GARY Romain ( Émile AJAR )
LA VIE DEVANT SOI, roman, Mercure de France, 1975, 273 pages
Un roman très touchant, un auteur doué, stupéfiant que je viens de découvrir. Une histoire attendrissante, émouvante. La vie de Madame Rosa, pute à la retraite et gardienne d'enfants abandonnés de putes, et de Momo enfant orphelin d'une mère assassinée par son mari psychotique.
Les deux sont inséparables par leur destinée liée et cruciale.
Un roman qui nous concerne car la vie nous concerne tous sans jugement social et un auteur de grand talent qui nous prend à témoin de personnes qui n'ont que l'amour et la vie à partager dans des conditions rudimentaires, extrêmes.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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" On n'explique pas aux aveugles comment on voit."
"... et on ne peut pas leur en vouloir car plus c'est petit et moins ça compte."
" ... l'état de manque c'est quand on a rien et personne."
" ... le cul, c'est ce qu'il y a de plus sacré chez l'homme."
" Le jour où ma mère s'était pas fait avorter, c'était du génocide."
" ... je n'avais qu'une envie, c'était de m'asseoir à côté de Madame Rosa parce qu'elle et moi, au moins. c'était la même merde."
" On est obligé de choisir ce qui nous plaît le plus comme manque d'attention dans le monnde et les gens prennnent toujours ce qu'il y a de mieux dans le genre et le plus chèrement payé ..."
" Toutes les victimes sont fautives."
Pour en savoir davantage:
Résumé
Madame Rosa, une vieille femme juive, qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait avec son cul (selon le terme utilisé par Momo pour signifier prostitution) rue Blondel à Paris, a ouvert « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les dames qui se défendent avec leur cul laissent leurs rejetons pendant quelques mois pour les protéger (de l'Assistance publique ou des représailles des proxénètes). Momo, jeune musulman d'une dizaine d’années, raconte sa vie chez madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste, cette ancienne prostituée, devenue grosse et laide et qu'il aime de tout son cœur. Le jeune homme accompagnera la vieille femme jusqu'à la fin de sa vie.
Incipit
« La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur. » fr.wikipedia.org
Résumé :
" Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive: Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que "ça ne pardonne pas" et parce qu'il n'est "pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré "des peuples à disposer d'eux-mêmes" qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort." www.babelio.com
" ... un moment fabuleux avec cet écrit de Romain Gary. Un livre plein de la poésie enfantine de Momo qui en est le narrateur principal. Au travers de sa voix et de son langage coloré, des sujets graves sont abordés comme ceux de la prostitution, des traumatismes d'Auschwitz, l'absence de sécurité sociale chez les immigrés, etc. Ce livre, c'est la confrontation des générations, la vieillesse, l'euthanasie dans la société, et le regard qu'un enfant porte sur le monde adulte et la société. C'est Momo, enfant de la prostitution, qui nous parle de tout cela, de son vécu, et surtout de Madame Rosa la seule qui ait tout fait pour lui. L'humour est dans chaque ligne." www.babelio.com