Jacques SAVOIE
CINQ SECONDES, roman, Libre Expression, 2010, 311 pages
Un roman du genre psychologique-polar de haute qualité, d'une écriture concise, efficace,frappante, profonde. Un personnage hors norme, une personnalité remarquée par son allure physique, c'est un enquêteur mulâtre, manchot car victime de la thalidomide et d'un amour éphémère racial; un être doté d'une grande intuition et d'un talent remarquable de déduction. Un mélange d'humain et d'un cérébral clairvoyant.
Jérôme Marceau se doit de remplacer sa supérieure hiérarchique aux prises avec un état de santé requerrant un congé prolongé.
Brigitte Leclerc, une accusée se présente devant la cour et par une gestuelle étudiée, spontanée, précise abat succinctement le policier escorte, le juge, l'avocat et un témoin en quatre secondes synchronisées, mortelles.
Quelle est la véritable raison ou cause de ses quatres meurtres spontanés, imprévisibles ? Seule la lecture de ce roman vous en dévoilera les causes multiples, personnelles et rationnelles.
Un roman d'une grande subtilité, d'un cheminement audacieux vers l'inconnu, le non-dit, le non plausible. Pourquoi un tel geste fatal, quels sont les liens entre Brigitte Leclerc et les quatres victimes ?
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
"Cinq secondes, c’est le temps qu’il a fallu à Brigitte Leclerc, alias Julie Sanche, pour tuer le juge, l’avocat et le témoin, ainsi que le garde de sécurité du Palais de Justice, qu’elle avait désarmés, avant de retourner cette arme contre elle-même.
Cinq secondes, c’est tout le temps qu’elle a eu pour voir sa vie défiler devant elle et tenter d’en trouver le sens, les tenants et aboutissants, avant l’échéance fatale.
Ces cinq secondes fatidiques de conscience extrême d’une vie mal barrée qui s’est mal terminée s’étalent sur les 300 pages d’un roman palpitant, captivant et troublant de Jacques Savoie, intitulé, on l’aura deviné, Cinq secondes.
«J’écris toujours mes romans sur des valeurs qui leur servent de thème, explique l’auteur. Le thème de Cinq secondes, c’est le pardon.» Un pardon qui était au-dessus des forces de l’héroïne, qui meurt au tout début du roman, mettant fin à une vie marquée par le mensonge, la duperie, la trahison.
Si Jacques Savoie insiste que «ceci n’est pas un roman policier», Cinq secondes en a cependant toutes les apparences. C’est qu’il y a une logique, organique, qui préside au développement d’un tel roman.
«Pour traiter du pardon, il me fallait un geste impardonnable. Un meurtre est un geste impardonnable. Mais un meurtre appelle inévitablement un policier, qui va vouloir le tirer au clair.»
Ce n’est pas un roman policier donc, sauf que c’est l’histoire d’un flic qui enquête sur un meurtre. Le flic, Jérôme Marceau, travaille très fort à comprendre pourquoi Brigitte a voulu tuer le juge, son avocat et son ex-amant. Mais le lecteur n’a pas vraiment besoin de lui : la meurtrière nous raconte toute son histoire, à mesure qu’elle la revit, en accéléré, juste avant de mourir. Leurs récits s’entrecroisent.
À MONTRÉAL
Ce qui fait l’intérêt soutenu de ce roman, c’est d’abord la maîtrise avec laquelle Savoie nous mène à travers cette histoire compliquée, qu’il nous révèle, une tranche à la fois, comme on pèle un oignon.
Savoie joue avec le temps en virtuose, à travers les souvenirs hachurés de l’assassin et les projections intuitives du détective. Son flic est intéressant. Il est mulâtre. Il est aussi infirme. Pas très sûr de lui, ni de l’ascendant qu’il a sur ses collègues et ses patrons. Un solitaire, aussi maladroit avec les femmes que dans les intrigues politiques.
Et il y a plein de trucs accessoires qui donnent de l’étoffe, de la couleur au récit. L’enquête se déroule durant une grosse tempête de neige et de verglas à Montréal. La météo devient un personnage. La ville souterraine, et ses nombreux passages secrets, inconnus du public, jouent un gros rôle aussi.
De nombreuses intrigues secondaires viennent brouiller les cartes: magistrat corrompu, avocat pourri, police politique, racket de cartes de crédit, usurpation d’identité. C’est comme dans la vraie vie, quoi: pas évident de savoir ce qui se passe pour vrai.
www.fr.canoe.ca