Le scribouillard
En regardant l’épervière orangée
Et le bruant à couronne blanche
Ça m’amène à oublier
Mon âge et le temps.
J’ai de nouveau l’âge
Où le monde est
Une énigme merveilleuse.
Je cherche dans le guide photo
Des oiseaux du Québec
Une sorte de paruline
Alors que mon voisin
M’apprend que c’est
Un roitelet à couronne rubis
Que j’ai vu sur la branche
Charnue du tilleul.
Pour apprendre
Il suffit parfois
D’avoir de l’ouverture
Sur les choses
Et les personnes
Qui nous côtoient.
Il suffit de changer notre regard
Pour en savoir
Davantage qu’hier.
Pour en apprendre davantage,
Il suffit parfois
De renouveler nos certitudes.
Comme il est difficile
De voir ce que j’ai
Là sous les yeux.
Je donne à ma vie
Le droit de me tromper,
D’apprendre ce que j’ignorais
Faute de seulement d’avoir regardé.
Avec ça dirait ma sœur
« Ma journée est faite ».
Voir, regarder, oublier
Ce que j’ai vu
Puis le retrouver, magiquement
C’est le redécouvrir.
Il suffit à me faire sourire
Et heureux d’être moi et curieux.
Quand je suis affolé et distrait
Je perds l’intelligence
Des choses qui m’habitent.
Pour mémoriser mes découvertes
Et mes pensées,
Je les écris et
Deviens scribouillard.
La sagesse passe
Par la volonté
De se connaître,
De vouloir créer
Une vie meilleure
Car tous les êtres de la nature
Sont créés de la même substance :
La vie, la cellule vitale en commun.
Il faut parfois tomber
Sur la tête pour voir
Ou outre-passer ses limites.
Une certaine forme de résignation
Et d’humilité m’est demandée.
Il faut me résigner à penser
Et écrire comme ça vient
Car mes idées de la veille
En ont d’ordinaire peu
Avec celles du lendemain
Comme celle du nom de l’oiseau
Que j’ai appris grâce à un ami.
Nous avons tous besoin de l’autre
Pour se compléter, s’améliorer
Et non s’embrouiller.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec, 15 mai 2012