DESAI Kishwar
TÉMOIN DE LA NUIT, polar , Éd. de l'Aube, 2013, 228 pages
Ce roman est davantage qu'un roman polar, c'est un roman touchant, bouleversant de la condition inégale, injustifiée de la femme en INDE surtout de bébés-petites-filles qui sont éliminées à la naissance au profit des héritiers mâles souhaités.
Simran, le personnage principal, est une travailleuse sociale qui veut venir en aide à une jeune fille de 14 ans qui est accusée d'avoir empoisonné les membres de sa famille.
Ce roman dénonce " ce mode de vie patriarcal, cette façon de traiter en INDE ses filles, la négation de leur sexualité..."
Un grand roman à découvrir et une auteure incontestablement douée, dotée d'une écriture ferme, précise dans sa documentation impressionnante. Une écriture poignante, sensible.
Une auteure à découvrir, un premier roman de haut niveau à se délecter.
" La police, le système judiciaire, le monde politique, les médias et la société incivile se font tous complices de la corruption qui règne en INDE."
Kishwar DESAI , née en INDE en 1956, elle écrit son premier roman TÉMOIN DE LA NUIT, en 2009. Il remporte le Costa First Novel Award en 2010, publiée pour la traduction française en 2013.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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"... la plupart d'entre eux rêvaient seulement de se venger de ce monde qui leur avait volé la seule chose dont ils ne jouissaient plus: l'enfance."
" Sa maladie l'avait peut-être fragilisée mais elle était capable de prononcer les paroles les plus cruelles."
" Ma peine pour Durga, jeune fille de quatorze ans, mon désir de la sauver et de venir en aide à tous les enfants comme elle."
" Simran, idiote, idiote de Simran. Tu n'arrêteras jamais de te mêler des affaires des autres. Ton intelligence te perdra."
" Mais tu sais, ce sont des gens très ambitieux et cette affaire fait beaucoup de bruit."
" Étrange comme la prison détruisait tout comportement normal en matière d'acquisition et de consommation."
" Cette enfant avait appris à cacher ses larmes, à pleurer en secret."
" Elle ne voulait pas que le monde sache qui était vraiment mon père, derrière le masque qu'il portait tous les jours. L'ignominie les aurait détruits."
" Je fis avec Sharda le serment éternel de permettre à nos filles de vivre et d'aimer."
"Apparemment, nous avons le même destin, Didi et moi. À peine nées, on nous a sauvées de la mort pour nous faire vivre un véritable enfer. Avec un peu de chance, j'entrerai bientôt dans les ténèbres."
" Il suffisait souvent de graisser quelques pattes un peu plus bas dans la hiérarchie."
"...il se servait de ses émotions et de sa sexualité pour la manipuler."
" Je vois en elle toutes les soeurs et toutes les filles que ma famille a supprimées et enterrées."
Pour en savoir davantage:
"Aucun bon thriller (depuis Millénium) ne s'est révélée aussi érudit, audacieux et fascinant que TÉMOIN DE LA NUIT... Au coeur de ce roman à suspense captivant et complexe se trouvent deux héroïnes énigmatiques..." Huffington Post
"L'avis de Quatre Sans Quatre
En plus d'un excellent polar à l'intrigue – aux intrigues – complexe et diablement bien narrée, Témoin de la nuit est un violent réquisitoire à l'encontre du sort réservé aux femmes en Inde. Du moins celles qui ont eu l'immense chance de survivre aux avortements et à leur naissance. Mais ce n'est que pour être condamnées à un véritable enfer tout au long d'une existence où, seul, les hommes peuvent décider..
Simran est un cas à part, une rareté. Elle en profite pour aider celles qui n'ont pu gagner cette indépendance qu'elle revendique fièrement. Elle se présente comme Simran Singh. Singh (lion) étant traditionnellement le nom des hommes sikhs, les femmes étant nommées Kaur (princesse). Elle se comporte et négocie comme un homme, jouant sur leur terrain, pouvoir, argent, influences pour parvenir à ses fins.
L'affaire n'est point religieuse, le sikhisme étant une des rares religions, peut-être la seule, à accorder le même statut aux deux sexes. Cela n'empêche rien, le patriarcat impose, conduisant immanquablement à l'aberration démographique, à le ruine du destin et au martyre des femmes de ce continent.
Bien évidemment, l'élimination des petites filles crée un manque qu'il faut combler par le trafic de femmes bengali, encore plus pauvres, vendues quelques sous par leur famille et réduites à l'esclavage par leurs acheteurs.
Bien d'autres aspects de la vie locale impactés par cet eugénisme sont évoqués dans ce polar, habilement mêlés aux éléments de l'enquête de Simran.
Témoin de la nuit n'est pas un pamphlet, c'est un roman très sombre, fin, subtil comme les stratagèmes de Simran sans cesse obligée de ruser pour sauver ce qui peut l'être de l'avenir de Durga. Même si la colère de l'auteure est présente, sous-jacente, explosive parfois, le chemin de son enquête n'en pâtit pas.
Un témoignage bouleversant et passionnant dans un excellent polar."