PENNAC Daniel
MESSIEURS LES ENFANTS, roman, Gallimard, 1997, 238 pages
Daniel PENNAC nous éblouit avec un roman-conte qui nous catapulte à notre monde imaginaire d'enfants avec force en y incluant des parents adultes qui redeviennent des enfants. Tout cela a comme point de départ une exigence d'un enseignant de trente ans de carrière qui donne une rédaction punitive à trois de ses élèves de 5e qui ont avoué avoir fait la caricature contestataire du prof grincheux, acariâtre et totalitaire.
S'ensuivent des événements hors du commun et irréels qui nous ébranlent et nous propulsent là où l'imaginaire dévient une réalité hors contrôle dont les victimes ont a assumé leur nouveau personnage tels qu'ils se présentent dans les instants qui ont suivi ces tranformations nocturnes si soudaines, si évidentes par leur matérialité: les enfants deviennent adultes et les parents des enfants.
" L'imagination, ce n'est pas le mensonge." devient la raison d'être de ce roman.
Une écriture spontanée, touchante, envahissante par la grande ferveur de conteur de Daniel Pennac. Un moment de plénitude incontournable pour tout lecteur de fantastique.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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" L'imagination, ce n'est pas le mensonge."
" La vérité n'est pas un dû!" " La vérité est une conquête, toujours!"
"Nourdine vient de découvrir l'Allée des femmes, une rue bien droite mais toute de seins, de hanches, de bras, de cuisses, de genoux, de chevilles et de mollets nus. Une rue aux courbes tendres et aux volumes généreux."
" L'homme est une constante variable." " Vous féliciterez l'auteur de ma part"
" ...mourir, c'est enterrer tout le monde en une seule fois."
" Il n'y a pas d'explication en vieille amitié."
" Ce n'était pas un désordre d'adulte, c'était l'ordre cyclonique de l'enfance, le territoire ravagé de ce qui a été posé ici, déplacé là, renversé ailleurs, déchiré, éventré et aussitôt oublié, le terrain vague de la conscience enfantine, un univers en formation."
" Une chambre d'enfant à ranger, c'est une vie à construire."
" En leur proposant cette rédaction, il leur avait donné un sujet "mûrement réfléchi" quelque chose scientifiquement inexpliqué..."
" Une vie entière qu'il donne à ses élèves les sujets qu'il voudrait pouvoir traiter lui-même."
Pour en savoir davantage:
"Crastaing, le vieux prof inoxydable qui a transformé des générations de potaches en statues de sel, a donné, pour mater les rebelles, le sujet de rédaction suivant : " Vous vous réveillez un matin transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. " Mais jouer avec l’imagination c’est jouer avec le feu et la réalité pourrait bien dépasser la fiction.
J’ai retrouvé tout ce que j’ai aimé dans les Mallaussène, en enlevant ce qui m’avait déplu, ce livre Messieurs les enfants est excellent. On y retrouve le style Pennac, les longues descriptions, digressions sur le monde de l’enfance. Ici avec ce sujet, Pennac est servi, il excelle dans l’écriture sur les enfants, alors transformer des enfants en adultes et des adultes en enfant, c’était son sujet de rêve.
Le narrateur omniscient raconte depuis le cimetière ce qui se passe pour Nourdine, Joseph et Igor, leur grande métamorphose, ce parcours initiatique qui va leur faire vivre une drôle d’aventure, découvrir l’allée des femmes, rencontrant Eric le policier roux, et avec leur nouveau rôle de parents vont devoir s’occuper des "enfants", devenant responsables, adultes avant l’âge.
Des scènes cocasses se succèdent à un rythme intense, il n’y a aucuns répits, nos enfants-adultes ont tellement de choses à découvrir sur leurs parents-enfants qu’ils auront bien besoin parfois de ce narrateur omniscient aux pensées utiles."
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