MAALOUF Amin, de l'Académie française
LES DESORIENTÉS, roman, Grasset&Fasquelle, 2012, 519 pages
chroniques d'un retour au pays natal
Roman à base sociale touchant d'une écriture adroite, habile, talentueuse qui nous entraîne dans un monde d'amis universitaires ayant un passé commun qui tentent de se retrouver à la suite du décès d'un d'entre eux après vingt ans de séparation et de coupure sociale.
Leur pays d'origine est arabe, un état d'Asie dans le Moyen-Orient et plusieurs se sont dispersés au quatre coins de la terre pour des raisons sociales, politiques et personnelles. Certains ont décidé de rester, d'autres de partir pour fuir des conditions de vie difficile suite à des événements politiques et civiles menaçantes et même dangereuses pour leur sécurité.
La difficulté est de réussir à faire coincider les carrières , les disponibilités de chacun dans un temps déterminé et propice aux déplacements de chacun. Dix personnes étaient prévues, huit étaient là à l'heure.
Nous vivons les liens intenses qui ont soudés certains mais également les failles et faiblesses qui ont fait partir les autres. Leur amitié est solide et inconditionnelle mais le passé ne peut pas être efffacé sans ajustement et acceptation d'une époque passée ambiguë voire nébuleuse pour des raisons politiques bouleversantes.
Un grand roman qui nous démontre les liens puissants de l'amitié, de la force de l'attachement à son pays d'origine qui nous marque inconditionnellement.
Un roman à découvrir pour son authenticité , son réalisme et un auteur pour son message humain, politique et historique. La vie est ce que nous avons vécu et nous devons l'accepter car nous pouvons seulement changer le présent.
" Oui, ça marche. Mes émotions sont anesthésiées. Je vois tout, j'entends tout, mais je ne sens plus rien." p. 378
" Oui je le crois. Tes amis servent à te préserver tes illusions le plus longtemps possible. Mais tu finis quand même par les perdre, tes illusions. Mais il vaut mieux que ça n'arrive pas trop tôt. Sinon, tu perds aussi le courage de vivre." p. 500
" Il est vrai qu'au début, Adam ne croyait pas trop aux chances de ce projet. Les premières lettres d'invitation, il les avair surtout écrites pour consoler la veuve de Mourad, et pour apaiser ses propres remords. Il avait été surpris de l'enthousiasme des amis, et de la rapidité avec laquelle ils avaient pris leurs dispositions pour venir.
Que ces personnes éparpillées par la guerre comme les aléas de la vie, qui se trouvaient à présent sur quatre continents différents, qui évoluaient dans diverses sphères professionnelles, politiques ou spirituelles, et qui ne s'étaient plus réunies depuis un quart de siècel, se soient toutes montrées prêtes à convergerr ainsi, sur un signe de lui, vers cet hôtel de montagne- a posteriori, on peut trouver la chose compréhensible; mais au moment de rédiger ses lettres, il ne s'y attendait pas." p. 514
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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Pour en savoir davantage:
Un quart de siècle plus tard, un homme retrouve le pays qui l'a vu naître. Il tente de reconstituer sa bande d'amis. Une chimère ?
Il y a des romans qui continuent de résonner fort en vous longtemps après que vous les ayez fermé.Les Désorientés d'Amin Maalouf est de ces livres-là. On garde à l'esprit des phrases entières - «De la disparition du passé, on se console facilement ; c'est de la disparition de l'avenir qu'on ne se remet pas.» Ou encore: «Le pays dont l'absence m'attriste et m'obsède, ce n'est pas celui que j'ai connu dans ma jeunesse, c'est celui dont j'ai rêvé, et qui n'a jamais pu voir le jour.»
Adam est le personnage principal de ces Désorientés, il est exilé à Paris depuis un quart de siècle et reçoit un appel téléphonique provenant de son pays natal. C'est la femme de son meilleur ami d'enfance qui lui parle: «Ton ami va mourir. Il demande à te voir.» Il hésite, prend l'avion, et lorsqu'il pose les pieds sur le sol, il apprend que l'ami vient de mourir. Il finit par rester seize jours dans le pays qui l'a vu naître. Ce sont ces jours qu'Amin Maalouf raconte.
Dans les 520 pages du roman, le mot Liban n'est jamais prononcé, ni Beyrouth, car là n'est pas l'essentiel, et c'est l'universalité de ces destins qui prédomine. Les Désorientés, superbe titre, est un projet de vaste ampleur - brosser le portrait d'une génération de désenchantés. Depuis Léon l'Africain ou Le Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993) ou ses essais Les Identités meurtrières ou Le Dérèglement du monde, on savait Amin Maalouf habitué à mener ce genre de projet en grand conteur. Adam lui ressemble sans doute un peu.
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