DEE JONATHAN
LA FABRIQUE DES ILLUSIONS, roman, Feux Croisés, PLON,
2012, 439 pages
Un grand roman à découvrir, un pavé à déguster, des personnages fortement typés, authentiques, vrais, touchants en particulier Molly et John dont nous suivons et poursuivons les trajectoires éclatées. Ces deux personnages nous entraînent dans leur course folle de la vie, de projet en projet, d'aventure en aventure, de la découverte de leur vie personnelle intense mais choisie et éclairée.
Molly est une femme d'une grande beauté, brillante qui assume sa vie et refuse les contraintes des autres peu importe leur rôle et la force de leurs liens personnels avec elle: elle fuit les situations qui l'oblige à agir contre sa volonté ou ses projets de vie personnelle. Molly et John se retrouveront après dix années de séparation, de rupture définitive pour conclure leur destin, leur choix de vie, leur choix de carrière.
Un roman au style direct, prenant, d'une grande implication émotive, personnelle et sociale. UN ROMAN étonnant, UN AUTEUR À DÉCOUVRIR.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
Résumé :
"Molly Howe est une jeune fille sublime, admirée, gâtée par la vie et adulée par ses parents, jusqu'au jour où le secret qu'elle dissimulait est exposé au grand jour, sa réputation démolie et sa présence désormais indésirable dans la petite ville de son enfance. Elle s'enfuit alors à Berkeley où elle trouve réconfort dans les bras d'un jeune étudiant en art, John Wheelwright. Il est immédiatement fou d'elle, et consumé d'amour et de fascination. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse de nouveau.
Dix ans plus tard, John est entraîné dans une aventure aussi risquée qu'exaltante par le visionnaire et excentrique gourou de la publicité, Mal Osbourne. Son idée menace le concept même de publicité et la grande machine à slogans américaine. John ne savait pas dans quoi il s'engageait en suivant Osbourne, mais surtout il n'aurait jamais imaginé que dans son orbite graviterait la femme qui l'a laissé dévasté des années plus tôt.
Dans un exercice de haute voltige narrative, Jonathan Dee entrelace les trajectoires de ses deux personnages de manière inoubliable. Et ce faisant, il interroge les origines de l'art, explore la douleur de l'amour perdu et soupèse la conscience individuelle à l'ère du cynisme universel."
« le seul moyen de rester pure en ce monde était de vivre au cœur d'un mensonge. » Molly a vite appris à cultiver le mensonge comme un art de vivre, d'abord au sein de sa famille où le vernis de l'apparence se cultive au quotidien, puis auprès des hommes que sa route croise. John, étudiant fade et transparent, va l'apprendre à ses dépens, qui s'éprend de la jeune femme. Après un temps de vie commune, Molly décide de rompre brutalement et ne donne plus signe de vie. Dix ans s'écoulent. John est devenu un publicitaire renommé, le bras droit de Mal Osbourne, un homme à la personnalité et aux idées aussi peu conventionnelles que géniales. Molly, qui a le don de semer la destruction partout où elle passe, va alors faire retour dans la vie de John…
« La fabrique des illusions » est un roman époustouflant qui tire de sa longueur (un peu plus de 400 pages) toute sa saveur, mais aussi ses limites. Il se présente comme un objet complexe, porteur de multiples facettes, que savent souligner les mots.
Un objet attachant parce qu'il présente d'abord des individus, des êtres singuliers : l'auteur brosse le portrait d'une famille américaine, conte également une histoire d'amour au goût de démesure. Mais derrière chaque individu, c'est une société, dans ses formes extrêmes ou décalées, qui est ici pointée du doigt : en ce sens, ce roman se veut une satire du monde de la publicité et des artistes, une dénonciation d'une forme d'extrémisme religieux, avec un fil conducteur, porté par le titre : l'apparence et ses fragilités. Quelle illusion de soi donne-t-on à voir à l'endroit même où l'on s'efforce de dénoncer l'illusion des êtres et du monde ?
Avec une plume habile, et une grande finesse psychologique, l'auteur sait peindre la folie ordinaire, les failles humaines qui prennent d'abord naissance au sein des familles, les mensonges quotidiens qui savent mener jusqu'à l'absurde.
Une œuvre tout en complexité, à l'image du message qu'il porte : au final, l'auteur s'interroge sur les mots, peut-être eux-mêmes vecteurs d'illusion… habile mise en abyme de cette « fabrique des illusions » ?"www.babelio.com