BESSON Philippe
LA MAISON ATLANTIQUE, roman, Julliard, 2014, 217 pages
Un autre roman efficace de Philippe BESSON avec une écriture directe, honnête, juste. Les personnages vivent sans se préoccuper des autres et des principes qui en général gèrent nos vies. Le père vit sa vie personnelle et ses fantasmes sans s'inquiéter de sa femme et de son fils, il est uniquement centré sur lui-même. Son fils vit ses expériences de jeune homme, de fils unique sans s'embarrasser de son père et sans sentir le besoin de se justifier. La mère est négligée par son mari et adorée par son fils.
Un roman qui nous décrit une vie sans barrière, sans complexe avec un regard froid sur la réalité des autres.
" La sensation de ses lèvres sur mes joues m'est restée longtemps. Comme si la douceur fabriquait les souvenirs heureux."
" Je me fous pas mal de ce que les gens font de leur vie."
" La certitude de leur liaison s'est alors définitivement installée dans mon esprit. Et son caractère infâme m'a arraché une moue de dégoût.
" Il y a trop d'urgence entre les amants neufs, trop de fièvre . Ils se sont abandonnés. Et dans l'abandon, justement, tout le reste disparaît, tout le reste est englouti. Englouti, le petit mari. Vaincu sans combattre. Balayé."
" Oui, les maris ont un cruel défaut d'imagination qui fait la fortune des amants."
" Car son rire m'a blessé. Ridiculisé...Il disait: "Tu n'es qu'un idiot"
Un roman qui nous décrit une vie libre, sans explication, sans compromis. Un délice de réalisme, une vie hors norme. Un roman éclatant dans un style assaini, dépollué.
Un roman IMPLACABLE et un auteur à découvrir.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
Pour en savoir davantage:
"Un homme et son fils de dix huit ans passent des vacances dans leur maison du coté de l’Île de Ré. La mère adorée est morte deux ans plus tôt et ce n’était pas un accident. Pour le garçon, le père homme d’affaires cynique et froid est responsable du drame.
Il aurait préféré partir avec ses copains plus au sud mais il s’est résigné pour « aplanir les différends, repartir du bon pied ». On ne connaît pas de plus mauvaises raisons. Dès les premiers jours, le ton est donné : « avais-je jamais existé pour lui ? », se demande l’adolescent.
Un couple de jeunes gens s’installe dans la villa d’à coté. Leur jeunesse et leur charme sont un dérivatif au huis clos qui est devenu très vite délétère entre les deux hommes.
Les parties de tennis succèdent aux dîners et aux promenades. L’ado commence un flirt avec une fille de son âge puis avec un garçon, c’est l’été, il faut faire semblant. Mais bien vite les démons reprennent le dessus.
L’homme mûr séduit la jeune voisine, la chute sera terrible.
Dès la première page le lecteur a compris que le livre sera implacable. L’adultère estival sera le prétexte à la vengeance dont rêve le narrateur. Le décor est planté, tout est en place. Une phrase, une toute petite phrase suffit pour que se lève le tsunami qui n’épargnera personne.
Minimaliste, Philippe Besson écrit avec des mots brefs, des remarques acérées. L’ambiance est empoisonnée par la haine du fils. Il est trop tard pour des retrouvailles, trop de reproches, d’absences de non dits se dressent entre les eux, l’issue ne peut qu’être fatale, elle est magistrale sur fond de crépuscule iodé, au rythme des vagues atlantiques. Le crime est parfait.
Pour son quatorzième livre, Philippe Besson gagne encore en maîtrise et en talent ; impose une petite musique glaçante inédite et très séduisante."
Brigit Bontour, salon-litteraire.com/fr