JOUBERT Bianca
LE BRODEUR, roman, Éditions Marchand De Feuilles, 2012, 159 pages
Un premier roman intéressant par son sujet, les fugitifs, les sans-papiers qui fuient leur pays d'origine en général gouverné par des dictateurs, des chefs de tribus, des usurpateurs, des imposteurs qui s'accrochent au pouvoir pour s'enrichir aux dépens des populations pauvres, inoffensives, sans défense.
Le style d'écriture est brillant, lustré, libre penseur, fidèle à sa prose et à la poésie des pays africains franchis de part et d'autre.
Une auteure à découvrir, un sujet à faire face pour sa réalité, son humanisme, ses populations prises en otage.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
Journaliste pigiste et grande voyageuse, Bianca Joubert écrit de la fiction depuis longtemps, même si Le brodeur est son premier roman publié. Éclairé par la lumière crue du Sahel et rempli des mystères et légendes d'un continent, ce court livre qui ressemble à une série d'instantanés nous fait pénétrer au coeur de l'Afrique.
«Ce livre est le résultat de tout ce que j'ai vécu en Afrique, des lieux que j'ai vus, des gens que j'ai rencontrés.» Bianca Joubert a fait quatre séjours là-bas, le premier au Burkina Faso, où se déroule Le brodeur. Elle est aussi allée au Sénégal où, comme journaliste, elle s'est intéressée aux immigrants illégaux. «C'est devenu un texte de fiction, pour lequel j'ai remporté le prix de la nouvelle de Radio-Canada en 2008. Mais la romancière en moi avait encore beaucoup à dire.»
Le brodeur est d'abord le récit d'une Occidentale qui observe d'un oeil naïf le monde dans lequel elle débarque, le temps d'un programme de coopération internationale, mais qui peu à peu s'en imprègne. On est «dans la fiction à 90%», mais aussi pas très loin de l'auteure et de sa manière de concevoir l'Afrique, où elle s'est toujours sentie comme chez elle. «Je n'ai jamais vraiment vécu de choc culturel là-bas.» Son secret? «Il ne faut pas arriver avec de gros sabots. On donne, mais on reçoit beaucoup. Moi, j'ai pris et appris.»
En résultent un abandon, une ouverture et une absence de jugement qui se reflètent dans son personnage principal. Pas question de se poser en moralisatrice devant la polygamie, par exemple: Bianca Joubert préfère mettre en contexte. «Je ne dis pas que je suis pour. Je dis juste qu'ici, les couples éclatent, les gens ont des maîtresses, des amants... Là-bas, ils n'ont pas la même conception de l'individualité. Les gens forment une équipe, parce que ça va mieux en gang.»
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