ÉNARD Mathias
BOUSSOLE, Actes Sud, 2015, 378 pages, prix Goncourt 2015
Un roman d'une écriture d'une qualité exceptionnelle d'historien dont le sujet principal est L'ORIENTALISME. Un roman qui traite de l'histoire exhaussée de la civilisation orientale, de son influence marquante sur les grands musiciens des 18e et 19e siècles, Mozart, Liszt, Berlioz, Beethoven, Debussy, Bartòk et bien d'autres.
Un grand roman pour amateurs et spécialistes de l'histoire orientale, des grands musiciens classiques. On y démontre l'influence marquante de l'Orient sur l'Autriche et l'Allemangne à ces époques d'effervescence. Un roman sur la culture et l'architecture ottomane, l'empire turc ancien, clinquant et démesuré.
Petits diplomates, rencontre d'érudits de tous pays pour saluer l'Orientalisme arabe, de jeunes chercheurs, images de nabab, de bienfaiteurs tout-puissant.
"Tout était déjà joué à DAMAS dans ses largesses et sa démesure."
"...les morts célèbres et les oubliés, oublié comme tous ceux qui se sont consacrés corps et âme aux liens entre l'EST et l'OUEST."
"Le sort du monde arabe. L'historique et le monde artistique et politique. Tous ceux qui visitèrent la façade de l'ORIENT, d'Algésiras à Istambul, ou de l'Inde à l Cochinchine."
"Que la révolution dans la musique aux X1Xe et XXe siècles devait tout à l'ORIENT."
Un grand roman ORIENTALISTE et un grand auteur à découvrir dans le genre.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
"De Vienne à Istanbul, l’écrivain met en scène une bande d’orientalistes. Mais son érudition tous azimuts aloudit le propos.
http://next.liberation.fr/livres/2015/10/07/mathias-enard-deroutante-boussole
"Quelques vers du Poison de Baudelaire suffisent à expliquer la forme de l’épais nouveau livre à fumerolles de Mathias Enard : «L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,/ Allonge l’illimité,/ Approfondit le temps, creuse la volupté,/ Et de plaisirs noirs et mornes/ Remplit l’âme au-delà de sa capacité.» Boussole est la confession d’un mangeur d’opium intellectuel. Le narrateur est un universitaire orientaliste, musicologue autrichien, Franz Ritter. Il habite Vienne, ancienne «porte de l’Orient». On ferait plus vite le tour de ce qu’il ignore que de ce qu’il sait. C’est affolant, comme une boussole qui aurait perdu le nord à force d’indiquer tantôt la bibliothèque, tantôt le musée. Henry Miller disait que «s’orienter, c’est tout perdre». Ritter cherche à ne rien perdre, nous voilà donc désorientés avec lui, de Vienne en Orient.
Atteint d’une maladie grave, sentant la mort venir, il fume l’opium comme un autre orientaliste, le Français Faugier, le lui a appris jadis à Istanbul. Faugier est un «sachant» lui-même monstrueux, une sorte de cuistre noceur et suicidaire, comme la plupart des personnages du livre - un groupe d’universitaires et/ou diplomates en Orient, plus ou moins globe-trotters et solitaires. Ils étalent sans cesse leur culture - comme Brichot, le cuistre du salon Verdurin -, parlant au débotté de n’importe quel sujet au lit, dans un cocktail ou autour d’un feu de camp archéologique, comme s’ils l’avaient potassé pour donner une conférence de type «Connaissances du monde» : leurs dialogues et leurs présences ne sont trop souvent que prétextes à anecdotes et informations. Ils ont aussi cette familiarité un peu vieux jeu des intellectuels qui cherchent à se dévergonder : des gens pour qui érudition rime avec arpion. Faugier a une caractéristique amusante :«Il était d’une grossièreté constante dans toutes les langues, même en anglais.»
Ogre voyageur
Quant à la femme que Ritter aime, Sarah, c’est la super fille de l’air : toujours éloignée, toujours intelligente, toujours supérieure, toujours puits de science et de liberté. C’est le genre de personne qui, face à la tombe de Dalida au cimetière Montmartre, vous fait un topo sur la chanteuse, Alexandrie, Le Caire et les relations diplomatiques entre la France et l’Egypte depuis 1750, avant de disparaître dans les traces de son parfum en chantant Bambino. Ritter, le cuistre sentimental, ne peut y résister ; le lecteur, si : il est moins abstrait. Sarah a écrit, entre autres, un article sur Balzac et l’Orient. Naturellement elle est belle, sensuelle et polyglotte. Le plus rare des dialectes ne lui est pas étranger. Son pied est oriental : posé à plat, il fait un pont sous lequel l’eau peut passer - et il en passe. Aux dernières nouvelles, elle serait à Bornéo, enquêtant sur une tribu. Ritter est horrifié par ce qu’elle découvre. Il a pourtant dû lire Lévi-Strauss, ou même Redmond O’Hanlon. Mais Sarah, son magistral complexe incarné, ne s’élève que pour l’abaisser. Ils ont eu leur nuit d’amour à Téhéran.
http://next.liberation.fr/livres/2015/10/07/mathias-enard-deroutante-boussole