PAASILINNA Arto
LE POTAGER DES MALFAITEURS AYANT ÉCHAPPÉ À LA PENDAISON, Denoël & d’ailleurs, 2010,342 pages
Un bon roman par son contenu, son style, son originalité de sujet « est-ce que la justice est vraiment rendue » pour les non condamnés…qui le méritent pourtant par leur décadence et méfaits sociaux. Un roman intéressant et bien mené par son auteur.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
« Le héros du Potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, l’inspecteur principal de la sécurité nationale finlandaise Jalmari Jyllänketo, est envoyé en mission dans un centre de culture biologique, l’« étang aux rennes ». Pour ce faire, il se fait passer pour un contrôleur biologique, stratagème qui lui permettra de découvrir un mode de fonctionnement un peu particulier : vu le prix de la main-d’oeuvre, et pour faire donner son plein rendement à une champignonnière située au fond d’une mine, les responsables du centre font travailler comme esclaves des malfaiteurs divers qu’ils séquestrent. Loin d’être choqué par le procédé, l’inspecteur principal va faire prospérer ce système d’exploitation, et ce d’autant plus volontiers qu’il n’est pas insensible au charme de l’horticultrice Sanna Saarinen.
On retrouve dans ce roman très drôle la fluidité narrative habituelle de Paasilinna. Certains de ses procédés comiques sont devenus familiers à ses lecteurs : toujours faire précéder le nom complet de ses héros de leur fonction, ou raconter de la façon la plus plate et la plus neutre possible les situations les plus extravagantes. Le ton, lui, change. Comme ceux du Cantique de l’apocalypse joyeuse ou ceux du plus amer Un homme heureux , les héros du Potager sont pris dans des aventures qui les amènent à un changement total de vie, lequel correspond souvent à une plus grande fusion avec la nature. Mais, de livre en livre, les romans sont de plus en plus moqueurs, comme si Paasilinna lui-même prenait aussi de moins en moins au sérieux cette capacité de refaire sa vie. Et paradoxalement grandit, en même temps que leur drôlerie, le nihilisme de ces romans uniques, nihilisme que même une « conscience » écologique très clairement affirmée parvient de plus en plus mal à masquer. » www.magazine-litteraire.com
de la fantaisie et de l'humour à revendre....
« Une « thérapie » par le travail forcé !
La fantaisie et l'humour sont toujours aux postes de commande chez Arto Paasilinna et ce dernier roman est une cerise sur le gâteau.
Des justiciers organisés décident de faire appliquer la loi à leur manière ...Il ne s'agit pas d'exécuter des malfrats mais de leur « offrir » un cadre social où ils puissent réparer les torts causés.
C'est ainsi qu'une femme volontaire et énergique décide de lutter en bâtissant un « centre d'éducation moral expérimental »....
Grâce à cette main d'œuvre bénévole, un domaine agricole moderne et écologique peut vivre, prospérer et servir de modèle....
Il suffit « d'embaucher » sous la contrainte, mais souvent avec ruse des délinquants et des malheureux « égarés du bon chemin » !
En haut lieu, la sécurité nationale finlandaise décide d'enquêter sur cet ancien kolkhoze reconverti en exploitation agricole performante.
Elle dépêche donc sur place un inspecteur principal qui va mener une enquête sérieuse et minutieuse, clandestinement par infiltration dans cette entreprise située à l'ouest de la Laponie....
Notre inspecteur, devenu contrôleur du ministère de l'agriculture, arrivé sur place, découvre le pot aux roses...Il observe, médusé, des champignonnières géantes implantées dans le sous sol d'une ancienne mine de fer, exploitée autrefois par des communistes autorisés à mettre en pratique les principes communistes.
Le projet initial ayant avorté, le projet actuel est d'une toute autre nature puisqu'il s'agit d'un camp de travail où des a-sociaux de toutes conditions contractent un CDD ou même un CDI !
D'innombrables crapules trouvent ainsi à l'étang aux Rennes « un nouveau sens à leur vie, plus pur et plus honnête »....
Le lecteur ne s'ennuie pas un instant. Il est invité à suivre l'histoire extravagante de cet inspecteur et de ses nouveaux amis, à la recherche de nouveaux clients....
Non adepte, et de loin à la justice dite populaire et surtout à l'utilisation de milices privées, j'ai pourtant bien ri et parfois-je l'avoue humblement- apprécié le sort réservé à certains délinquants économiques comme ces PDG qui, prisonniers vont se retrouver, eux aussi, dans la mine :
« Grâce à leurs bonus, les patrons des grandes entreprises empochaient chaque année des millions, et tout cela pour jeter l'argent par les fenêtres et mener une politique qui avait conduit le pays entier au bord de la ruine ».
J'ai alors déposé quelques minutes mon livre et j'ai pensé un court instant que cette histoire pouvait inspirer de nouvelles pratiques :
Si un jour on pouvait contraindre tous ces affameurs à travailler et à suer comme font tant d'autres !
Mais ce n'est qu'un rêve et l'histoire, une fiction plaisante, poétique, voire même un peu morale !
Jean-François Chalot, www.critiqueslibres.com