontière mexicaine, il commence peu à peu une nouvelle vie, s'enivrant le jour de la beauté des paysages, lisant Sénèque la nuit. Mais, en recueillant un immigré clandestin, rescapé d'un deal de drogue ayant mal tourné, il va faire connaissance avec la face obscure de la frontière, celle qui, depuis des générations, pèse sur sa famille. Et avec l'apparition d'Yvonne Menendez, figure haute en couleur d'un cartel mexicain, le passé et le présent ne vont pas tarder à converger vers un final étourdissant. Philip Caputo, prix Pulitzer pour Rumeur de guerre, nous donne avec Clandestin son grand roman américain et son livre le plus poignant. Cette fresque pleine de bruit et de fureur brosse le portrait sans concession de deux grandes obsessions américaines : la violence et la frontière, à travers une passionnante méditation sur la nature, l'identité et les racines. » www.babelio.com
« Gil Castle, riche homme d'affaires new yorkais, a perdu sa femme le 11 septembre 2001 et n'arrive pas à remonter la pente. Il accepte l'invitation de ses cousins Erskine propriétaires d'un ranch en Arizona, près de la frontière mexicaine.
Il lit la consolation à Marcia, de Sénèque, chasse avec son chien et continue son deuil. Un jour, il découvre un immigrant Clandestin en piteux état. Et même si au départ "il se considérait comme un spectateur du théâtre de la vie, éloigné de la marche des événements aussi bien grands que petits", il ne peut s'empêcher de se sentir concerné. Il sympathise avec Tessa, une propriétaire du voisinage et petit à petit l'ours plongé dans le chagrin évolue vers une timide guérison."On apprend à vivre avec, comme on apprend à vivre avec un membre en moins. On a toujours conscience de l'absence, mais on continue. Voilà où j'en suis arrivé au cours de ces six derniers mois. J'ai appris qu'il était possible de continuer."
Mais le roman n'est pas que cette histoire de deuil pourtant fort réussie et racontée avec sensibilité et justesse.
La frontière, malgré les efforts des deux états concernés, est poreuse et laisse passer drogue et immigrants Clandestins. Fédéraux, police, armée, narcotrafiquants, passeurs, tout se monde se connaît et les agents doubles ou triples sont légion, jouant "à la fois les hors-la-loi et les représentants de l'ordre". Les renseignements s'échangent, les faveurs aussi. Après tout, "fournir de la drogue aux Américains est l'outil de la revanche historique"(sic).
Mais le roman n'est pas que cet aperçu frappant et passionnant de l'illégalité et des destins tragiques des mules et Clandestins.
Un siècle en arrière, le grand père de Gil et de son cousin Blaine circulait librement sur ces mêmes terres coupées par une frontière à l'époque invisible, à la poursuite ou recherche de bétail, ou participant à la révolution mexicaine. Ben Erskine, un fichu personnage, violent, a marqué l'histoire du coin et les conséquences en seront tangibles jusqu'à aujourd'hui.
Un bon gros roman intelligent, passionnant, des personnages forts, au milieu d'une nature toujours présente. » www.babelio.com
« Une épopée américaine. Avec Clandestin, Philip Caputo se plonge dans un siècle d’histoire américaine, de l’avant-veille de la première guerre mondiale au lendemain des attentats du 11 septembre. Attentats au cours desquels est décédée la femme du personnage principal du livre, Gil Castle. Elle a été « atomisée ». Son corps n’a jamais été retrouvé.
Castle ne parvient pas à se remettre de cette disparition. Il entre dans une longue phase de dépression, est à deux doigts de se suicider, mais se ravise au dernier moment, le fusil en main, pour ne pas imposer cette nouvelle épreuve à ses filles.
Finalement, il plaque son boulot de grand ponte de Wall Street (mais garde quelques millions de dollars sur son compte, ce qui sera très pratique pour la suite du roman, mais qui s’avère également une facilité scénaristique certaine…) et part s’installer en Arizona, près de la frontière mexicaine, dans une cabane située sur les terres de ses cousins.
Une nouvelle vie débute, qu’il passe entre parties de chasse avec son chien et lecture de Sénèque. Petit à petit, il retrouve goût à la vie.
Un jour, Castle découvre un Mexicain à moitié mort dans un fourré. C’est un clandestin, Miguel, qui cherchait à passer la frontière pour décrocher un travail aux Etats-Unis. En cours de chemin, il s’est fait détrousser, puis s’est retrouvé pris au milieu d’une affaire de drogues.
En secourant cet homme, Castle n’imagine pas encore qu’il a mis en branle toute une mécanique qui mêlera clandestins, barons de la drogue, équipes du FBI, agents infiltrés…
Parallèlement à Castle, on suit la vie d’un de ses ancêtres, Ben Erskine, au début du vingtième siècle. Ben est un cow-boy à l’ancienne, au coup de poing facile, engoncé dans ses principes, et qui a du mal à admettre le passage d’une époque à une autre. Le monde entre dans la modernité, mais il ne peut pas, ne veut pas s’y faire.
Tous les éléments du grand roman américain sont là (époques qui se chevauchent, dimension politique, personnages happés par l’histoire, l’histoire familiale qui rejoint celle d’un pays) mais le grand roman attendu n’est pas au rendez-vous.
Le livre souffre de quelques longueurs. 700 pages, c’est sans doute un peu trop pour ce que l’auteur a à raconter. Il a souvent besoin d’un peu trop de pages pour expliquer les choses. Il a aussi tendance à lourdement insister. Il prépare ses coups à l’avance, nous prévient deux, trois, quatre fois que quelque chose va survenir, comme s’il ne faisait pas assez confiance à ses lecteurs.
Philip Caputo aborde des thématiques chères à Cormac McCarthy (d’ailleurs la quatrième de couverture nous promet que si nous aimons le grand McCarthy, on adorera Caputo…). L’histoire de Ben se déroule à peu près à la même époque que des romans comme de Si jolis chevaux ou Méridien de sang, dans les mêmes environs, cette frontière incertaine et poreuse que certains veulent franchir, que d’autres protègent. Un monde disparaît, un autre naît. Mais force est de constater qu’à côté de Cormac McCarthy, Philip Caputo fait figure d’élève sage et appliqué. Il n’y a pas la même tension dans la phrase, la même mystique, et encore moins le souffle épique.
Les personnages sont par moments trop mièvres, trop fleur bleue. Leur psychologie manque de relief. Une fois leur comportement fixé, ils ne changent pas beaucoup. Ils ont tendance à être engoncés dans le rôle et à ne pas en dévier.
L’ensemble tient néanmoins la route pendant 500 pages. L’auteur sait faire preuve d’empathie pour ses personnages, les rend attachants. Mais toute la fin fait capoter le livre. Elle ne tient absolument pas la route. Elle manque de crédibilité. L’auteur semble l’avouer lui-même, par le biais de l’un de ses personnages, lors de l’ultime page. Comme s’il était lui-même résigné, qu’il avait conscience d’être passé à côté de quelque chose.
« Ça semble un peu, vous savez, tiré par les cheveux ». » www.lacauselitteraire.fr
Yann Suty