EVANS Nicholas
LES BLESSURES INVISIBLES, roman, Albin Michel, 2012, 386 pages
Un roman qui nous entraîne de l'Angleterre campagnard à Los Angeles, U.S.A. par l'entremise de personnages au destin en dents de scie principalement, DIANE et son fils TOM.
Nous côtoyons des personnages provenant d'une culture britannique que les événements vont propulser aux États-Unis principalement dans le monde mouvementé d'Hollywood, du cinéma des années 1960, des films westerns, de leurs stars adulées puis par le monde huppé des vedettes à la conquête du cinéma américain, des metteurs en scène adulés,des riches producteurs au pouvoir incommensurable.
La richesse, la réussite, le pouvoir ne mettent pas les vedettes à l'abri des aventures, des drames, du jeu de l'ambition au prix de se perdre soi-même.
Un roman déconcertant au style d'écriture imposant. Un auteur et une époque à découvrir.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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" Le garçon s'avança dans le couloir, les yeux fixés devant lui sur la croupe large qui, en ondulant, faisait bouger la ceinture à laquelle étaient accrochés des menottes, une matraque et un trousseau de clés cliquetant au rythme des pas du gardien."
" Il y avait d'autres choses à imiter, des choses plus profondes et plus difficiles pour un garçon de huit ans."
" Tu me rends fou. Alors, on n'aura plus qu'à t'enfermer."
" La capacité à pardonner était l'un des miracles les plus mystérieux de la vie."
" Je vais l'intituler, Les Blessures Invisibles, un film à propos des Vétérans de la guerre en IRAK. Mais les vraies blessures, ce sont celles qu'on ne voit pas, celles de ces jeunes gars-- mais aussi de ces jeunes femmes-- qui rentrent chez eux tellement traumatisés par ce qu'ils ont vu ou fait que leur vie est entièrement ruinée-- pour ne rien dire de celles de leurs proches."
" Survivre, c'est faire preuve d'ingéniosité, voilà tout. Cela n'avait rien à voir avec la chance."
" Le désir étant une bête indisciplinée et difficile à contrôler."
" TOM. Il en doutait. À moins que le fait de la révéler ne l'ait aidé lui-même à changer. Il se rendait compte à présent à quel point ce secret avait été corrosif pour lui.Plus que cela.
Un secret de ce genre, c'était une sorte de tumeur maligne, qui se nourrissait de votre honte et de votre culpabilité, générant une PEUR qui vous rongeait les entrailles."
Pour en savoir davantage:
Des cavalcades enchanteresses
Comment ne pas être touché par Tommy qui, dans les années cinquante, à l'âge de huit ans, est victime de châtiments corporels dans un pensionnat anglais? Les descriptions de la cruauté des enseignants, mais aussi de celle des élèves entre eux, rappellent l'atmosphère des romans de Dickens.
Cette justesse de ton s'explique facilement quand on sait qu'à cette même époque, l'auteur était lui aussi pensionnaire outre-Manche. Heureusement pour Tommy, il finit par changer d'air, direction la Californie! C'est Diane, celle qui lui avait été présentée pendant des années comme sa grande sœur, alors qu'elle était en réalité sa mère, qui l'emmène à Hollywood. La jeune femme est en effet une actrice sur le point de devenir une star. En plus, elle est tombée amoureuse du héros de la série western télévisée préférée de Tommy…
Mais derrière le rêve hollywoodien apparaît rapidement l'envers du décor, fait de mensonges et de violence. Seules les cavalcades enchanteresses du gamin avec Cal, un dresseur de chevaux de cinéma, préservent une part du mythe de l'Ouest. Pas étonnant si, une fois adulte, Tommy reste marqué par les traumatismes de son enfance. Les stigmates du passé éclairent d'une lumière sombre ses difficultés avec sa femme puis avec son fils. Nicholas Evans écrit notamment des pages poignantes sur une relation père-fils houleuse.
Et ne boudons pas notre plaisir s'il opte pour un happy end à l'américaine. Une façon de rappeler que dans la fiction, comme dans la vie réelle, la possibilité du bonheur, malgré les épreuves, n'est pas un mythe.
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