GALLAY Claudie
LES DÉFERLANTES, roman, J'AI LU, 2008, 538 pages, Grand Prix des lectrices ELLE
Un roman remarquable autant par sa situation géographie, région française de la Manche, ses personnages introvertis genre la loi du silence, l'histoire d'une disparition d'enfant sans traces suite à un naufrage, le style minutieux, consciencieux de l'auteure.
Le lecteur découvre les personnages, les liens entre chacun et la vérité de la disparition d'un enfant plusieurs décennies passées... au compte-gouttes.
Une véritable analyse socio-psychologique d'une société isolée aux prises avec un climat et un environnement contraignants. La population s'adapte aux événements naturels parfois déchaînés d'un environnement de roches, de grands vents, de déferlantes parfois dévastatrices.
On pose une question tout en respectant le silence de la décision de ne pas y répondre. On se dévoile rarement et surtout on ne se compromet pas sinon gare aux risques adjacents.
Les déferlantes sont de nature environnementale mais ont aussi de causes sociales dûes aux histoires cachées, englouties de secrets qui ravagent.
Des incidents passés, les querelles de deux vieilles de village jamais réglées, de femmes qui ont aimé le même homme. Un roman fait de confidences, de grands silences, de secrets , de dialogues courts et secs.
" ...les vieux et les arbres se ressemblent, pareillement torturés et silencieux. Façonnés par les vents."
" J'avais peur de ce que j'étais en train de devenir. Une femme sans amour."
" Théo. Il a disparu dans la pièce à côté. J'ai attendu qu'il revienne mais il n'est pas revenu."
" Et quand à parler de soi s'ils n'avaient plus envie, il leur restait encore à parler des autres. Des vivants et des morts,"
" Morgane et Raphaël étaient frère et soeur et ils se regardaient comme des amants."
" Il me restati cette faille, une déchirure brûlante du sexe jusqu'au ventre."
"On attend et on continue de les aimer. Non, on change d'amour. Et on trouve qu'elqu'un qui nous aime en retour, ça facilite les choses."
" L'amour et la mort, ça se ressemble si on n'articule pas."
"Il y a toujours mille raisons pour s'enfermer. Sortir est beaucoup plus difficile."
"Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités."
"Quand on se questionne, on meurt.."
"...deux solitudes face à la mer, revenus aux origines du monde.
Un grand roman à découvrir pour sa portée sociale et le style talentueux de l'auteure.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
"Comme la mer pétrit les roches et lèche le sable, comme le vent du grand large étourdit, la lecture des ‘Déferlantes’ entête. Avec des mots posés sans fioriture, les ressentis de l’auteur percutent à l’état brut. Dans un petit village au bout du Cotentin, là où la Manche est dangereuse mais sublime, où les phares s’élèvent dans l’obscurité abyssale, Claudie Gallay pose son décor.
Autour d’une héroïne à bout de force, amputée de son amour, on réapprend à vivre. Chaque promenade dans les falaises austères ronge l’âme et sublime le besoin incessant de fuir. Chaque personnage tait sa part de secret, renforçant l’aridité de ces confins de terre et le sentiment absolu de solitude. Doucement, le ressac berce et le vent soûle les coeurs.
Les non-dits, les amitiés, les rancoeurs façonnent les personnages, aussi durs et entiers que la mer. Comment survivre à la disparition des siens ? Comment supporter d’être celui qui reste ? Comment avouer l’inavouable ? ‘Les Déferlantes’ fascinent par la force des émotions, des hommes, des mots. Entre chaque tempête, sur le port, les marins attendent, troublés et effrayés. En s’échouant sur le sable, chaque vague meurt dans une gerbe d’écume, mais assure une renaissance.
L'AVIS DE LA PRESSE
· Claudie Gallay excelle à créer des atmosphères enfermant lecteur et personnage dans des secrets bousculés à coups de phrases courtes, jetées plutôt que prononcées par des “taiseux”.
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· (...) Claudie Gallay confirme son talent pour insuffler de l’âme à des êtres en fuite, entravés de tourments muets. Elle sait déchiffrer les multiples nuances du silence puisque jamais ses personnages abîmés ne s’épanchent ni ne se confessent.
· (Ses livres) prennent une nouvelle ampleur, à l’image des vagues sur cet océan qu’elle met en scène comme une tragédie humaine.