GOOLRICK Robert
UNE FEMME SIMPLE ET HONNÊTE, roman, Éd. Anne Carrière, Paris, 2009, 410 pages
Un roman remarquable, émouvant, bouleversant autant par son histoire intriguante que par le style éloquent de l'auteur. Un grand roman à découvrir dont la lecture nous révèle à la fois un auteur de talent et une histoire humaine captivante par son authenticité touchante.
Wisconsin, automne 1907. Uh homme richissime, propriétaire terrien sans limites de terres et de ressources minières recherchées par les compagnies industrielles, veut combler sa vie en cherchant une épouse pour consolider sa vie de solitaire et sa vie sexuelle inexistante depuis la mort de son épouse et la disparition de son fils bâtard.
" C'était une femme seule qui avait répondu à une petite annonce personnelle dans un journal de ville. Elle n'était ni douce, ni romantique, ni simple ni honnête."
Cependant cette femme acceptait volontairement et par intérêt de marier cet homme riche dans le but d'hériter de sa fortune en l'empoissant d'une infime dose quotidienne de poison d'arsenic.
Ralph TRUITT pose cependant une condition essentielle non-négociable au mariage , il exige de sa jeune épouse de retrouver son fils disparu et de le ramener au domaine paternel familial.
Ralph avait été un enfant mal aimé , il restait persuadé qu'il ne serait jamais grand, ni beau, ni désiré.
" Son amour et sa peur des femmes, de sa mort et de la leur, se transforma en une haine qui ne s'apaisait jamais."
" C'était tellement loin à présent. Ils étaient tous morts, son frère, son père, Émilia, la petite fille à laquelle elle avait donné naissance... Tous morts, même, pour finir, son impitoyable mère, qui ne lui pardonna jamais."
" Si l'amour rendait fou, que pouvait engendrer le manque d'amour"
Catherine Land " Elle comprit que son coprs était sa banque: c'était tout l'argent dont elle disposait.Tout ce dont elle aurait jamais besoin."
Antonio Morelli " C'était l'histoire d'un fils qui croyait qu'il était de son droit légitime de tuer son père. L' histoire d'un père incapable de défaire la moindre de ses actions passées, en dépit de l'immense compassion qui animait son coeur."
" C'était l'histoire de gens qui ne faisaient le choix de la vie contre la mort que lorsqu'il était trop tard pour faire la différence entre les deux."
" Elle avait attiré le malheur sur lui."
"Il est des choses qui attendent. Tout ne meurt pas. Vivre prend du temps. Ces choses-là arrivent."
Un grand roman et un auteur de talent à découvrir.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
Il ne faut pas se fier aux titres des livres : Une femme simple et honnête raconte en fait l’épouvantable machination ourdie par une femme au tournant du XXe siècle, dans un petit village du Wisconsin. Un premier roman écrit par un auteur plus si jeune, mais qui ne manque pas de ressource.
Tout commence par une petite annonce postée par un riche manufacturier de 54 ans qui souhaite refaire sa vie après vingt années de veuvage. Une femme de la ville lui répond, convenable et humble. L’affaire semble faite, le mariage sur les rails. Mais personne n’est vraiment qui il prétend être dans cette histoire.
L’homme, hanté par la chair et les plaisirs qu’il ne s’octroie plus, porte un passé lourd et mystérieux. La femme, elle, dissimule sous ses robes strictes une vie de débauches dans les lupanars de Saint-Louis. Il n’y a que des tragédies dans ces campagnes du Wisconsin où les habitants semblent pourtant de sages citoyens. Mais le climat, l’époque, la dureté ambiante les conduisent à commettre des actes violents, meurtres, suicides, sur fond d’un quotidien tranquille.
A 50 ans, Robert Goolrick, un américain « simple et honnête » lui aussi, a abandonné son métier de publiciste pour l’écriture. Il signe un roman quasi victorien, mélange sans illusions de Thackeray et Jane Austen, qui rappelle beaucoup Pétrole ! d’Upton Sinclair, écrit en 1927, et plus encore sa version cinématographique, There will be blood, signée Paul Thomas Anderson. Goolrick ne fait pas dans les bons sentiments.
Avec une puissance étonnante, il dénude l’âme humaine qu’il montre avec ses taches et ses vilaines blessures. Mais il veut aussi prouver que les damnés eux aussi se rédiment, à travers ce qu’ils n’osent appeler l’amour et qui est peut-être un pansement au désespoir.www.lecteurs.com