KAPUSCINSKI  Ryszard

 ÉBÈNE, aventures africaines, Plon, 2000, 326 pages

 Récit d'aventures africaines mais également une magistrale analyse sociologique, humaine, géographique et économique de l'Afrique avec ses populations complexes totalisant un milliard cent-trente-huit millions d'individus, aux multiples pays,  tribus et organisations sociales.

Un grand roman d'aventures d'un style d'écriture précis, détaillé nous présentant des humains vivant dans des conditions difficiles parfois limites et mortelles.

L'Africain vit dans des conditions instables, il doit continuellement se déplacer pour survivre. Il doit bouger, s'adapter pour survivre un jour de plus car l'Africain vit au jour le jour, surtout se nourrissant un jour à la fois à cause des conditions de vie rudimentaires et le manque d'eau potable. L'Africain mange une fois par jour, le soir. Le jour il boit de l'eau.

L'auteur voit l'Africain vivre au quotidien dans son milieu de vie, son village, sa tribu, sa capitale, son pays qui souvent change de gouvernement et de gouvernants. Les pays africains sont souvent convoités pour leurs ressources naturelles, animales et humaines.

Un livre important pour apprendre à connaître l'Afrique dans toutes ses dimensions, ses changements, ses drames mais également sa beauté à couper le souffle dans des conditions géographiques tropicales, désertiques, océaniques.

Un grand livre et un auteur au talent incontestable. Un regard humain et profond  sur des humains vivant dans des conditions instables, insurmontables parfois dégradantes car victimes d' hommes dont l'unique but est la richesse personnelle.  

Gilles Lagrois, Auclair, Québec

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 " Les benjamins sont surveillés par les cadets, les cadets par les aînés. La hiérarchie de l'âge est strictement observée, l'obéissance absolue..."

" L'univers spirituel de l'Africain. Il croit qu'il existe trois mondes différents mais liés entre eux. Le premier est celui qui l'entoure. Le deuxième est l'univers des ancêtres défunts. Enfin le troisième est le fourmillant royaume des esprits."

" Le temps est le résultat de notre action et il disparaît quand nous n'entreprenons pas ou abandonnons une action. Le temps est un être passif et surtout dépendant de l'homme."

" Plus on s'éloigne de la mer, plus la chaleur, la sécheresse et la poussière deviennent intense."  

" Les maisons en argile sont uniformes et pauvres, autant que la vie de ses habitants est misérable et désespérée."

" Chacun, en fonction de la couleur de sa peau, avait un rôle déterminé et une place appropriée."

" Toi le Blanc, si tu veux rester sain et sauf, ne t'aventure pas dans mon quartier. Le Blanc, c'est le colon, le pillard, l'occupant."

" Rien qu'en 1960, dix-sept pays d'Afrique cessent d'être des colonies."

" Ici ont mange tout, jusqu'à la dernière miette. Personne ne fait de provisions. D'ailleurs où les mettre? Où les enfermer? Ici, on vit dans l'immédiat, au jour le jour."

" Rien n'est plus préjudiciable aux Africains que cette manière de les traiter comme des objets, des instruments. Pour eux, c'est la pire des humiliations, des dégradations. Une gifle.

 Pour en savoir davantage:     

                                          " Ryszard Kapuscinski n'appartient pas à cette race d'auteurs qui écrivent un ouvrage définitif sur un pays au terme d'un séjour de trois semaines. Il aura fallu quarante-trois ans de fréquentation assidue de l'Afrique à ce journaliste polonais pour qu'il se risque enfin à en livrer un portrait magnifique et terrifiant, chaleureux et accablant.

Ses courts chapitres s'échelonnent des débuts de la décolonisation à nos jours, et privilégient les pays les plus misérables ou ceux dont le passé est le plus tragique: Ethiopie, Soudan, Somalie, Liberia, Nigeria, Rwanda, Ouganda.
On retrouve les qualités d'historien qui nous ont valu des livres aussi remarquables que Le Négus ou Le Shah (10/18): Kapuscinski a le don de raconter en dix ou vingt pages le règne ubuesque d'Idi Amin Dada ou la rivalité sanglante des Hutus et des Tutsis.

Mais le peintre de fresques se fait aussi miniaturiste: il évoque un feu de camp, un logement qu'il occupa jadis à Lagos, une rencontre avec des nomades sahariens, des palabres avec des paysans de la savane, des cauchemars éveillés et de purs instants de bonheur. Dans des pages lumineuses, il nous aide à comprendre ce que signifie pour ces hommes à la peau d'ébène l'appartenance à une ethnie et à un clan, comment fonctionnent les solidarités et quels sont leurs effets pervers, et, par-dessus tout, quelle vision du monde peut avoir quelqu'un qui ignore de quoi sera fait son prochain repas.
http://www.lexpress.fr/culture/livre/ebene-aventures-africaine